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Traitement éthique des animaux

Des singes porteurs de tuberculose exportés aux États-Unis : PETA dénonce

15 juin 2025, 18:00

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Des singes porteurs de tuberculose exportés aux États-Unis : PETA dénonce

Un rapport récemment publié par les scientifiques de «People for the Ethical Treatment of Animals» (PETA) révèle que des souches de tuberculose – dont une jamais identifiée auparavant chez des animaux aux ÉtatsUnis – ont été détectées chez des dizaines de singes importés pour des expériences en laboratoire à travers le pays. Ce document mettrait en lumière des défaillances systémiques en biosécurité, des mouvements d’animaux jugés irresponsables et un schéma inquiétant de négligence réglementaire.

AU cœur de cette controverse se trouve Charles River Laboratories, le nouveau propriétaire de la ferme Noveprim située à Ferney, à Maurice. Entre 2023 et 2024, près de 40 singes hébergés dans les installations de Charles River à Houston, au Texas, ont été testés positifs à la tuberculose. Selon Mansa Daby, fondatrice de Monkey Massacre in Mauritius, il s’agit d’un rapport statistique bien documenté de plus de 600 pages, compilé à partir de dossiers fédéraux de laboratoires et de rapports vétérinaires en pathologie. «Je n’ai absolument aucune raison d’en douter. En fait, ce rapport confirme ce que nous dénonçons depuis longtemps auprès des autorités et du public. J’espère seulement qu’il sera pris en considération comme il se doit» dit-elle.

Pour elle, il existe un risque pour la santé publique à Maurice lié aux installations d’élevage ou de transport de singes. «Les risques de transmission de pathogènes sont réels, étant donné la proximité génétique entre les singes et les humains. En réalité, ces risques surpassent les bénéfices sanitaires supposés des tests sur les animaux pour la population mauricienne. C’est précisément ce que nous plaidons depuis longtemps», dit-elle. Sur la question si elle pense que la santé des singes est correctement contrôlée avant leur exportation depuis Maurice, elle en doute sérieusement, compte tenu du volume des envois et du nombre de singes capturés dans la nature, comme en témoigne le nombre de pièges qui nous ont été signalés à travers le pays et que nous avons pu localiser.

Par ailleurs, Mansa Daby avance que le 15 mai, une cargaison de 800 singes a quitté Maurice à destination de Miami, et PETA a reçu des informations de lanceurs d’alerte à l’aéroport Charles de Gaulle à Paris, où le vol est resté cloué au sol pendant plus de huit heures lors de son escale, selon lesquelles les documents devant être émis par l’expéditeur étaient manquants. Une plainte commune a été déposée auprès de l’US Fish and Wildlife Service et du Département américain de l’Agriculture par une coalition comprenant PETA, Action for Primates, Abolición Vivisección, One Voice, Cheshire Animal Rights Campaigns et Monkey Massacre in Mauritius. «Cela démontre en soi un manque de contrôle. De plus, des singes capturés dans la nature et des singes issus de la consanguinité sont expédiés ensemble, ce qui accroît les risques que les singes sauvages soient porteurs de gènes de la tuberculose», soutient-elle.


Questions à…Dr Lisa Jones-Engel, Senior Science Advisor, Primate Experimentation, PETA

«Maurice est désormais clairement dans le viseur d’une crise mondiale de biosécurité et de commerce de la faune sauvage»

L’industrie d’exportation de singes à Maurice est confrontée à un problème de tuberculose – et ce n’est pas un cas isolé. Il y aurait des flambées répétées de tuberculose impliquant des singes originaires de Maurice, alors même que chaque animal est censé être «déclaré sain» après des tests avant l’exportation. Les outils de dépistage utilisés – en particulier le test cutané à la tuberculine, vieux de plus d’un siècle – sont scientifiquement obsolètes. Ces tests échouent à maintes reprises à détecter les infections latentes de la tuberculose, lesquelles peuvent se réactiver silencieusement après expédition, provoquant des épidémies dangereuses dans les laboratoires à l’étranger.

🟦 Avez-vous reçu des informations ou preuves indiquant que des singes malades ont été exportés depuis Maurice ?

Oui. L’enquête de PETA, appuyée par des documents de laboratoires fédéraux et des rapports de pathologie vétérinaire confirme que des singes infectés par la tuberculose en provenance de Maurice ont intégré le système de recherche biomédicale aux États-Unis. Plus précisément, une flambée survenue en 2023 au Northern Biomedical Research, dans le Michigan, a impliqué quatre macaques cynomolgus capturés à l’état sauvage à Maurice, infectés par Mycobacterium bovis – un agent pathogène zoonotique grave (pp 11-12 du rapport Tuberculosis in Primates – US Biosecurity Failures, 11 juin 2025). Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que ces singes avaient passé tous les contrôles réglementaires et diagnostics avant de développer une tuberculose disséminée et avancée après leur arrivée aux États-Unis. On peut également lire à la page 13 du rapport qu’une souche de M. bovis, liée à un singe importé de Maurice, circule dans des installations américaines depuis au moins 2021.

🟦 Maurice pourrait-elle faire face à des conséquences commerciales si des singes infectés étaient retracés jusqu’ici ?

Oui – et ces risques augmentent. L’émergence de la tuberculose chez les singes originaires de Maurice attire une attention et une surveillance internationales croissantes. Si les exportations mauriciennes sont à plusieurs reprises associées à l’introduction de maladies zoonotiques dans des colonies de recherche à l’étranger, Maurice pourrait faire face à de graves conséquences commerciales qui sont la suspension des exportations, restrictions plus strictes à l’importation aux États-Unis et en Europe, intervention de la CITES, et autres mesures réglementaires potentielles. Le commerce de primates de Maurice est désormais clairement dans le viseur d’une crise mondiale de biosécurité et de commerce de la faune sauvage. La poursuite de ces échecs en matière d’exportation met non seulement la santé publique en danger, mais aussi la réputation de Maurice en tant qu’exportateur «propre» de primates destinés à la recherche.

🟦 Êtes-vous au courant d’échecs, retards ou falsifications concernant les tests de dépistage de la tuberculose liés à l’exportation de singes ?

Nous disposons de preuves claires et documentées montrant que les systèmes de dépistage actuels – en particulier la dépendance au test cutané à la tuberculine (TST), dépassé – sont fondamentalement inadéquats. L’épidémie de 2023 dans le Michigan concernait des animaux qui avaient pourtant été testés négatifs à plusieurs reprises : trois TST durant la quarantaine, six autres TST, plusieurs tests d’interféron gamma, des sérologies et des radiographies – tout cela avant que les animaux ne développent la tuberculose active. Par ailleurs, des recherches publiées sur des singes originaires de Maurice mettent en évidence les limites systémiques du TST lui-même. Une étude de 2022 portant sur des macaques mauriciens a démontré que le TST échoue fréquemment à détecter l’infection, en particulier chez les jeunes animaux. Bien que nous n’ayons pas encore découvert de preuves de certificats falsifiés, ces échecs diagnostiques répétés rendent les certificats sanitaires pratiquement inopérants.

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