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Allégations d’arnaques

Un entrepreneur dans l’oeil du cyclone

11 février 2024, 13:00

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Un entrepreneur dans l’oeil du cyclone

Le contracteur a abandonné le chantier en plein milieu des travaux.

Suite au texte détaillant les problèmes que les clients d’A&N Contracting ont eus avec ce contracteur dans l’édition de l’express lundi dernier, d’autres personnes sont venues de l’avant pour relater leurs mésaventures après avoir sollicité Wazid M. pour des travaux.

C’est le cas de ce propriétaire d’un complexe immobilier dans le nord de l’île. L’homme, qui loue des appartements, avance que l’année dernière, il a décidé d’entreprendre des travaux afin de transformer trois chambres en six studios. Début 2023, le contact est établi avec A&N Contracting. Il a été décidé que les travaux d’électricité, de plomberie, d’ameublement de la cuisine et les portes entre autres seront au contracteur.

Le 19 avril, un chèque d’un montant de Rs 293 500 est remis à l’entreprise. Mais c’est le 4 mai 2023 que le contrat sera signé entre A&N Contracting, dont la directrice est Nawsheerah U., épouse de Waazid M. Sur le contrat, ce dernier apparaît en tant que superviseur. Le montant total des travaux s’élève à Rs 979 000. Le paiement devait être fait en quatre tranches. 30 % au début des travaux, 20 % pendant la première semaine, 30 % lorsque la moitié sera complétée et le montant restant à la fin. «Puis, il a été décidé que d’autres travaux seront rajoutés à la liste. Le 4 mai, à la signature du contrat, un autre chèque de Rs 47 000 a été remis, et un troisième paiement de Rs 195 800, toujours par chèque, a été fait le 27 mai» explique le propriétaire.

Les travaux avaient commencé. Les murs ont été abattus et le déblayage des débris était en cours. Puis, un jour, le propriétaire s’est retrouvé face à un chantier vide, avec des trous dans ses murs et les débris sur place. Il appelle donc les travailleurs qui étaient sur place. Ces derniers l’informent qu’ils ne viendront plus car ils n’ont pas été payés. Il appelle alors Waazid M, qui lui dit que les travailleurs ont volé son argent et qu’il a dû en chercher d’autres. Par la suite, il se faisait de plus en plus rare. «A chaque fois, il disait qu’il allait venir mais ne venait pas. Il disparaissait ou disait qu’il était malade». Face à l’insistance, il a fini par dire qu’il viendrait déposer des portes. «Mais ce n’étaient que des morceaux de plywood dans un encadrement ! J’ai vu cela, j’ai demandé au camion de faire demi-tour et de ne rien débarquer». Par la suite, il a fini par avouer qu’il a utilisé l’argent pour payer des travailleurs. «Mais ce n’étaient pas des travailleurs chez nous!» dit le propriétaire. Il s’est rendu au poste de police de Pointe-aux-Canonniers à deux reprises. Encore une fois, comme les travaux avaient déjà débuté, il n’était pas possible d’agir. «Mais les policiers l’ont appelé et il leur a dit qu’il ferait le nécessaire». Entre-temps, les chambres démolies étaient inutilisables. Après trois mois, il a fini par abandonner et a fait appel à un autre contracteur afin de pouvoir mettre les chambres en location le plus vite possible.

Sollicités, Waazid M. et son épouse confient qu’ils ont déjà fermé la compagnie. Concernant ce cas, ils affirment que 75 % des travaux ont été effectués sur ce chantier. «Lorsque je suis parti voir le client, il m’a dit qu’il a déjà fait les travaux» expliquent-ils. Ils ont affirmé qu’ils vont contracter un emprunt pour rembourser leurs clients.

Quel recours ?

Face à ce type de situations, les personnes sont souvent résignées et laissent tomber tout espoir de retrouver leur argent. Elles affirment que la seule possibilité est une poursuite au civil, qui risque de prendre des années et leur coûter encore plus cher en frais d’avocats. Cependant, les juristes précisent qu’il existe plusieurs pistes à explorer.

L’avoué Kaviraj Bokhoree explique que porter l’affaire en justice n’est pas une option à écarter. «Dans ce type de cas, les clients doivent retenir les services d’un expert dans le domaine de l’évaluation. Ce dernier évaluera la valeur du travail complété et ce qui reste à faire, et par la suite, il soumettra un rapport. Ce document comprendra aussi tous les autres frais associés. Par la suite, une mise en demeure peut être servie à la compagnie». Il avance que les choses vont bouger lorsque le document sera remis entre les mains de la partie défenderesse. D’ajouter qu’une plainte en réclamation pour dommages peut être déposée par la suite en cour. Même son de cloche du côté de Mᵉ Somanand Kumar Adheen. «Les personnes se retrouvant dans ce type de situation devront venir de l’avant avec une mise en demeure, et éventuellement avec un ‘main case’ pour ‘breach of contract’ plus tard. Pour ce faire, plusieurs pistes devront être explorées. Il faut savoir ce qui a été décidé au préalable entre la victime et la société, l’argent investi, l’engagement pris et le montant perdu qui découle lors des travaux incomplets» dit l’homme de loi.

Un autre légiste explique qu’une personne peut demander une injonction obligatoire, soit une ‘mandatory injunction’ contre un entrepreneur qui n’a pas terminé les travaux si la totalité du montant a été payé. Ce recours juridique vise à obliger l’entrepreneur à remplir ses obligations contractuelles et à terminer la construction comme convenu. La personne devra présenter son cas devant un tribunal, en fournissant la preuve de la violation du contrat et en démontrant la nécessité pour le tribunal d’intervenir et d’imposer l’achèvement des travaux.