Publicité
Affaire MMG-STC
La FCC se penche sur les biens amassés et les multiples voyages à Dubaï de Kareena Neisius
Par
Partager cet article
Affaire MMG-STC
La FCC se penche sur les biens amassés et les multiples voyages à Dubaï de Kareena Neisius

L’enquête entreprise par la Financial Crimes Commission (FCC) autour du contrat entre Mercantile and Maritime Group (MMG) et la State Trading Corporation (STC) prend désormais une tournure plus personnelle. Les enquêteurs s’intéressent de près aux biens que Kareena Neisius aurait amassés après la conclusion du deal controversé d’un montant estimé à Rs 30 milliards pour l’approvisionnement en carburants (essence, diesel et Jet A1) destinés au marché mauricien entre août 2023 et juillet 2024, ainsi que ses multiples voyages à Dubaï en mai 2023 et après les élections générales de novembre 2024.
Tout a commencé par plusieurs dénonciations adressées au département des plaintes de la FCC, évoquant des irrégularités présumées de ce contrat. Ces plaintes ont rapidement attiré l’attention des enquêteurs, qui ont jugé l’affaire suffisamment sérieuse pour ouvrir une enquête formelle. Selon nos informations, Kareena Neisius directrice de MMG, souvent décrite comme la cheville ouvrière du projet, aurait joué un rôle central dans la mise en place de l’accord. L’enquête se penche sur l’éventualité qu’elle ait structuré l’ensemble de la transaction – de son origine jusqu’à la signature finale – entre les parties.
En aout 2023, un contrat pour la fourniture de pétrole a été signé entre MMG et la STC. Le projet aurait pris forme lorsque Kareena Neisius s’est rendue à Dubaï en mai 2023, officiellement pour des raisons professionnelles. Elle y aurait rencontré le président de MMG, Murtuza Lakhani, dans les bureaux de la société. Les opportunités évoquées concernaient notamment le secteur pétrolier, mais aussi la création d’une coentreprise dans le domaine du soutage maritime, secteur libéralisé à Maurice.
Toutefois, les enquêteurs soupçonnent qu’elle était déjà en pourparlers en amont avec certains hauts placés de l’ancien gouvernement pour négocier ce contrat de fourniture de pétrole. À son retour à Maurice, Kareena Neisius s’est investie dans une transaction pétrolière d’envergure, sans lien apparent avec le projet de soutage initial. Des doutes ont alors émergé : certains pensent qu’elle aurait pu induire en erreur MMG et son président en leur présentant cette transaction avec la STC comme une opportunité commerciale transparente.
Les circonstances entourant cette affaire sont troublantes. Le contrat a été conclu en roupies mauriciennes – une rareté dans ce secteur – et a contourné les procédures habituelles d’appel d’offres prévues par la Public Procurement Act. Deux opérations de change successives (USD-MUR-USD) auraient généré d’importants profits, soulevant des soupçons sur un éventuel trafic d’influence. De plus, le fait que la fourniture portait sur du pétrole russe – alors soumis à embargo – constitue un point sensible qui devrait également faire l’objet d’un examen approfondi.
Depuis la signature de ce contrat, Kareena Neisius aurait accumulé un patrimoine impressionnant : plusieurs propriétés, des voitures de luxe ; elle aurait même financé des études à l’étranger pour des proches. La FCC cherche désormais à déterminer si l’origine de ses biens vient après le deal réalisé dans le cadre du contrat avec MMG. Un autre élément intrigue les enquêteurs : l’entreprise MMG a été enregistrée à l’adresse personnelle de Kareena Neisius en mai 2024. Plus tard, en novembre 2024, après le changement de gouvernement, elle s’est rendue de nouveau à Dubaï, officiellement pour un entretien d’embauche.
Les autorités cherchent aussi à établir les liens éventuels entre elle et Rajiv Servansingh, ex-directeur général de la STC, notamment sur les conditions dans lesquelles ces contrats ont été octroyés, hors des procédures d’appel d’offres habituelles. L’enquête s’annonce longue et complexe. Mais les indices laissent entrevoir un réseau sophistiqué de relations d’influence, de montages financiers douteux et de possibles infractions aux lois sur les marchés publics et le blanchiment d’argent.
Hospitalisée après son arrestation
Le lundi 28 avril, vers 20 heures, Kareena Neisius a été évacuée sur une civière des locaux de la FCC, où elle venait d’être arrêtée. Son interrogatoire, entamé tôt dans la matinée, avait été brusquement interrompu après un malaise survenu en salle d’audition. Elle avait été prise en charge par le SAMU et transportée à l’hôpital Victoria, à Candos. Elle a retrouvé la liberté provisoire le lendemain contre une caution de Rs 400 000 et une reconnaissance de dette de Rs 3 millions pour consipiracy to commit an offence of money laundering. Cette arrestation avait marqué un tournant majeur dans l’enquête de la FCC sur des soupçons de conflits d’intérêts et de malversations dans l’attribution de contrats publics par la STC à MMG.
Publicité
Publicité
Les plus récents




