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10 pistes pour relancer la croissance économique
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10 pistes pour relancer la croissance économique
La lune de miel est terminée. À peine six mois après le grand basculement électoral de 2024, les illusions se sont évaporées. Le nouveau pouvoir, porté par les promesses de renouveau, découvre l’étendue du désastre hérité. L’état des finances publiques relève moins d’un redressement que d’un sauvetage d’urgence, nous dit-on. Le déficit réel s’élève à 9,5 % du PIB. La dette frôle les 91 %. Les fonds spéciaux sont à sec. Et le Price Stabilisation Account, censé amortir les hausses du carburant, est exsangue.
Navin Ramgoolam le répète à l’envi: la situation est pire qu’annoncée. Mais gouverner ne se limite pas à diagnostiquer. Il faut agir. Et vite. Non pas avec les pansements budgétaires d’une austérité aveugle, qui pourrait précipiter la récession. Mais avec un programme de réformes stratégiques, calibrées pour restaurer la confiance, relancer l’investissement, et reconnecter Maurice avec sa capacité productive.
Voici, sans détours, les 10 pistes pour redonner un souffle durable à notre économie :
1. Réconcilier les Mauriciens avec le travail productif.
Le déficit de main-d’œuvre est une entrave majeure à la croissance. Il faut un choc de formation professionnelle. Dès le secondaire. Valoriser les métiers manuels, réformer les filières techniques, et arrimer les cursus au marché réel. L’économie ne redémarrera pas avec une jeunesse désorientée. Il faut un Plan National Main-d’œuvre. Sous l’égide du PMO, avec les syndicats, le privé, et les universités. Définir les besoins à 5, 10 et 20 ans. Et anticiper la transition démographique qui nous guette.
2. Moderniser la politique migratoire.
Oui à l’immigration économique. Mais encadrée, protégée, et alignée sur nos besoins sectoriels. Fini les permis fourre-tout pilotés par des agences douteuses. Il faut centraliser, contrôler, et imposer un quota stratégique par filière.
3. Réorienter la dépense publique vers la production.
Subventionner la consommation pour acheter la paix sociale ne tient plus. Chaque roupie publique doit aller vers la modernisation des infrastructures, l’agriculture de précision, les énergies renouvelables, et l’économie bleue. Ce pays ne peut pas vivre éternellement sur l’importation.
4. Créer un choc technologique dans les secteurs clés.
L’agriculture, la construction, l’industrie : partout, il faut automatiser. Là où les bras manquent, les machines doivent prendre le relais. L’État doit inciter, fiscalement, à la robotisation et à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les processus de production.
5. Refondre le contrat social.
Les prestations sociales universelles doivent faire place à un ciblage intelligent. Non, un milliardaire n’a pas besoin de pension vieillesse. Oui, une mère célibataire de Plaine Magnien en a besoin. Il faut de la justice sociale, pas de la générosité électorale.
6. Réformer l’administration fiscale.
Augmenter la TVA est une solution paresseuse. Il faut plutôt élargir l’assiette fiscale, traquer l’évasion dans les grandes holdings, et taxer les plus-values immobilières. La justice fiscale est le socle de la relance.
7. Libérer le secteur privé des lourdeurs absurdes.
L’obsession bureaucratique étouffe l’initiative. Il faut un guichet unique pour les projets productifs, des permis délivrés en 30 jours maximum, et des sanctions pour les fonctionnaires complices de l’inertie.
8. Assainir les finances publiques par le haut.
La rigueur, oui. Mais pas en coupant les hôpitaux ou les écoles. Il faut commencer par réduire le nombre de ministres, abolir les postes décoratifs comme celui du viceprésident, supprimer les retraites dorées, et cesser les voyages officiels inutiles. Quand le bateau coule, on commence par jeter les valises. L’Etat doit montrer l’exemple. Appelez à l’austérité en gardant les privilèges des princes et princesses du jour est contradictoire.
9. Revaloriser la stratégie d’exportation.
Face aux droits de douane américains, il faut repenser nos marchés. Renforcer nos accords régionaux. Exporter des services à haute valeur ajoutée. Et positionner Maurice comme une plateforme de régulation, de finance verte, et de tech africaine.
10. Réanimer l’investissement privé.
Les entreprises attendent une chose : la visibilité. Un cap clair sur les politiques fiscales, la monnaie, le coût de l’énergie. L’État doit jouer son rôle de facilitateur, pas d’obstacle.
La vérité, c’est qu’il n’existe pas d’alternative magique. Le statu quo, lui, n’en est pas une. Si nous n’osons pas changer, nous paierons plus tard – plus cher, plus violemment, plus durablement. C’est maintenant qu’il faut choisir : la radicalité réformatrice ou le lent déclin. Mais dans un monde post-pandémie, post-vérité, post-économie facile, seul le travail structuré, l’investissement productif, et la rigueur honnête paieront.
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