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Shayne Kevin, gay, adhérant à la Young Queer Alliance: Une vie à moitié vécue

25 janvier 2016, 10:28

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Shayne Kevin, gay, adhérant à la Young Queer Alliance: Une vie à moitié vécue

C’est aujourd’hui que prend fin la Youth Leadership and Human Rights Residential Conference de la Young Queer Alliance, destinée aux jeunes et axée sur l’égalité pour tous. Et même si certaines mentalités ont évolué, les LGBT sont toujours victimes de préjugés encore tenaces…

Si au départ, Shayne, 24 ans, était disposé à parler à visage découvert et à se laisser photographier, ce fils et enfant unique s’est ravisé après s’être confié à sa mère. «J’ai accepté de rester anonyme par respect pour ma mère. Elle m’accepte tel que je suis sauf qu’il y a le regard des gens. Je ne veux pas qu’elle subisse des pressions, surtout de sa soeur, ma marraine. Cette dernière est censée être ouverte d’esprit. Elle a voyagé. J’ignore si elle a déjà vu des gays à l’étranger mais elle déteste ce que je représente.»

L’enfance de Shayne se déroule sans histoires. Il grandit surprotégé par sa mère de qui il est très proche. Sa relation avec son père, superficielle, se résume à quelques instants passés devant la télé avec lui. Vers 14-15 ans, Shayne se rend compte que les filles le laissent de marbre. «Un jour, je me suis surpris à ne regarder que les fesses des garçons que je croisais. Et lorsque je feuilletais des magazines érotiques, je ne pouvais pas regarder le truc que vous les femmes avez entre les jambes», s’esclaffe-t-il.

Cette révélation le trouble et l’effraie. Il essaie de réprimer sa nature profonde en tentant de se persuader que ça lui passera. Or, les années passent et son attirance pour les garçons se renforce. «De toute façon, il est impossible de nier ce que l’on est.» Au collège, il flirte avec quelques garçons et en tire des ersatz de bonheur. Sentiment qui cède ensuite la place à une infinie tristesse car il sait qu’il ne peut en parler à personne. «Je voulais l’avouer à ma mère mais c’était trop difficile. Et puis, je ne voulais pas que l’on me dise que c’était une erreur de jeunesse alors qu’au fond de moi, je savais que c’était ma nature profonde.»

Bien que certains garçons l’incitent à se confier, il évite par peur du rejet et d’être raillé comme c’est le cas presque quotidiennement lorsqu’il déambule dans les rues. «Quand je marche, il y a toujours quelqu’un qui rit ou qui chuchote en me regardant. Cela me gêne surtout lorsque je suis seul.»

«QUE LES AGRESSIONS CESSENT»

 

Un beau jour, il tombe amoureux d’un autre garçon. Cet amour qui reste platonique dure trois mois, son petit ami étant incapable d’assumer ouvertement son homosexualité. Lorsque ce dernier rompt leur relation, Shayne est dévasté. Tous les soirs, il va se coucher la mort dans l’âme, hanté par l’idée du suicide. «Je me disais que je me jetterais d’un pont ou d’une hauteur mais la peur de me rater et de vivre comme un légume me freinait. La musique m’a aidé à tout surmonter.» C’est à un arrêt d’autobus qu’il se lie pour la première fois d’amitié avec un autre gay. Il a 19 ans. Son cercle de relations amicales gay et LGBT s’élargit et il participe aux marches du Collectif Arc-en-Ciel. «Cette participation m’a permis de m’affirmer davantage en tant que gay, d’être plus ouvert.»

Un jour que sa mère insiste pour qu’il aille à la messe, il refuse et lui avoue son homosexualité. «Elle m’a dit que j’allais lui faire avoir une crise cardiaque et n’en a plus reparlé. L’on peut être gay et croire en Dieu et le prier. Je crois que les gens se servent du nom de Dieu pour juger les autres.» À l’institut Charles Telfair où il étudie, certains étudiants refusent de le fréquenter. «L’un m’a dit qu’il ne fréquente pas les gays et m’a demandé comment je peux aimer un homme. Je n’ai pas répondu.»

C’est seulement lors de sorties avec les membres de la Young Queer Alliance, organisation à laquelle il adhère, qu’il se sent capable d’être lui-même, de rire, de se défouler, de laisser libre cours à sa gay attitude. Le reste du temps, Shayne se plie en grande partie aux attentes de sa mère et se fait violence. «Oui, cela me pèse.»

Ce qu’il veut, c’est trouver un emploi et être financièrement indépendant afin de pouvoir vivre comme cela lui chante et être pleinement lui. «Je réclame le droit d’assumer mon identité sexuelle ouvertement sans être associé au vice, à la perversité, au VIH/sida. Et que les regards qui font mal ainsi que les agressions verbales et physiques cessent…»