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Journée mondiale de la radio

Sur les ondes, la voix de la liberté résonne

12 février 2025, 18:00

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Sur les ondes, la voix de la liberté résonne

Demain, le monde célébrera la Journée mondiale de la radio, rendant hommage à ce média intemporel qui, malgré l’essor du numérique, demeure central. À Maurice, elle reste un vecteur clé d’information, de divertissement et de lien social, résistant face aux réseaux sociaux. Omniprésente au quotidien – dans les embouteillages, au travail, à la maison –, la radio capte l’humeur de la nation et offre un espace d’expression essentiel. Elle a souvent servi de rempart contre les atteintes à la liberté d’expression, jouant un rôle crucial lors des élections générales de 2024. Malgré la montée en puissance des réseaux sociaux et de la télévision, elle demeure le média le plus réactif et accessible.

Pendant la période électorale, les radios ont assuré une couverture en direct, analysant les discours, suivant le scrutin en temps réel et annonçant rapidement les résultats, limitant ainsi la propagation de rumeurs. Mais cette liberté n’est pas sans entraves : l’Independent Broadcasting Authority (IBA) a souvent exprimé des réserves sur certaines émissions, et des journalistes ont dénoncé des tentatives de censure. L’IBA régule le secteur via l’IBA Act, imposant notamment une couverture équilibrée et un renouvellement annuel des licences, perçu comme un outil de contrôle sur les radios privées. Les stations critiques risquent la révocation de leur licence.

Malgré ces défis, la radio demeure la voix du peuple, un reflet des préoccupations et un espace de débat indispensable. Alors que le monde célèbre cette journée, rappelons-nous que derrière chaque micro, des passionnés œuvrent pour informer et faire entendre toutes les voix. Dans un contexte où la liberté d’expression est parfois menacée, la radio reste bien plus qu’un média : un témoin de son époque et un lien entre générations.

Nad Sivaramen, directeur des publications de La Sentinelle

«Chers auditeurs, chers camarades,

En cette Journée mondiale de la radio, nous nous souvenons avec une pointe de nostalgie du 12 mars 2002. Ce jour-là, La Sentinelle lançait Radio One, première radio privée de Maurice, en écho à notre indépendance. Une aventure audacieuse, une voix nouvelle dans le paysage médiatique, qui s’est cassée sur l’autel de la realpolitik, celle qui casse au lieu de construire.

La radio, ce média chaleureux et immédiat, nous permet de capter l’instant, de vivre les événements en temps réel. À ses côtés, le journal quotidien, tel que l’express, offre le recul nécessaire, l’analyse fouillée, la réflexion après le tumulte. Deux médias, deux temporalités, qui ne peuvent que se compléter et s’enrichir mutuellement.

Regardons au-delà de nos frontières. The Guardian, au Royaume-Uni, marie avec brio édition papier, site web et podcast. En France, Le Monde et France Inter unissent leurs forces pour des débats enrichissants. Et que dire du New York Times avec son podcast The Daily, capturant l’attention des auditeurs par des récits captivants.

Les nouvelles technologies du web et de l’intelligence artificielle ouvrent des horizons prometteurs. Des plateformes numériques unifiées, des podcasts transformant nos articles en récits audio, des outils collaboratifs facilitant le travail des rédactions. L’intelligence artificielle, bien utilisée, peut alléger nos tâches et enrichir nos contenus.

Mais n’oublions pas nos racines. La culture, l’histoire, nos traditions locales. Mettons-les en lumière, chaque jour, à travers des émissions dédiées, des interviews d’experts, des récits passionnants.

En ce 13 février, réaffirmons notre engagement. Pour un journalisme indépendant, de qualité, alliant modernité et respect des valeurs fondamentales. La radio, vecteur de paix et de cohésion sociale, a un rôle essentiel et patriotique à jouer pour relier les élites à la masse.»

Nawaz Noorbux, CEO adjoint du Défi Media Group

«Une ligne rouge a été franchie sous l’ancien régime. La liberté de la presse a été bafouée de manière plus subtile et beaucoup plus dangereuse sans que le public ne le sache forcément. Pour la radio, ils ont amendé l’IBA Act. Auparavant, il y avait le Complaints Committee, présidé par un homme de loi indépendant et respecté. Ils l’ont aboli en amendant la loi permettant au board de l’IBA de trancher lui-même les litiges et plaintes du public et des politiciens. Vous le savez bien, ce board composé de nominés politiques tranchait les plaintes de manière unilatérale en vous demandant simplement une explication. Vous n’avez même pas le droit d’y comparaître avec un avocat. Il vous envoyait une lettre, vous répondiez et le board tranchait.

Radio Plus a subi le diktat de ce board pendant ces dernières années. Nous, opérateurs de radios privées, espérons que le nouveau gouvernement va abroger ces règles comme l’actuel Premier ministre l’avait promis en 2022 lors d’une émission animée avec Murvind Beetun à l’époque. Une autre façon de bafouer la liberté de la presse, c’est en utilisant l’arme financière en asphyxiant les groupes de presse qui ont osé dénoncer des maldonnes de l’ancien régime. Nous-mêmes, ils nous ont coupé des contrats publicitaires, comme celui de Mauritius Telecom, annulé après l’émission sur le sniffing avec Sherry Singh. Ils nous boycottaient financièrement et faisaient pression pour mettre à la porte certains journalistes qu’ils estimaient hostiles vis-à-vis d’eux. Heureusement que la direction du Défi Media Group est indépendante et n’a pas cédé à ces pressions politiques.

Il ne faut pas voir les radios en isolation car la radio est visuelle depuis maintenant sept/huit ans avec l’avènement des technologies. La technologie a bouleversé le monde médiatique, avec l’intelligence artificielle, désormais dans les salles de rédaction et un outil indispensable pour les journalistes, nos émissions radios sont maintenant télévisées sur notre web tv. Le multimédia est aujourd’hui omniprésent. On ne recrute plus de journalistes radio mais des journalistes multimédia, qui peuvent écrire, parler au micro, devant une caméra, mais qui possèdent également une compétence technique pouvant faire des montages vidéo, audio. C’est ça l’avenir du journalisme et l’avenir de la radio.

En cette journée mondiale, mon message est simple. La radio a toujours de beaux jours devant elle, restant un outil indispensable à tout moment en voiture, en cuisine, en après-midi. Si j’anime une émission à la radio et qu’une personne m’écoute dans sa voiture, en rentrant chez lui, il peut la regarder sur son téléphone. La radio sera toujours un outil indispensable, surtout avec le déclin de la presse écrite, c’est the writing on the wall. Les gens vont acheter de moins en moins la presse papier mais ils vont se brancher sur le net pour regarder et écouter la radio. J’espère que le nouveau gouvernement va tenir parole et libérer la télévision comparée à l’ancien régime qui, pour des raisons évidentes, n’a pas octroyé de licences télé. J’espère que le nouveau régime va boucler la boucle et libérer la télévision pour que les gens puissent avoir un choix. De toute façon, nous le faisons déjà sur le net et nous n’avons pas besoin de permis pour le faire. Mais je pense que libéraliser en octroyant des licences télé sera très sain pour la démocratie et c’est ce que les gens veulent, la télévision privée.»