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Processus électoral

Maurice adoptera le «Same Day Counting» pour les municipales du 4 mai 2025

9 mars 2025, 18:00

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Maurice adoptera le «Same Day Counting» pour les municipales du 4 mai 2025

La surveillance des urnes après la fermeture des centres de votre a provoqué une vive tension aux dernières législatives.

Pour la première fois, le dépouillement des bulletins de vote et le comptage des voix auront lieu immédiatement après la fermeture des bureaux de vote à Maurice, à l’occasion des élections municipales du 4 mai 2025. L’annonce du Premier ministre au Parlement, cette semaine, marque un tournant dans la gestion du processus électoral du pays.

Lors des élections générales précédentes, l’opposition avait plaidé pour l’introduction du Same Day Counting, mettant en avant les pratiques adoptées dans plusieurs pays africains, notamment au Nigeria. Toutefois, la commission électorale n’avait alors pas jugé ses infrastructures et son staff prêts pour une mise en œuvre immédiate.

Des avantages indéniables

L’adoption du dépouillement immédiat présente plusieurs atouts, selon les experts électoraux. Premièrement, les bulletins de vote restent sur place, réduisant ainsi les risques liés à leur transport et à leur sécurisation. Deuxièmement, la présence simultanée des membres des bureaux de vote, des représentants des partis politiques et des observateurs nationaux et internationaux permettent d’éviter d’éventuelles contestations sur la validité des résultats.

En outre, le dépouillement rapide contribue à limiter les suspicions et renforce la crédibilité du scrutin. «L’annonce rapide des résultats minimise les tensions post-électorales et permet une acceptation plus sereine des résultats par les électeurs et les candidats», explique un observateur électoral basé à Port-Louis.

Défis logistiques et coûts accrus

Toutefois, ce changement n’est pas sans défis. L’organisation d’un dépouillement immédiat nécessite une logistique renforcée et une meilleure gestion des effectifs. Le personnel électoral devra travailler plus longtemps, ce qui entraîne une augmentation des coûts.

De plus, la pression sur les agents électoraux pourrait être accrue, notamment en cas de contestations locales ou de tensions lors du comptage. «L’exigence de rapidité ne doit pas compromettre la rigueur et l’exactitude du processus», met en garde un analyste politique.

Dans la majorité des pays africains, dont l’Afrique du Sud et le Nigeria, le Same Day Counting est la norme. À l’inverse, des pays comme Haïti, l’Afghanistan ou l’Irak préfèrent regrouper les bulletins dans des centres sécurisés, où le dépouillement peut prendre plusieurs jours. Ces pratiques sont principalement justifiées par des préoccupations sécuritaires et logistiques.

Transparence électorale

L’efficacité du Same Day Counting à Maurice dépendra de l’organisation de la Commission électorale et de sa capacité à assurer un processus fluide et transparent. La mise en place de mesures de contrôle strictes, la présence d’observateurs et une bonne transmission des résultats sera essentielle pour garantir la crédibilité du scrutin.

Si ce premier test s’avère concluant, ce mode de comptage pourrait devenir une norme pour les futures élections générales, renforçant ainsi la confiance des électeurs mauriciens dans le processus démocratique.


Municipales : Un test pour les partis

Les élections municipales du 4 mai 2025, premières depuis une décennie, seront un test crucial pour les partis mauriciens après la victoire écrasante de l’Alliance du changement aux législatives de novembre 2024. Ce scrutin, qui mobilisera plus de 400 000 électeurs dans cinq villes, permettra d’évaluer la résilience des formations politiques face à un électorat urbain en mutation.

L’opposition, balayée par un 60-0 historique, tente de se restructurer. Le Parti travailliste (PTr) et le MMM, désormais au gouvernement, chercheront à prouver que leur ancrage reste solide. Paul Bérenger, leader du MMM, a déjà amorcé une réorganisation interne, écartant certains cadres. Le MSM et le PMSD pourraient, quant à eux, explorer de nouvelles alliances pour revenir sur le devant de la scène.

Au-delà des enjeux politiques, ces municipales marqueront également une avancée dans la réforme des administrations locales. Le gouvernement planche sur une refonte du cadre législatif, notamment la transformation de plusieurs villages en villes, afin d’adapter la gouvernance aux réalités socio-économiques. Annoncée depuis des années, cette réforme vise à renforcer l’autonomie municipale et à améliorer les services publics. Le taux de participation sera scruté de près : une forte mobilisation traduirait une confiance renouvelée dans les institutions locales, tandis qu’une abstention élevée signalerait une défiance persistante face à un pouvoir central jugé trop dominateur.

Ce scrutin s’annonce donc comme un test politique et institutionnel majeur, où les partis devront convaincre un électorat exigeant, tout en prouvant leur capacité à porter des réformes crédibles et à redonner un véritable rôle aux municipalités dans le développement du pays.