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Souveraineté sur les Chagos
Navin Ramgoolam : «Un accord historique qui rapporte plus de Rs 10 milliards par an à Maurice»
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Souveraineté sur les Chagos
Navin Ramgoolam : «Un accord historique qui rapporte plus de Rs 10 milliards par an à Maurice»

Photo prise après la convocation de la presse, hier.
Après de multiples rebondissements, l’accord sur le transfert de la souveraineté de l’archipel des Chagos du Royaume-Uni à Maurice a finalement été signé hier. Le Premier ministre et son adjoint, ont, lors d’un point de presse, hier, annoncé la signature de l’accord entre le Royaume-Uni et Maurice sur la souveraineté sur les Chagos.
Navin Ramgoolam, Premier ministre, a dit : «Je ne peux pas m’exprimer totalement car c’est un grand jour historique pour l’île Maurice et une grande victoire pour nous. C’est une bataille qui a commencé il y a 60 ans, lorsque les Anglais ont détaché illégalement l’archipel des Chagos de Maurice. Soixante ans plus tard, ils ont dû reconnaître notre souveraineté sur les îles Chagos. J’ai parlé avec le Premier ministre britannique, sir Keir Starmer, et nous avons signé le traité virtuellement en visioconférence, au même moment. Le plus important pour moi, depuis le début, c’était que nous devions récupérer notre souveraineté sur l’ensemble de l’archipel des Chagos, y compris Diego Garcia. Lorsque vous lisez l’accord, le tout premier article en témoigne. Cela vient compléter le processus de décolonisation amorcé en 1968. Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont mené ce combat, notamment sir Seewoosagur Ramgoolam, les Chagossiens, Fernand Mandarin, Olivier Bancoult ainsi que le MMM, en particulier Paul Bérenger, qui a poursuivi cette lutte. Les Chagossiens vont enfin pouvoir retourner et vivre sur d’autres îles de l’archipel. Le principe de la souveraineté était prioritaire, mais le volet financier s’est également amélioré. Il y aura un trust de £40 millions pour les Chagossiens – ce qui représente plus de USD 50 millions, soit bien plus que ce que l’ancien régime aurait obtenu.
Un autre point essentiel : le gouvernement britannique va nous verser des paiements annuels en contrepartie des droits que nous lui concédons sur Diego Garcia. Je tiens à dire que nous n’avons pas accepté le système négocié par le gouvernement MSM, qui consistait à payer en dollars, convertir en livres sterling , puis recevoir le paiement en roupies mauriciennes. Avec les taux de change, cela aurait été préjudiciable pour le pays. Et en plus, c’était fixé pour 99 ans. Lors de nos négociations, nous avons exigé un paiement anticipé (front loading) et refusé toute dépendance au taux de change. Et nous avons obtenu gain de cause. Désormais, Maurice recevra £ 165 millions par an, soit un peu plus de Rs 10 milliards, pendant les 28 prochaines années.
Concernant l’accord de 99 ans, l’ancien régime avait accepté que l’Angleterre puisse le renouveler unilatéralement pour 40 années supplémentaires. Nous, nous avons refusé. Nous avons exigé que Maurice et Londres doivent se mettre d’accord conjointement. Et cela a été accepté. (…) L’accord signé a reçu l’approbation des ÉtatsUnis et aussi le soutien du gouvernement indien, et en particulier du Premier ministre indien, le Dr Narendra Modi.»
Le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, a lui déclaré : «C’est un moment émouvant pour moi et un moment historique. Il faut bien comprendre que nous ne regagnons pas notre souveraineté aujourd’hui – nous ne l’avons jamais perdue. Ceux qui avaient pris nos territoires reconnaissent enfin que la souveraineté sur les Chagos nous a toujours appartenu et ils nous rendent aujourd’hui nos terres. Tout au long de notre lutte, nous n’avons jamais oublié nos frères et sœurs chagossiens – et jamais nous ne les oublierons. Je leur dédie cette victoire. Grâce à cet accord, nous allons continuer de travailler ensemble, de marcher ensemble, dans l’unité et le respect.» Quant à Olivier Bancoult, leader du Groupe réfugiés Chagos, il a dit : «Au nom de la communauté chagossienne, c’est un jour historique pour nous après tant d’années durant lesquelles nous avons combattu pour les droits fondamentaux des Chagossiens. Aujourd’hui, avec cet accord signé, cela apporte des droits permettant aux Chagossiens de retourner sur d’autres îles de l’archipel des Chagos. Il y a également une somme d’argent prévue pour les Chagossiens, en tant que natifs ayant connu la souffrance, ainsi que pour les jeunes générations.»
Un bail à £3,4 Mds sur 99 ans, selon Londres
Londres continuera néanmoins à utiliser Diego Garcia comme base militaire pour une durée de 99 ans, dans le cadre d’un bail conclu avec le gouvernement mauricien. Le gouvernement britannique évoque un loyer annuel de £ 101 millions, pour un montant total estimé à environ £ 3,4 milliards sur l’ensemble de la période. Toutefois, ce chiffre diverge de celui avancé hier par Navin Ramgoolam, évoquant un versement annuel de £ 165 millions pendant 28 ans.
L’accord a été validé par les principaux partenaires du Royaume-Uni au sein de l’alliance des Five Eyes, à savoir les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, soulignant l’importance stratégique continue de la base militaire de Diego Garcia pour la sécurité régionale et mondiale. Le ministre britannique de la Défense, John Healey, a justifié cet accord en affirmant que «l’inaction n’était pas une option» et qu’abandonner le traité reviendrait à «abandonner la base militaire elle-même». Il a souligné que «les citoyens britanniques et les forces armées du Royaume-Uni sont plus en sécurité aujourd’hui et le resteront à l’avenir, grâce à cet accord».
Sir Keir Starmer a défendu fermement le traité, déclarant que le gouvernement devait «agir maintenant», notamment en raison de décisions judiciaires récentes défavorables au Royaume-Uni sur le dossier des Chagos. Il a reconnu qu’en cas de relance des procédures juridiques par Maurice, le Royaume-Uni n’aurait «aucune perspective réaliste de succès». Il n’a pas manqué de critiquer les partis d’opposition, notamment les Conservateurs et le parti Re- form UK, qui ont exprimé leur désaccord avec le Chagos deal. Sir Keir Starmer les a accusés de manquer de vision stratégique et de compromettre la sécurité nationale.
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