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Ghost work

Qui sont les «data workers» les sacrifiés de l’intelligence artificielle ?

28 février 2025, 18:00

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Qui sont les «data workers» les sacrifiés de l’intelligence artificielle ?

L’intelligence artificielle (IA) a rapidement gagné tous les domaines. Un vrai miracle qui révolutionne le monde du travail. Un grand pas que ces milliards de données instantanées. Un système intelligent sans intervention humaine ? Le côté face de l’IA ne peut qu’envoûter. Mais quid du côté pile que l’on n’évoque presque jamais ? Il existe pourtant des enquêtes sur les plateformes situées surtout dans des pays du Sud. D’où proviennent ces milliards de données ? Qui sont les data workers surexploités dans l’ombre de ces géants de la haute technologie ?

400 millions

Leur nombre s’élève à 400 millions mais ce chiffre est exponentiel. Qui sont ces humains qui alimentent tous les jours ces algorithmes emmagasinés dans l’IA ? Wow, un miracle ? Ils sont des millions à œuvrer en cachette pour l’IA. En Finlande, par exemple, on a même recours à des prisonnières payées trois euros par jour. Le tableau de bord est simple. On leur soumet à longueur de journée dans des pièces isolées à l’abri de tout regard un certain nombre d’échantillons, disons, sur la construction de bâtiments. Elles doivent tous les passer en revue à toute vitesse et n’en choisir qu’un, le meilleur.

Le problème, c’est qu’elles n’ont aucune compétence dans ce domaine et ne peuvent prendre aucun recul. Il en sera de même pour un tableau de statistiques avec plusieurs options. Il faudra toutes les analyser et choisirla meilleure option. L’exercice se répète pour des images ou des textes. Les classifier et effectuer le bon choix. Pas question de divulguer le nom du client ou de parler de la nature de ce travail à sa famille.

De toute façon, ces data workers, pour ne pas dire ces forçats, n’ont devant eux aucun avenir. On leur a prêché que ce travail allait mettre fin à leur misère ou chômage. En vérité, c’est un sale boulot, un deuxième emploi comme en Bulgarie. Ils devaient faire le choix entre plusieurs pots de café destinés aux supermarchés. Les recruteurs ont recours aux segments de la population les plus désespérés. Ce qui est considéré comme une entrée au paradis technologique passe en vérité par d’atroces souffrances humaines, principalement dans les pays les plus pauvres dans le Sud.

Traumatismes

Au hasard, prenons le cas du Kenya où cette sous-traitance installe des plateformes à domicile dans la solitude. Un exemple de formation. Ils sont soumis à une série d’images de chats, oui, de différents chats, et devront repérer lequel est le plus beau. Quelques-uns sont sélectionnés et la formation est terminée ! Ils devront tout de suite travailler dur. À quoi sontils soumis pour qu’ils fassent un tri après un visionnage de contenu... toxique ? Images de viols de mineurs, cadavres, sado-masochisme, violences sexuelles... ce n’est qu’un aperçu du menu exécrable.

Ils sont vite traumatisés, souffrent d’anxiété, d’angoisse, de dépression. Des contenus monstrueux qu’ils doivent regarder minutieusement avant d’opérer des choix. Quelques-uns s’enfuient au bout de quelques jours. Les autres préfèrent subir et obéir parce que c’est leur seul moyen de subsistance. Cette exploitation est synonyme de torture mentale. Tout doit rester confidentiel. Pas le droit de divulguer quoi que ce soit sinon ils subiront plus de pression.

Au moins 90 % de ce qui leur est soumis est toxique. Certains ont essayé de demander une aide psychologique en raison de ce contenu à raison de 700 textes par jour. Refus catégorique. Découragés, ils sont revenus à la charge pour réclamer une heure de thérapie seulement par semaine. Refus, tout comme une demande de modérateurs pour amoindrir la teneur des contenus.

En outre, ils n’ont pas le droit de se syndiquer. Ça n’améliore en rien leur condition de vie ou de travail comme promis. Ils n’osent même plus sortir à l’air libre de peur d’affronter une foule de gens qui ne se doutent de rien. Les recruteurs se rabattent surtout sur les plus productifs, c’est-à-dire âgés de 18 à 30 ans. Ils n’ont que le droit de se taire pour un salaire de misère. On ne fait pas d’omelette sans casser des... poulaillers.

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Utopie technologique ?

Vous n’en revenez peut-être pas d’apprendre ce qui se passe derrière cette nouvelle technologie. Le nouveau vaudou. Il a conquis le monde en un rien de temps tant et si bien que la concurrence bat son plein. Open AI, DeepSeek chinois qui casse les prix, Google et voilà que l’inévitable hurluberlu qu’est Elon Musk lance actuellement lui aussi son AI sous le nom de SuperGrok. Les nombreux modèles sont de plus en plus puissants, attirent des milliards en investissements et le plus grand supercomputer cluster au monde sera bientôt accessible sous le nom de Colossus (un rival du ciment Kolos) à Memphis aux USA. Le modèle Deep Search que propose xAI d’Elon Musk est plus modeste. Il en a déjà fait la démonstration. Mais il est furieux parce qu’il vient de proposer 100 milliards de dollars pour le rachat d’Open AI mais cette offre a été rejetée. Offense à sa Majesté !

Officiellement dans le Nord, un data worker œuvre sur la création, la manipulation et l’analyse de data. Il est donc un analyste et interprète compétent au service de décisions stratégiques. Il est diplômé en économie, finance, domaine des affaires, mathématiques, entre autres. Il doit pouvoir maîtriser des informed predictions. Il a droit à un salaire des plus confortables. Un grand nombre mène des carrières en tant que highest paying Big Data careers. Les plus riches se trouvent aux USA, en Suisse, en Allemagne, aux Pays Bas, en France, à Singapour et au Royaume-Uni. Sans eux pas de Google, Alibaba ou Amazon.

L’Organisation internationale du travail a tiré la sonnette d’alarme sur ce ghost work. Des machines humaines. «So called AI systems are fuelled by millions of underpaid workers around the world, performing repetitive tasks under precariouslabour conditions.» Un dernier exemple en Éthiopie. Il faut prendre une décision finale sur des vidéos exhibant la violence en... 50 secondes. Des caméras de surveillance et des scanners montent la garde. Vous avez dit AI ethics ?

Fas mo gagne, pil to perdi!

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