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Secteur laitier: un marché qui boit la tasse

7 juillet 2017, 18:38

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Secteur laitier: un marché qui boit la tasse

La compétition dans le secteur laitier est féroce. C’est ce qu’affirme la Laiterie de Curepipe, qui a été placée sous administration judiciaire (en redressement) en juin. Selon la direction, cela est dû à la situation financière, qui s’est fragilisée au fil des années en raison de la compétition féroce qui prévaut dans ce secteur. D’autres producteurs font aussi état d’un marché difficile.

Le cas de La Laiterie de Curepipe aura des conséquences sur l’industrie locale des produits laitiers, qui est déjà mal en point, juge Kenny Wyness, manager d’Agreenculture, producteur des produits laitiers Mia, à Salazie. «C’est triste. Cela va réduire le terrain de jeux des producteurs de produits laitiers, ce qui n’est pas idéal pour le secteur dans son ensemble.»

Pourquoi ? Selon lui, le secteur laitier à Maurice est très «challenging» et a subi de nombreuses difficultés. «Sans la conviction du propriétaire d’Agreenculture Holding Ltd, la société aurait déjà fermé ses portes. Mais le propriétaire Eric Series croit fermement dans le secteur laitier mauricien. Il est déterminé à voir ce secteur croître à tous les niveaux

Quant au lait frais, Suren Surat, directeur SKC Surat, songe à en arrêter la production, bien qu’il y ait une demande. «Le coût de production du lait frais à Maurice est trop élevé», explique-t-il, ajoutant que le secteur est «très difficile». «Dilé inn rest ogmanté. Pann rési vann li a enn bon pri. Le lait en poudre coûte moins cher que le lait pasteurisé. De plus, on ne peut pas le commercialiser pendant plus de huit jours.» Seuls quelques Mauriciens, dit-il, peuvent se permettre d’acheter du lait frais à Rs 50 le litre.

Du côté d’Innodis, l’on confirme que le marché local est dominé par le lait en poudre. Ce, même si le lait liquide (stérilisé, pasteurisé ou UHT) gagne du terrain. Son avantage : il peut être conservé bien plus longtemps.

La production de lait frais chez SKC Surat oscille entre 15 000 et 20 000 litres par mois. Les petits éleveurs reçoivent des subventions sur la nourriture des vaches, soit entre Rs 4 000 et Rs 5 000 la tonne. «Nou pa gagn sibsid.» Sauf qu’un préposé du ministère de l’Agro-industrie affirme le contraire.

Selon Statistics Mauritius, la production du lait frais local est en baisse. Il est passé de 5 000 tonnes en 2014 à 4 000 tonnes en 2016. Un déclin que constate Maurilait, qui s’approvisionne en lait frais auprès de producteurs locaux, en particulier d’Agreenculture et du Food and Agricultural Research and Extension Institute. Cela, en fonction des quantités disponibles et de la qualité. La compagnie l’utilise dans la production de ses laits ainsi que dans certaines spécialités laitières. Si l’entreprise dit souhaiter en utiliser davantage, elle affirme que les fermes laitières locales n’arrivent pas à se développer.

Pour Maurilait, il existe une forte compétition pour le lait blanc liquide notamment. «Les produits locaux se retrouvent face à de nombreuses marques importées à des prix équivalant au dumping. Mais, globalement, le marché des produits laitiers est en progression à Maurice, avec une croissance dans la consommation», nous dit-on à la direction. «Malgré quelques

difficultés à maintenir nos parts de marché sur ce secteur spécifique, les perspectives de Maurilait restent bonnes pour les années à venir.» À Innodis, ce serait notamment le yaourt. «Il existe effectivement une forte concurrence sur le marché des produits laitiers, surtout le yaourt

Comment faire face à la concurrence ? À Innodis, c’est une politique de qualité, d’innovation, et de différentiation qui aidera la compagnie à y faire face. «Nous sommes les seuls à Maurice à produire des yaourts aux probiotiques, des bactéries bénéfiques pour la santé.» De plus, la compagnie a apporté deux nouveautés. Premièrement, le Greek Style Yogurt est venu s’ajouter à sa gamme de yaourts en 2016. «Nous sommes aussi les seuls à en fabriquer dans le pays. Il a déjà rencontré un grand succès, avec sa consistance plus épaisse et plus onctueuse.» Deuxièmement, l’emballage de son lait caillé, qui est désormais muni d’un bouchon refermable.

Quant à Agreenculture, elle mise sur la diversification de ses produits. «Cela fait partie de notre plan de développement à long terme.» La compagnie a d’ailleurs beaucoup travaillé sur les produits de la marque Mia, ces derniers mois. Selon Kenny Wyness, ces produits sont 100 % naturels et 100 % locaux. Ce qui est un gros atout, dit-il. «Je crois que nous sommes l’unique marque qui se positionne ainsi localement.» Si Agreenculture déclare ne pas pouvoir révéler ses projets futurs, il confie toutefois qu’à la fin de l’année, la société prévoit de lancer des glaces Mia. «Nous voulons continuer à maintenir une forte présence sur le marché.»

En chiffres

<p style="text-align: center;"><strong>25 coopératives laitières</strong></p>

<p style="text-align: center;"><strong>2 300 vaches laitières</strong></p>

<p style="text-align: center;"><strong>872 éleveurs en 2013 contre 1 957en 2004 et 9 275 en 1983</strong></p>

<p style="text-align: center;"><strong>6,3 M de litres de lait local en 2013 contre 13,5 millions de litres en 1989</strong></p>

<p style="text-align: center;"><strong>Rs 3 Mds investies dans l&rsquo;importation du lait et les produits laitiers</strong></p>

Rs 1,4 Million pour un «Dairy Cooperative Logistic System»

	<p>Le ministère des Coopératives affirme que le secteur laitier des coopératives devra être consolidé. Pour ce faire, il a retenu les services de l&rsquo;Asian Rural Development Organisation qui aidera à la restructuration et à la consolidation du secteur laitier, le 16 janvier. L&rsquo;organisation a proposé une aide de Rs 1,4 million pour le développement d&rsquo;un projet de &laquo;Dairy Cooperative Logistic System&raquo; à Maurice. Cette somme sera utilisée pour financer un véhicule réfrigéré pour la collecte et la distribution de lait. Et du 28 avril au 21 mai dernier, elle a fait venir le professeur Jabir Ali, Chairman et Management Development Programme de l&rsquo;Indian Institute of Management, à Maurice.</p>
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