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Abolition de l’esclavage | Cardinal Piat: «Le créole, seule véritable langue des Mauriciens»

2 février 2023, 08:30

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Abolition de l’esclavage | Cardinal Piat: «Le créole, seule véritable langue des Mauriciens»

Dans son homélie, le cardinal Maurice Piat a retracé son propre cheminement pour découvrir la beauté et la valeur de la langue créole. Il a aussi eu une pensée pour tous ces esclaves qui ont subi la loi de leurs maîtres, surtout en cette année qui marque le tricentenaire du Code Noir. Quoi de plus symbolique pour commémorer le 188e anniversaire de l’abolition de l’esclavage que l’église Saint-Cœur-de Marie, à Petite-Rivière, église bâtie par le Bienheureux Père Laval, fervent défenseur de la cause des esclaves, affranchis en 1839 ?

D’emblée, le cardinal Piat a souligné que cette journée a la même importance que celle de l’Indépendance. Il a par la suite raconté comment avec l’éclairage de feu père Roger Cerveaux, il a appris à comprendre le réel sens du «malaise créole» rapporté en 1993. «Je me souviens que c’est lors d’un rassemblement tenu le 1er février 1993 que Roger Cerveaux a poussé son cri. Il a parlé de la grande souffrance des Créoles et que l’Église ne faisait rien. Cela avait créé un grand bouleversement, car certains étaient pour et d’autres contre.»

Le cardinal a souligné que sa première lettre pastorale a été justement sur le créole. Nommé évêque par le pape Jean Paul II, il dit avoir été interrogé à plusieurs reprises sur le fait qu’un Créole n’ait pas été désigné pour cette charge. Avec le temps, et en ayant fait un travail sur lui-même, il a compris la souffrance, l’humiliation d’un peuple, celui des Créoles.

«Les esclaves étaient comme des objets, privés de dignité et de liberté. Dans mon milieu, issu d’une famille blanche, ce sujet était tabou.» Dans sa réflexion, il a réalisé que ses propres ancêtres avaient aussi eu des esclaves. «Cela fait naître en vous une honte et un grand désir de demander pardon.» Il a eu l’occasion de se rendre sur l’île de Gorée, au large du Sénégal, en face de Dakar, où, lors d’une célébration pénitentielle, il a pu se repentir des fautes de ses ancêtres.

Puis, un autre débat a commencé sur la langue créole à Maurice. «Beaucoup de personnes ont découvert la grande valeur de la langue créole de Maurice. Car toutes les autres langues sont importées. C’est comme le ciment du peuple mauricien. Pas nécessaire de l’apprendre à travers un livre.» S’ensuit alors la traduction de la Bible en créole, une autre avancée dans le cheminement pour rendre à la langue créole son dû. «Quand vous entendez une lecture en créole, cela vous touche encore plus. Justement, je tiens à remercier les prêtres et les laïques qui ont traduit la Bible.» Toutefois, il a conclu en disant que le chemin n’est pas encore terminé pour rendre à la langue créole ses lettres de noblesse…

Ministres et députés assistent à la messe

Comme chaque année, les ministres et députés ont été nombreux à s’être rendus à la traditionnelle messe. Vêtus d’habits multicolores pour les uns et un peu plus sombres pour les autres, ils ont tous écouté avec beaucoup d’attention l’homélie du cardinal Piat. Ainsi, parmi ceux présents, on retrouve le Premier ministre, Pravind Jugnauth, les vice-Premier ministres, Steven Obeegadoo et Leela Devi Dookun-Lutchoomun, les ministres Stephan Toussaint, Alan Ganoo, Joe Lesjongard, ainsi que la PPS Tania Diolle. Au niveau de l’opposition, on a croisé Karen Foo KuneBacha et Roshi Bhadain, notamment.