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Beau livre

Histoire(s) du collège Royal de Curepipe pour réapprendre à aimer l’école

28 avril 2025, 20:00

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Histoire(s) du collège Royal de Curepipe pour réapprendre à aimer l’école

Reprendre en titre la fameuse phrase de Jules César : Veni Vidi Vici. Pour retracer «two centuries of nation-building». Serge Rivière – co-auteur avec Amaresh Ramlagun – du RCC Book, n’affiche nul air guerrier ou conquérant. Il donne à cette phrase un sens pédagogique, «lutter pour acquérir une somme de connaissances et sortir vainqueur de ce combat». Le RCC Book Veni Vidi Vici a été lancé le 19 avril.

Serge Rivière est catégorique : «Il ne faut pas se laisser emporter par l’élitisme du collège Royal.» Mais voir dans l’ouvrage une présentation du «laboratoire du mauricianisme» qu’est l’institution curepipienne. Lui-même lauréat du RCC en 1965 – avec Dan Callikan, qui est mentionné dans le livre – l’auteur assure qu’à cette époque, «la petite bourse garantissait que des élèves de divers horizons étaient admis au RCC». Serge Rivière était boursier de Notre-Dame de La Confiance à Curepipe. «Je n’ai fait que sauter par-dessus le mur», sourit-il.

L’auteur insiste. Ce livre ne vient pas braquer les projecteurs sur la réussite académique. Il appelle d’ailleurs de tous ses vœux une «éducation holistique qui prépare l’humain à sa vie future». Ce livre met l’accent sur les valeurs «humaines, civiques et morales».

Plus largement, Serge Rivière estime qu’il est primordial de «réapprendre à aimer l’école». Il partage volontiers ce souvenir de collégien : il arrivait «avant l’usher, Monsieur Maureemootoo». Issu d’une famille de dix enfants, le matin, il enfourchait son vélo pour se rendre au collège. «Je voulais un peu de tranquillité. L’école, c’est là où je me sentais le mieux.» Dans l’ouvrage, il consacre aussi des lignes émues à la bibliothèque du RCC et ses rayons de livres «donnés par la reine Victoria et d’Epinay. Nous avons voulu rassembler tous les documents relatifs au RCC, pour dire à la jeunesse qu’elle peut y puiser pour réinterpréter l’éducation, telle qu’elle sera dans dix ans, 20 ans…» Homme de son temps, il sait bien que la lecture se fait de plus en plus sur tablette électronique. Mais lui plaide en faveur des plaisirs sensoriels de la lecture sur papier.

Surprise. Quand on ouvre ce livre grand format, un signet non détachable est fiché au milieu de l’ouvrage. Recto, on lit : «Prize for Pass certificate awarded to S. Ramgoolam Senior Cambridge Class 1920», avec le nom de l’acting rector de l’époque, A. E D’Avray. Verso : on apprend que le prix était une copie de Charlemagne The hero of two nations de H. W. Carless Davis. «C’est le Premier ministre qui a trouvé ce livre, remis à son père il y a de cela 105 ans», explique Serge Rivière.

Le chapitre 8 recense les anciens élèves les plus prestigieux. Sous le titre Legates and centurions, ce chapitre présente «a sample of high achievers in the annals of RCC who have passed away».

Serge Rivière confie qu’avec son co-auteur, ils ont eu des inquiétudes par rapport à un échantillon représentatif. «On peut toujours demander pourquoi celuici et pas tel autre.» Ils se sont demandé si ce choix serait lu «selon une grille communautaire». Il y a un hommage à des personnalités «oubliées», comme le Major Antelme, «one of the 14 Franco-Mauritians who served in the Special Operations Executive, a World War II British Secret Service, which dispatched agents, saboteurs and guerilla fighters into German-occupied territory». Y figurent aussi le Dr François Darné, lauréat en 1934, le Dr Hassenjee Joomaye, «the first Mauritian muslim laureate from RCC, 1922». On y retrouve aussi Malcolm de Chazal, Jean Fanchette, le père Henri Souchon et son cinglant «quelle est la couleur d’un professeur de mathématiques ?» qui en dit long sur les mentalités à Maurice dans les années 1930.