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«Legaliz li!»
Rose-Hill en ébullition lors de la marche du Kolektif 420
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«Legaliz li!»
Rose-Hill en ébullition lors de la marche du Kolektif 420

Sous un ciel lourd de symboles et d’histoire, la place Edward VII à RoseHill est redevenue, hier samedi 26 avril, le temps d’une marche pacifique, un lieu de mémoire et de combat. Le même que Kaya, figure immortelle du seggae et très respectée, avait revendiqué avec force. Il demandait, avant de perdre la vie, la liberté d’utiliser le cannabis. La marche organisée par le Kolektif 420 avait une tonalité particulière, hier. Plus qu’une revendication politique, c’était une procession d’âmes blessées, un rassemblement où la douleur personnelle de chacun se mêlait à l’espoir collectif d’un changement. La police, présente en nombre discret, a veillé à ce que l’événement reste pacifique. Il n’y a pas eu d’affrontement. Seulement des cris du cœur, des chants et des tambours qui résonnaient contre les murs d’Edward VII comme une prière pour la justice et la reconnaissance.
🟢Une marche entre douleurs et espoirs
Des mères aux yeux humides, serrant des photos d’enfants disparus. Des enfants tenant timidement des pancartes plus grandes qu’eux. Des tambours, des chants, des prières murmurées à l’unisson. C’est toute une nation blessée, mais encore pleine d’espérance, qui a marché hier à Rose-Hill. C’était un hommage vibrant à Kaya, mais aussi un appel pressant à sauver ceux qui peuvent encore être sauvés. «Legaliz gandia!», scandaient en chœur les participants, brandissant des pancartes vibrantes de messages : «La nature est un droit, pas un crime», «Écoutez nos voix, sauvez nos jeunes», «Le cannabis guérit, le système détruit».
🟢**«Je marche pour mon père» : l’héritage vivant d’Azaria Topize**
Parmi les figures les plus marquantes de cette marche, Azaria Topize, fils de Kaya, s’est exprimé avec une émotion palpable. Chaque mot qu’il prononçait portait le poids de l’histoire tragique de sa famille. «La première chose qui me pousse à être là, c’est ce qui est arrivé à mon père», a-t-il lancé d’une voix ferme, les yeux levés vers le ciel. «Gandia n’est pas un drame. Ce n’est pas un danger. Nou ena répitation Perl Losean. Nou pa bizin less li vinn Paradi brile. Il est temps de tourner la page, d’enterrer les vrais fléaux.»
Azaria a appelé à repenser la société, en soulignant que c’est l’ignorance et la criminalisation du naturel qui ont ouvert la porte aux fléaux modernes comme les drogues synthétiques. «Si nous avions légalisé plus tôt le cannabis, nous aurions pu éviter l’arrivée de substances mortelles. Parfwa bizin enn mal pou enn bien. Le cannabis est peut-être la solution que nous refusons de voir. Nou an retar lor drwatir sosial.»
🟢Adrien Guillaume : «Mo regrete ! Sintetik finn fer mwa kokin mo mama»
Parmi la foule, un témoignage a bouleversé l’assemblée : celui d’Adrien Guillaume, un jeune homme marqué par un passé douloureux. La gorge serrée, il a raconté comment, après avoir commencé par consommer du cannabis, il a été entraîné vers les drogues synthétiques sous l’influence d’un «ami». Ce choix, il le regrette aujourd’hui avec amertume. «J’ai tout perdu. Ma famille, ma dignité. Mo ti pe kokin dan lakaz kot mo mama. Kokin so rasion. Mo mama ti pe bizin pran so lakle ar li kan li sorti akoz mwa.»
Sa voix s’est brisée, son regard s’est baissé, et un long silence a traversé l’assistance. Dans cette confession douloureuse, tout le poids d’une jeunesse sacrifiée s’exprimait. Adrien a poursuivi : «Si le cannabis était légalisé, je n’aurais pas éprouvé le besoin de consommer le synthétique. Azordi enn gram mass kout Rs 4000. Si le cannabis était légalement accessible, moins cher, encadré, on sauverait beaucoup de vies.» Soutenant fermement le Kolektif 420, Adrien rêve d’un avenir où personne d’autre n’aura à traverser ce qu’il a vécu.
🟢Pamela Congo : la voix de ces mères en colère
Pamela Congo, femme courage, a, elle aussi, pris la parole, la voix vibrante d’indignation et de tendresse pour tous les enfants de Maurice. «Les jeunes volent même chez eux pour se procurer de la drogue. Ils détruisent leur famille, et eux-mêmes. Ce n’est pas le cannabis qui détruit, c’est ce système hypocrite qui refuse d’écouter.» Son appel est clair : écouter l’angoisse des parents, répondre à l’urgence sociale et arrêter de criminaliser une plante qui, pour beaucoup, est un moyen de guérison et de paix.
🟢François Henri : «Le cannabis, une solution pour la santé, l’économie et l’âme»
François Henri, représentant du Kolektif 420, a pris la parole pour rappeler que la dépénalisation ne serait pas seulement une victoire pour les usagers, mais aussi pour toute la nation. «Le cannabis médical peut soulager les malades, créer des emplois, développer une économie verte, renforcer notre agriculture locale, réduire notre empreinte carbone. Et surtout, il est un lien spirituel, une reconnexion avec la terre.» Il a invité les autorités à sortir de la logique punitive pour entrer dans une approche de santé publique, d’éducation et de respect des droits humains.
Wesley Sarah, un autre porte-parole du Kolektif 420, a rappelé que ce mouvement n’est pas né de théories, mais de la réalité du terrain : «Nous sommes allés sur le terrain. Nous avons vu la détresse. Nous avons vu les familles pleurer. Nous savons que le temps de changer est venu.» Sous les regards lourds d’émotion, dans les battements graves des tambours, la promesse silencieuse est née : celle de continuer le combat, de marcher encore, jusqu’à ce que la nature retrouve ses droits. Jusqu’à ce que les blessures de l’histoire puissent enfin commencer à guérir.
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