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Meurtre à Vallée-Pitot: la MCIT sur la piste de «lékip van nwar»

9 mai 2023, 12:00

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Meurtre à Vallée-Pitot: la MCIT sur la piste de «lékip van nwar»

Une nouvelle étape a été franchie dans l’enquête policière après le lynchage ayant entraîné la mort d’Imran Hossenbaccus. Les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team ont pris le dossier en main depuis dimanche soir. Ils sont sur la piste d’un gang qui agirait comme des justiciers. Ils vont visionner les images des caméras Safe City de la localité afin de retracer cette bande organisée connue comme «lékip van nwar», qui circule à bord d’un 4x4 noir.

Les agissements de ce gang ne datent pas d’aujourd’hui. Il aurait fait plusieurs victimes dans le passé et sévirait dans les régions de Plaine-Verte, Vallée-des-Prêtres, Vallée-Pitot et Phoenix. Le chef de ce gang serait un politicien. Ses membres font la loi et n’hésitent pas à donner des leçons à ceux qu’ils considèrent coupables d’avoir commis une faute.

C’est d’ailleurs à Phoenix, dans un centre, que les membres de ce groupe s’adonnent à des entraînements. Deux des leurs, Jamilloudeen Khalil Hymabaccus et Wazeem Fadil Lalloo, ont été arrêtés dimanche pour le meurtre d’Imran Hossenbacus. Ils ont comparu en cour de Port-Louis lundi matin. La police a objecté à leur remise en liberté. Ils ont été reconduits en cellule et devront comparaître à nouveau en cour lundi prochain.

Les deux suspects ont été arrêtés par les hommes de la Criminal Investigation Division de la Metro Nord, sous la supervision du DI Golap et du sergent Rummun. Ils ont nié les faits qui leur sont reprochés et ont avancé qu’ils ne donneront leur version qu’en présence de leur homme de loi.

Imran Hossenbaccus a été lynché dans la nuit de vendredi par un groupe d’individus. Selon les informations recueillies, un garçonnet aurait surpris Imran Hossenbaccus en train d’épier une habitante de la localité. Le petit aurait montré une vidéo à l’époux de la femme et ce dernier aurait contacté le gang pour donner une leçon à la victime. Samedi, souffrant atrocement, il a consulté un médecin du privé qui lui a recommandé d’effectuer un scan.

Le même jour, Imran Hossenbaccus s’est rendu à la Clinique du Nord, à Baie-du-Tombeau, mais quelques minutes après son arrivée dans l’établissement de soins et le scan effectué, le quinquagénaire est décédé dans la salle de consultation. La police a été alertée et son corps a été transporté à la morgue de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, à Port-Louis, pour les besoins de l’autopsie. Celle-ci a révélé qu’Imran Hossenbaccus est décédé des suites de blessures multiples.

Le fils de la victime, âgé de 29 ans, a donné sa version à la police dimanche. Il a expliqué que vendredi vers 18 h 45, un groupe d’individus s’est présenté à son domicile. Il retenait son père qui portait de multiples blessures sur le corps. Les deux suspects qui ont été arrêtés l’ont alors informé qu’Imran Hossenbaccus se trouvait à moitié nu il y a quelques jours et faisait des gestes obscènes à une fillette de sept ans. Ils lui ont aussi montré une vidéo pour prouver leurs dires. Vidéo qui circule en ce moment sur les réseaux. Deux autres personnes, qui étaient, elles, cagoulées, lui ont demandé de leur remettre la somme de Rs 200 000 pour leur silence. Elles l’ont menacé ainsi que sa famille avant de s’en aller. Craignant pour sa vie et celle de sa famille, cet employé de la mairie avance qu’il n’a pas voulu se rendre à la police.

Mais dans la nuit de samedi, alors que son père était mal en point, il l’a transporté chez un médecin du privé et ce dernier lui a demandé de faire un scan. Il les a référés à la Clinique du Nord, à Baie-du-Tombeau. Son père devait cependant rendre l’âme juste après le scan. Dans sa déposition, cet habitant de ValléePitot avance que son père lui a confié que ses agresseurs lui ont donné «200 kout zon»

. Les proches des suspects, qui étaient présents en cour lundi matin, avancent pour leur part que le groupe s’était rendu au domicile de la victime pour lui parler après qu’il a appris qu’Imran Hossenbaccus avait fait des gestes obscènes. Ils nient qu’ils ont tenté d’extorquer la victime. «Sa pa ti bizin pas koumsa, mé viktim inn fer bann akt indésans. Mé mo sinpatiz avek viktim.»