À l’occasion de ses 15 ans d’existence, la Fondation solidarité devient Eclosia solidarité. Ce changement de nom marque une nouvelle étape pour la fondation du groupe Eclosia, qui renouvelle sa volonté d’agir aux côtés des organisations non gouvernementales (ONG) pour construire des solutions durables et renforcer l’autonomie des acteurs du social à Maurice. Cela, tout en revalorisant le métier social en accompagnant les ONG dans leur structuration, leur gestion et leur impact. Jean-Paul Hennequin, manager d’Eclosia solidarité, revient sur les 15 ans de la fondation et les défis pour faire évoluer les ONG vers des modèles plus durables et à fort impact.

🔵 Pourquoi avoir choisi de renommer la Fondation solidarité en Eclosia solidarité à l’occasion de ses 15 ans ?

Nous changeons de nom pour mieux refléter l’origine et l’engagement qui nous animent depuis le début. Créée à l’initiative d’Eclosia, la fondation a toujours été guidée par les valeurs fondatrices du groupe : respect de la dignité humaine, solidarité, développement durable. En devenant Eclosia solidarité, nous affirmons davantage que la solidarité est au cœur de l’identité et de la mission du groupe. Ce changement renforce la continuité de notre engagement et rend encore plus visible ce lien fort qui nous unit, aux côtés des entreprises du groupe, de leurs collaborateurs et de nos partenaires associatifs

🔵 Quels sont, selon vous, les moments les plus marquants de ces 15 années d’engagement social ?

Il y en a beaucoup. Ce qui nous touche le plus, ce sont les histoires de personnes qui ont repris confiance en elles, qui ont retrouvé un emploi ou qui ont lancé un projet. Ce sont aussi les liens forts que nous avons créés avec les ONG partenaires. L’un des moments marquants, c’est quand les référents de Corporate Social Responsibility (CSR) du groupe ont commencé à s’impliquer directement sur le terrain avec les ONG partenaires. Cela a changé notre façon de travailler : plus proche des réalités, plus à l’écoute.

🔵 Avec plus de 250 projets soutenus et 30 000 bénéficiaires directs, quels types de projets ont eu le plus grand impact selon vous ?

Les projets qui ont le plus d’impact sont ceux qui durent dans le temps et qui permettent aux gens de devenir plus autonomes. Par exemple, à Résidence Ste-Catherine, nous avons soutenu un projet de développement communautaire en partenariat avec ENL Foundation, mené avec les familles du quartier. Cela a permis de créer des liens, d’améliorer le quotidien et de renforcer la confiance entre habitants. Un autre exemple, c’est le projet Pran kont nou piti d’Avipro, un centre d’éveil qui accompagne les jeunes enfants et leurs familles en favorisant leur développement et leur bien-être dès le plus jeune âge, avec un suivi jusqu’au pré-primaire. Ce projet est complété par une école de sculpture qui offre aux jeunes une formation artistique et professionnelle. Ces initiatives partent des besoins réels des personnes et mobilisent leur énergie, ce qui leur donne un impact durable.

🔵 Comment mesurez-vous aujourd’hui l’impact social réel de vos actions sur le terrain ?

Nous regardons bien sûr les chiffres, mais ce qui compte le plus pour nous, ce sont les changements concrets dans la vie des personnes. Est-ce qu’elles vont mieux ? Est-ce qu’elles ont plus confiance ? Est-ce qu’elles trouvent un travail, retournent à l’école, lancent un projet ? Nous parlons beaucoup avec nos partenaires et les bénéficiaires pour savoir ce qui fonctionne et ce qu’on peut améliorer. Les référents CSR, présents sur le terrain, nous aident aussi à suivre les projets de près.

🔵 Comment peut-on accompagner la transition des ONG vers des modèles d’entreprises sociales durables et impactantes ?

Beaucoup d’ONG ont déjà une vraie capacité d’innovation et de gestion. Ce qui peut les aider, c’est de renforcer leurs compétences en gestion de projet, en communication ou en finance. Il faut aussi leur donner accès à des formations, à du mentorat et à des réseaux qui peuvent les soutenir. L’idée n’est pas de leur demander de devenir des entreprises classiques, mais de les aider à rester fidèles à leur mission tout en étant plus solides et autonomes.

🔵 Quels sont les principaux freins à cette transition ?

Les freins sont multiples : culturels, financiers, structurels. Il y a parfois une réticence à intégrer des logiques entrepreneuriales, par crainte de dénaturer le projet ou de le détourner de sa mission sociale. Or, l’enjeu n’est pas de transformer ces structures en entreprises classiques, mais de leur transmettre des outils, des méthodes et des savoir-faire qui leur permettent de mieux gérer leurs ressources, d’optimiser leur temps et leur organisation afin de maximiser leur impact humain et social. Cette transformation doit se faire avec bienveillance, en s’appuyant sur les forces déjà présentes et sans imposer de modèle unique.

🔵 Quels sont vos projets à venir ?

En 2025, nous accompagnons 35 projets portés en collaboration avec les ONG et les référents CSR du groupe Eclosia. Ces projets couvrent nos quatre axes d’intervention : inclusion sociale, entrepreneuriat, environnement et alimentation responsable. Parmi eux, le projet de miel de mangroves au Morne, mis en œuvre dans le cadre du programme Varuna porté par Expertise France et financé par l’Agence française de développement, permet à six femmes en situation de précarité de se former à l’apiculture dans un écosystème fragile. C’est un bel exemple d’innovation sociale et environnementale.

🔵 Un mot pour ceux qui souhaitent s’engager aujourd’hui dans des projets à impact social ?

Je dirais : ne le faites pas seul. L’impact naît du collectif. Entourez-vous d’ONG qui connaissent le terrain, d’experts qui peuvent vous aider à structurer votre projet et surtout, impliquez les bénéficiaires dès le début. Quand les personnes concernées deviennent actrices du changement, les projets prennent tout leur sens. L’engagement, c’est une aventure humaine, faite de confiance, de respect et d’actions qui, même modestes, peuvent transformer des vies.

Vers des ONG plus durables : Échanges et lancement de la nouvelle identité d’eclosia solidarité

La fondation Eclosia solidarité a réuni une vingtaine d’ONG, des experts de l’économie sociale et des représentants de fondations d’entreprises au Labourdonnais Waterfront Hotel fin mai. Cet événement avait pour objectif d’explorer la façon d’accompagner les ONG mauriciennes dans leur transition vers des modèles d’entreprises sociales plus durables et impactantes.

Trampoline, NIVO, Mo Angels, Kinouété et FoodWise ont partagé leurs approches en matière de structuration, d’accompagnement ou de financement. Une masterclass sur la mesure d’impact avec Julie Biron, spécialiste de l’innovation sociale, a également permis aux participants d’identifier des indicateurs concrets pour mieux piloter leurs projets. L’événement s’est clôturé par le dévoilement du nouveau nom et du nouveau logo de la fondation, marquant son évolution et son engagement renforcé aux côtés des ONG.