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Quand les coupables marchent avec leurs victimes !
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Quand les coupables marchent avec leurs victimes !
Que les travailleurs et les syndicalistes soient côte à côte pour défendre leurs droits et réclamer le rétablissement de l’âge de la retraite à 60 ans est légitime. Cette revendication incarne les voix citoyennes qui refusent de payer le prix de la mauvaise gestion économique des anciens dirigeants que le gouvernement actuel veut faire porter à la population.
Mais que Jugnauth et les siens – responsables d’avoir dilapidé les fonds publics et mal géré le pays – osent se joindre à cette même marche relève d’une indécence inqualifiable ! Leur présence témoigne d’un mépris envers les Mauriciens qui n’ont pas la mémoire courte et qui n’oublient pas une décennie de gouvernance autoritaire, de malversations, de mensonges et de mainmise sur nos institutions.
Le tableau est plutôt cocasse même si le sujet – la révision de l’âge de la pension à 65 ans – ne prête pas à rire. Voilà un ancien Premier ministre qui, après une cuisante défaite électorale, n’a pas eu le courage de s’adresser à ses partisans et qui ose, aujourd’hui, défiler aux côtés des travailleurs alors qu’il est le premier responsable de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays !
Voilà un chef de parti qui est au cœur d’un scandale lié à des valises d’argent, convoqué à plusieurs reprises devant la FCC, qui a l’audace d’essayer de détourner une mobilisation populaire à son profit, capitalisant sur une revendication qui ne lui appartient pas ! Cette récupération politique est non seulement grossière, mais insulte l’intelligence collective des Mauriciens.
Et que dire de son ancien ministre des Finances, l’opportuniste Padayachy, lui aussi visé par des enquêtes, resté silencieux pendant des mois après la publication accablante du rapport The State of the Economy et qui refait surface – sur les réseaux – en tentant de se donner une nouvelle virginité politique. Alors qu’il a contribué à une dévaluation de notre roupie, tout en affaiblissant le pouvoir d’achat des Mauriciens et en rendant précaire la vie des travailleurs, aujourd’hui il nous fait croire qu’il les défend.
L’ancien ministre des Finances découvre soudainement que «de plis an plis Morisien, zanfan, pou dormi vant vid…», accusant le gouvernement de mensonges et de démagogie, et oubliant que les maux qu’il attribue à l’équipe du Changement furent les axes principaux du gouvernement MSM pendant dix ans.
À l’Assemblée nationale encore cette semaine, le Premier ministre a peint un tableau sombre, en rappelant que Jugnauth et ses camarades avaient maquillé les comptes, distribué sans compter, tout en ruinant les bases de notre économie. Le lourd héritage donne froid dans le dos : une dette publique de Rs 642 milliards, soit 90% du PIB, un déficit budgétaire réel de 9,8% contre les 3,4% annoncés en juin 2024 par le même Padayachy, qui, au lieu de faire montre d’une certaine retenue, se répand de manière obscène….
La stratégie du MSM est un disque rayé connu de tous : profiter du premier mécontentement populaire envers le gouvernement pour réinstaller un discours populiste afin de se repositionner dans le paysage politique. Les Oranges attendent ainsi, sur le court terme, une cassure entre les partenaires majoritaires (ce qui ne semble pas être d’actualité après les commentaires flatteurs de Ramgoolam envers Bérenger, qualifié de père de l’économie).
Sur le long terme, le parti Soleil parie sur cette idée tenace qu’il ne peut y avoir que deux patronymes au sommet de l’État. Si Ramgoolam est au pouvoir aujourd’hui, alors le prochain tour reviendrait forcément à Jugnauth ! Car l’alternance se résume aux yeux des pouvoiristes à un jeu entre les deux familles qui croient que le fauteuil de Premier ministre doit leur revenir de droit. Les manoeuvres commencent déjà et le sujet sensible de la pension représente une manne pour un MSM qui a toujours pratiqué une politique de distribution de cadeaux envers les pensionnés.
Personne n’est dupe, heureusement. On sait tous faire la différence entre une mobilisation disant non à l’injustice ressentie et une récupération orchestrée par ceux qui ont mis le pays à genoux avec les conséquences que l’on connaît. Entre un retour en arrière avec une ancienne équipe qui a échoué et une illusion d’un gouvernement n’arrivant pas à honorer ses promesses, les citoyens savent qu’ils ne peuvent que compter sur leur force commune pour réclamer leurs droits !
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