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Le Budget parle… la rue répond
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Le Budget parle… la rue répond

Une semaine de discours budgétaires, d’éloquence recyclée et d’autosatisfaction théâtrale.
Dans l’hémicycle, on a applaudi pratiquement à tout rompre le Budget 2025-2026. Majorité disciplinée, après les écarts d’Ashok Subron et d’Ehsan Juman. Louanges obligées. Tous debout derrière la réforme phare : le report à 65 ans de la pension universelle. Et tous à genoux devant l’argument massue : c’est la faute à l’ancien régime. À sa dette colossale. À ses artifices comptables.
Mais le théâtre parlementaire a ses limites. Et aujourd’hui, la rue va reprendre la parole. Et elle crie fort. Avec passion. Émotion.
Des syndicalistes, des citoyens, des retraités en devenir – tous vent debout contre cette mesure jugée brutale, injuste, et dissonante avec les promesses d’hier. Navin Ramgoolam le sait. Il sent que le vent tourne. Et il anticipe. Il a dégainé vite, sanctionnant le Chief Executive Officer de la COIREC, coupable d’avoir tenté de museler une marche autorisée, de faire barrage à l’expression populaire. Geste symbolique. Réaffirmation démocratique. Mais aussi reconnaissance implicite que la colère est réelle. Profonde. Et qu’elle ne se dissipera pas avec des effets d’annonce.
Le contraste est saisissant : le 11 novembre 2024, l’Alliance du changement triomphait. 60-0. Enthousiasme massif. Mandat net. Mais aujourd’hui, à peine sept mois plus tard, certains partisans d’hier battent le pavé contre un gouvernement qu’ils ont contribué à élire. Parce qu’on n’avait pas voté pour ça. Pas pour qu’on recule l’âge de la pension. Pas pour qu’on sacrifie le social sur l’autel du Fonds monétaire international. On avait voté pour l’espoir. Et voilà que revient le mot honni : austérité.
Oui, les comptes publics sont mal en point. Oui, l’économie ne tient plus qu’à un fil. Oui, les agences de notation tirent la sonnette d’alarme. Mais non, cela ne justifie pas l’indécence, scandent les manifestants. Il est insupportable, crient-ils, de demander à tout un peuple de faire des sacrifices quand les privilèges, eux, prospèrent au sein des élites politiques et parlementaires – et ne parlons même pas du cercle des hauts fonctionnaires ! Les ministres voyagent. Les conseillers politiques empochent. Les retraites dorées des anciens parlementaires s’empilent. Les caisses parapubliques servent toujours d’abri politique. Et les subventions socioculturelles continuent d’acheter la paix ethnique plutôt que de construire la cohésion nationale.
Navin Ramgoolam veut un gouvernement sobre ? Alors qu’il commence par tailler dans le gras. Moins de ministères. Moins de conseillers. Moins de doublons budgétaires. Plus de rigueur, moins de rituels. L’exemplarité n’est pas un slogan : c’est un devoir.
Le Premier ministre n’est pas encore à mi-mandat. Il peut redresser la barre. Mais il devra choisir avec doigté : gouverner pour les chiffres ou gouverner avec les gens – ou trouver un savant mélange des deux.
Car à force de faire les poches des citoyens, tout en protégeant les privilèges des élites, la rue, un jour, ne demandera plus la parole. Elle la prendra – avec ou sans permission du commissaire de police.
Et ce jour-là, ni le Prime Minister’s Officer, ni le Parlement, ni le speaker, ne pourront faire semblant de ne pas entendre.
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