Publicité

Droits humains

Satyajit Boolell reprend le flambeau, Touria Prayag promet de ne rien lâcher

15 juin 2025, 16:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Satyajit Boolell reprend le flambeau, Touria Prayag promet de ne rien lâcher

Satyajit Boolell, ancien Directeur des poursuites publiques (DPP), a été nommé président de la National Human Rights Commission (NHRC) par le président de la République, Dharam Gokhool, vendredi. Cette commission est chargée de traiter les plaintes relatives aux violations des droits fondamentaux garantis par la Constitution, ainsi que celles visant les agissements de la police. Elle comprend deux divisions, dont la Human Rights Division, où ont été nommés membres : le spécialiste en communications, Jean Marie Richard, le psychologue Vijay Ramanjooloo, l’avocate Melany Nagen et l’ancienne rédactrice en-chef du supplément Weekly, Touria Prayag.

Contacté au sujet de sa nomination, l’ancien DPP affirme avoir été approché pour assumer cette fonction. Alors que certaines voix critiquent une possible politisation des nominations, il rappelle avoir exercé comme DPP pendant 14 ans, sans qu’à aucun moment il n’ait été publiquement accusé de manquer d’indépendance dans l’exercice de ses fonctions. Désormais appelé à présider la NHRC, Satyajit Boolell affirme avoir déjà esquissé les grandes lignes de son plan de travail. Il précise toutefois qu’il souhaite d’abord rencontrer les membres de la commission pour les écouter et échanger.

Alors qu’une révision de la Constitution est annoncée, l’ancien DPP estime que la Commission nationale des droits humains aura un rôle crucial à jouer, notamment en soumettant des propositions. «Les droits fondamentaux – civils et politiques – sont déjà inscrits dans la Constitution de Maurice et garantis. Cela va dans le bon sens. Mais il appartient aussi à la commission de proposer des pistes pour élargir ces droits», soutient-il. Satyajit Boolell évoque notamment des droits contemporains qui mériteraient d’être examinés, tels que le droit à un environnement sain, au logement ou encore à une meilleure qualité de vie. «Il faudra engager une réflexion sur ces sujets afin de les intégrer dans notre cadre constitutionnel», affirme-t-il, tout en précisant que ces idées «trottent dans [sa] tête» pour le moment.

Pour Satyajit Boolell, certaines dérives doivent impérativement appartenir au passé. «Il ne faut plus que l’on ait des “tontons macoutes” dans la force policière», insiste-t-il, en référence à des comportements autoritaires et violents. De plus, aucun chef d’entreprise ne devrait s’opposer au rôle des syndicats. «On ne peut pas non plus avoir, dans nos hôpitaux, des personnes dont la dignité n’est pas respectée», déploret-il. À ses yeux, si Maurice veut réellement tracer sa voie en tant que pays modèle et respecté, ces valeurs doivent être ancrées profondément dans son ADN.

Les catégories les plus vulnérables à Maurice, estime Satyajit Boolell, sont celles qui peinent à joindre les deux bouts, dans un contexte de pouvoir d’achat en baisse. «Il faut s’assurer que les enfants aient accès à une éducation de qualité, puissent bien se nourrir et vivre dans la dignité. C’est cela, la qualité de vie», affirme-t-il, tout en reconnaissant que la pauvreté reste une réalité bien présente dans le pays.

Il déplore également que Maurice soit gangrené par la corruption. «Ce n’est pas à la Commission des droits humains d’apporter toutes les réponses», prévient-il. Il concède toutefois qu’il y a un vaste chantier à mener pour redresser la situation, tout en reconnaissant que cette transition sera difficile pour le gouvernement. «Chacun doit prendre ses responsabilités», soutient-il.

Pour préserver l’indépendance de la Commission des droits humains, alors qu’il a déjà occupé un poste aussi sensible que celui de DPP, Satyajit Boolell insiste que la commission doive bénéficier de garanties solides d’indépendance. Il souligne que la prestation de serment, qui doit être effectuée, constitue une étape importante dans ce cadre.

🔴 Touria Prayag : «Je vais continuer mon combat contre les violations des droits humains»

Nommée membre de la HRD, Touria Prayag, qui n’a pas encore rencontré le président de la NHRC, ni les autres membres, affirme qu’elle poursuivra son combat contre les violations des droits humains. «Jusqu’à présent, je l’ai mené en tant que journaliste et auteure, avec les moyens dont je disposais, notamment ma plume, envers et contre tous. Je n’ai jamais ménagé personne. Chaque fois que j’en ai eu l’occasion, j’ai défendu les droits humains», dit-elle. Une fois que les membres auront prêté serment, un plan de travail sera établi. Ce combat, ajoute-t-elle, se fera en collaboration avec la presse.

Publicité