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57 ans d’indépendance

Pour une société plus inclusive

12 mars 2025, 20:00

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Pour une société plus inclusive

Le 12 mars 1968, Maurice a pris son envol vers l’indépendance, un vol qui continue d’inspirer fierté et réflexion. Cinquante-sept ans après, la question se pose : l’Indépendance est-elle toujours un événement marquant ? Si des progrès sont visibles, des frustrations subsistent. De l’espoir de bâtir une nation plus juste à la quête d’une identité nationale qui reste fragile, les témoignages de figures publiques et de citoyens lambda révèlent une île en quête d’un nouveau cap, où l’avenir se dessine entre rêves d’unité et réalités sociales.

Mahend Gungapersad, ministre de l’Éducation : «Bâtir une île plus juste et équitable»

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«L’Indépendance sera toujours un événement marquant. La patrie passe avant tout. C'est l’événement le plus important pour nous tous. Il faut continuer de bâtir la nation mauricienne. Il faut réaffirmer notre mauricianisme et se sentir fiers de notre vivre-ensemble. Il faut combattre la drogue, le communalisme, le sectarisme et le passe-droit.

Il existe une identité nationale, mais il faut rester vigilants. Le tissu social est fragile. Nous avons vu comment certaines personnes ont tenté de semer la division pendant la campagne électorale pour conserver le pouvoir. Il faudra davantage affirmer notre identité nationale.

Il faudra bâtir une île plus juste et équitable. Il faudra faire revivre nos valeurs communes. Je suis prêt à me battre pour nos enfants, qui représentent l’avenir de ce pays. D’ailleurs, j’ai pris l’engagement de ne pas laisser nos écoliers et nos étudiants sur la touche.»


Nitish Beejan, député au no 6 : «As one people, as one nation»

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«L’Indépendance de l’île Maurice, obtenue le 12 mars 1968, demeure un événement marquant de l’histoire du pays, symbolisant l’avènement de la souveraineté nationale. Cinquante-sept ans plus tard, elle continue d’être célébrée avec fierté, tout en suscitant des réflexions sur les attentes, les frustrations et l’identité nationale.

L’Indépendance a nourri de grandes espérances : développement économique, justice sociale et unité nationale. Maurice a connu des succès indéniables, notamment une transition réussie vers une économie diversifiée (sucre, textile, tourisme, services financiers) et une démocratie stable. Cependant, des frustrations persistent, liées aux inégalités sociales, à la corruption, aux défis environnementaux et aux tensions communautaires, particulièrement au cours des dix dernières années. Certains estiment que les promesses de l’Indépendance, comme une répartition plus équitable des richesses, restent inachevées.

Maurice est une mosaïque culturelle, nourrie d’influences indiennes, africaines, chinoises et européennes. Cette diversité constitue à la fois une richesse et un défi. Si une véritable identité nationale se construit progressivement, elle demeure parfois fragilisée par des divisions ethniques et religieuses. Le kreol, langue commune, et des symboles comme le dodo contribuent néanmoins à renforcer le sentiment d’appartenance.

Pour les jeunes générations, l’enjeu est de concilier tradition et modernité. Elles aspirent à une société plus inclusive, transparente et durable. La lutte contre la drogue, le chômage des jeunes, l’adaptation aux changements climatiques et la promotion de l’innovation figurent parmi leurs priorités. Une vision claire et collective, portée par le gouvernement, est nécessaire pour transformer ces aspirations en réalité.

En somme, l’Indépendance reste un pilier de l’histoire mauricienne. Son héritage doit être réinterprété pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain, tout en consolidant l’unité dans la diversité et en affirmant l’identité nationale. As one people, as one nation


Ornella Laflèche-Froget, créatrice de contenu : «Espoir de retrouver l'envie de célébrer ensemble, en tant que peuple»

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«J’aime mon île et je ne me vois pas la quitter un jour. J’ai toujours ressenti une immense fierté à dire que je suis Mauricienne, mais je dois avouer que je ressens de moins en moins de ferveur autour de l’Indépendance… Peut-être à cause de la manière dont elle est “célébrée” nationalement ces dernières années ? Ou alors parce que la culture et les artistes n’ont plus vraiment leur place ? L’Indépendance restera toujours une date importante, mais j’espère que nous retrouverons l’envie de la célébrer ensemble, en tant que peuple.

Nous sortons tous d’une période assez particulière. Jusqu’à récemment, nous avons vécu une forme d’oppression, et les frustrations en sont la conséquence logique. Nous avons encore beaucoup de plaies à panser, beaucoup d’injustices à réparer… Nous avons réclamé du changement, et je comprends bien qu’il est impossible de remettre tout un pays sur les rails en un ou deux mois. Oui, l’amertume est toujours là, et nous payons encore les erreurs du passé (il n’y a qu’à voir la facture à la caisse en fin de mois quand on fait ses courses !), mais je garde espoir que nos frustrations s’apaiseront avec le temps.

Être Mauricien, pour moi, c’est manger son diri bouyon bred pwason sale, écouter un petit sega pour se mettre de bonne humeur ou tous sali dan maryaz. C’est parler en kreol et utiliser des mots bien colorés quand on nous embête. J’aime toutes ces petites choses uniques à mon île, et je pense que ce sont elles qui forgent notre identité nationale, bien propre à nous, les Mauriciens.

Je suis une jeune maman, et ce n’est que depuis l’arrivée de mon bébé que je me projette vraiment dans l’avenir, avec les doutes et les craintes que tous les parents connaissent. Dans quel monde vais-je le laisser ? Sera-t-il assez armé ? Assez avisé pour reconnaître le danger de loin ? Les nouvelles sont choquantes chaque jour, et cela fait peur pour nos enfants.

Mon cœur de maman espère que la drogue synthétique ne sera plus un fléau pour notre jeunesse, que nos enfants pourront profiter de la beauté de notre île et, peut-être, à leur tour, y voir grandir leurs propres enfants. Je souhaite que mon fils puisse récolter les fruits de son travail plus tard, avec une véritable indépendance financière et sociale.»


Tejasveer Kumar Bundhoo, «Anti Money Laundering Specialist» : «Les Mauriciens méritent un niveau de vie à la hauteur de leurs efforts»

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«L’Indépendance de Maurice, 57 ans après, demeure un événement hautement significatif. Nos ancêtres ont mené une lutte acharnée pour libérer notre nation du joug colonial et bâtir un État indépendant, régi par l’État de droit et une Constitution garantissant les droits fondamentaux de chaque citoyen. Cette quête de liberté et d’autodétermination a été une conquête historique qui continue de façonner notre identité collective.

L’attachement du peuple mauricien à la démocratie s’est manifesté avec ferveur lors des dernières élections générales, où l’engagement civique a été palpable. Tout récemment, la nuit précédant le comptage des voix, l’attention et la vigilance des citoyens témoignaient de leur exigence d’un processus électoral transparent et d’une gouvernance juste. Ces aspirations sont légitimes et révèlent un besoin profond de justice, de méritocratie et de liberté.

Sur le plan économique, les Mauriciens attendent des mesures stratégiques pour diversifier les piliers de l’économie et contrer l’inflation. Travaillant avec ardeur, ils méritent un niveau de vie à la hauteur de leurs efforts.

Maurice est un microcosme unique, où plusieurs communautés coexistent en harmonie. L’histoire nous a montré que lorsque la patrie appelle, nous répondons en tant qu’un seul peuple, une seule nation. Ceux qui ont vécu à l’étranger peuvent en témoigner : l’attachement à notre terre et la fraternité entre compatriotes transcendent toutes les barrières religieuses et culturelles. Notre identité nationale est bien réelle, vibrante et forte.

Les jeunes, qu’ils soient engagés en politique ou dans d’autres sphères, aspirent à une Maurice prospère, stable et inclusive. Ils veulent des opportunités à la hauteur de leur talent et de leurs ambitions. Il est temps de libérer tout le potentiel de notre pays et de son peuple.

Nous avons lutté pour sortir des griffes du colonialisme, et malgré toutes les difficultés, nous sommes aujourd’hui le no 1 dans la région africaine, excellant dans de nombreux indices de développement, de stabilité et de puissance économique. En ce jour spécial, nous sommes honorés par la présence d’un invité d’honneur, une personnalité géante d’une grande démocratie, Narendra Modi. Cela témoigne de la grandeur de Maurice, une petite île qui, pourtant, joue un rôle majeur sur la scène internationale.

En ce jour mémorable, je souhaite à tous mes compatriotes une très belle fête de l’indépendance. Vive l’Île Maurice !»


Dhaneshwar Damry, «junior minister» aux Finances : «Nous fêtons aujourd’hui la liberté retrouvée»

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«Je ne suis né qu’après l’Indépendance. Je n’en connais que les récits que mes parents et grands-parents m’en ont faits. Mais cette année, j’ai l’impression de vivre à nouveau un événement d’une por tée hautement symbolique. Nous avions perdu, lors des dix dernières années, beaucoup de libertés. Nous avions cédé notre indépendance non pas à une puissance étrangère, mais à une mafia locale. Nous fêtons aujourd’hui la liberté retrouvée, la sérénité retrouvée.

Il reste que nous devons tirer les leçons de ce triste épisode de notre histoire. Nous ne devons jamais oublier que les mafias locales sont redoutables. Cette lutte continue par nos efforts pour remettre de l’ordre dans la police, dans la Financial Crimes Commission, qui a retrouvé son intégrité, et dans toutes les institutions du pays.

Un autre grand chantier de ce gouvernement est la lutte pour retrouver notre indépendance financière. Aujourd’hui, l’affaiblissement de notre gouvernance implique que nous avons moins de marge de manœuvre budgétaire et que nous avons plus de mal à attirer des bailleurs de fonds. Notre priorité est de restaurer la gouvernance, de payer nos dettes, afin que nous retrouvions une plus grande liberté financière.

Ensuite, je souhaite que les jeunes retrouvent leur indépendance d’esprit. Je voudrais que les jeunes mauriciens réfléchissent non pas en termes de comment réinventer le système, les entreprises, l’économie. Je veux recréer un monde de start-up et d’entrepreneurs.»


Eric Ng Ping Cheun, économiste : «Nous aurons à faire beaucoup d’efforts pour devenir une économie à revenu élevé»

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«L’Île Maurice étant encore une jeune nation, la fête de l’Indépendance du pays est toujours un événement marquant pour nous, les Mauriciens. En tant que pays souverain, Maurice a su tracer son chemin de développement. Je ne suis pas certain qu’il aurait atteint le même niveau de développement économique et social s’il était resté une colonie britannique.

De 200 dollars américains en 1968, le revenu par tête est passé à environ 12 000 dollars en 2024. Le PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat est même de l’ordre de 30 000 dollars. C’est dire que le Mauricien a le même niveau de vie qu’un résident des États-Unis qui gagne 30 000 dollars par an. Le progrès réalisé depuis 57 ans est indéniable. Évidemment, il y a encore matière à amélioration, Maurice étant toujours un pays à revenu intermédiaire. Nous aurons à faire beaucoup d’efforts pour devenir une économie à revenu élevé.

Je conçois que les attentes des Mauriciens soient énormes, et elles sont en termes de pouvoir d’achat, d’emplois durables pour les jeunes, d’égalité de chance et de démocratisation de l’économie. Sans compter que la population escompte des résultats sur la lutte contre la corruption et sur des avancées démocratiques. Le gouvernement du jour fera tout son possible pour satisfaire ces attentes, mais il importe aussi que chacun se demande ce qu’il peut faire pour son pays.

Sous le précédent régime, l’avenir paraissait bouché pour les jeunes générations, frustrées par la culture de favoritisme qui a gangrené nos institutions. Maintenant, je sens dans la population active une volonté de reconstruire le pays, comme un seul peuple, une seule nation. Je pense que l’identité nationale s’est dessinée dans les élections du 10 novembre 2024 qui ont marqué une victoire sur la politique de division.»


Veenesh Koonjal, consultant en développement social : «Énormément de chantiers à ouvrir»

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«En ce jour d’Indépendance, il faut s’arrêter pour engager une réflexion sur le pays et les principaux enjeux, tant sociétaux qu’économiques, auxquels il est confronté. C’est d’autant plus important que le 57e anniversaire de l’Indépendance coïncide avec l’avènement d’un nouveau gouvernement qui souhaite donner une nouvelle direction à ce pays.

Il y a des urgences auxquelles il faut s’attaquer, comme la démocratie qu’il faut rétablir, la liberté individuelle, trop souvent prise comme un acquis mais régulièrement soumise à des contraintes, la justice, que l’on a trop souvent vue bafouée ou politisée, ainsi que l’état de l’économie du pays, qu’il faut reconstruire et remettre sur les rails après ce qui a été observé dans The State of the Economy, préparé par le ministère des Finances.

Mais il y a aussi d’autres priorités, comme la mise en place d’une véritable politique d’autosuffisance, car celle en place aujourd’hui court à l’échec, le niveau de nos infrastructures, qui a certes connu des progrès au niveau des routes ces dernières années, mais qui reste largement à la traîne en ce qui concerne le système de drainage du pays, l’exode des cerveaux de la finance vers d’autres juridictions, ou encore la mauvaise gouvernance des sociétés d’État et autres corps paraétatiques, menant à des faillites financières.

Et quid de l’identité nationale ? Est-elle ancrée chez les jeunes, ou faut-il la reconstruire après 57 ans d’Indépendance ? Autant de réflexions qui doivent animer chaque Mauricien et Mauricienne, ainsi que ceux qui nous gouvernent, afin de prendre conscience que les défis sont énormes et qu’il y a énormément de chantiers à ouvrir.»

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Shakeel Mohamed, ministre du Logement et des Terres, n° 3 du gouvernement : «Il faut mettre en pratique les paroles de l’hymne national»

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«Le Mauricien lambda éprouve un profond désir d’unité nationale. Cependant, le tissu social et l’unité restent très fragiles. De légères secousses suffisent à provoquer des conséquences sur ce tissu social extrêmement vulnérable. Cela démontre que les paroles de l’Indépendance, As one people, as one nation, malheureusement, après 57 ans, ne sont pas pleinement comprises par beaucoup. Nombreux sont ceux qui ne réalisent pas l’importance de ces paroles de l’hymne national et ne les appliquent pas dans leur quotidien.

Il est essentiel de consolider ce tissu social afin que nous n’ayons plus à craindre quoi que ce soit. Lorsqu’il faut émettre des critiques, elles doivent pouvoir l’être ouvertement. Il nous faut un peuple mûr. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir, et cela doit devenir une priorité pour bâtir une véritable unité et appliquer, à la lettre, les paroles de l’hymne national. Telle doit être notre motivation et notre vision pour toute l’île Maurice.»


Emilie Soogund, 20 ans, employée dans le social «Que chacun trouve sa place dans ce pays…»

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«L’Indépendance de Maurice, acquise en 1968, reste un jalon historique majeur. Cependant, 57 ans après, son caractère marquant est sujet à débat. Pour certains, c’est une date symbolique qui rappelle la lutte et les sacrifices pour l’autodétermination. Pour d’autres, elle perd de sa portée face aux défis socio-économiques actuels et à la politique de népotisme mauricienne.

Les attentes d’une nation indépendante étaient grandes : prospérité, justice sociale, égalité des chances. Des progrès indéniables ont été réalisés en matière d’éducation, d’infrastructures et de stabilité politique. Pourtant, les frustrations persistent : chômage des jeunes, coût de la vie, corruption, et un sentiment d’exclusion face à un système trop souvent verrouillé. L’aspiration à une véritable méritocratie et autonomie reste un combat inachevé.

Quant à l’identité nationale, elle oscille entre unité et fragmentation. Maurice est un pays multiculturel où la diversité est une richesse, mais parfois aussi un frein à la cohésion. L’unité nationale ne devrait pas se limiter aux discours du 12-Mars, mais se traduire par des politiques inclusives et une vision commune du progrès.

Sur cette note, bonne fête de l’Indépendance à tous ceux qui me lisent ! Je vous souhaite une île Maurice plus inclusive, où chacun trouve sa place dans ce pays trop souvent dominé par une élite déconnectée.»


Bruno Raya, artiste et organisateur d’événements : «L’ancien gouvernement a détruit l’identité nationale»

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«Après 57 ans, il faut faire de cette célébration un événement marquant, parski li nepli mark personn. L’ancien gouvernement a tout gâché. Lepok MSM ti ena 5 lisien ek 2 sat dan selebrasion-la. Je peux comprendre que cette année, il soit difficile d’organiser une fête grandiose comme espéré, car il faut composer avec le budget laissé par le précédent régime. Mais c’est une fête nationale, et nous devons en faire un événement marquant. La fête de l’Indépendance devrait être le plus grand événement annuel du pays. Nous disons tous que nous sommes fiers d’être Mauriciens, que nous aimons notre culture : cette célébration doit être à la hauteur de ces valeurs.

Certains politiciens, par leurs actions, ont détruit notre identité nationale. L’exemple vient d’en haut. Pravind Jugnauth a désuni les Mauriciens. L’unité nationale n’existait plus. Avec l’affaire Moustas Leaks, nous avons entendu des propos à caractère communal. Cela a déchiré le quadricolore. C’est triste. Pourtant, le peuple lui-même est patriote. Il répond toujours présent lors des événements artistiques, sportifs, et même dans les épreuves comme les cyclones ou les inondations. Mais certains politiciens utilisent le pouvoir et l’argent pour diviser et mieux régner.

Avant, nous ne pouvions pas nous exprimer par peur des représailles. Aujourd’hui, nous devons reconstruire le tissu national. Tous ensemble, nous devons raviver notre sens patriotique. Dans trois ans, nous célébrerons les 60 ans de l’Indépendance. Espérons que, cette fois, la fête sera à la hauteur de notre nation.»


Arrmaan Shamachurn, président de SOS patrimoine en péril «Grand temps de protéger tout le champ-de-mars»

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«Nous ne nous sommes pas battus pour notre indépendance comme dans d’autres pays, mais cette date marque un tournant dans notre histoire. Elle devrait être la plus importante du calendrier de l’État. L’Indépendance coïncide avec l’accession au statut de République. On parle de souveraineté sous toutes ses formes. De ce fait, il n’est pas approprié de nous appeler Chota Bharat ou Little India. Nous respectons les pays amis, mais le 12-Mars célèbre la fin de l’emprise coloniale, quelle qu’en ait été la forme.

Comme c’est une célébration nationale, il aurait fallu une task force comme pour les fêtes religieuses. Un comité qui inviterait le public à participer bien en avance à cet événement. C’est l’occasion de développer le patriotisme.

Il y a la National Flag, Arms of Mauritius, National Anthem and Other National Symbols of Mauritius Act (2022), mais la procédure pour inclure d’autres symboles n’est pas claire. Le dodo n’y figure pas. Et que dire du Champ-de-Mars, où se tient la cérémonie officielle du lever du drapeau ? Il est grand temps de le protéger dans son intégralité. Soit sous la National Symbols Act ou la National Heritage Act. Dans trois ans, nous allons célébrer les 60 ans de l’Indépendance, que l’on lance les procédures nécessaires pour que le Champ-de-Mars devienne un patrimoine.

Il est grand temps d’avoir un centre de recherches voire un musée de l’indépendance, où l’on regroupe toutes les photos, vidéos et documents concernant cette date importante. Est-ce que toute la documentation est à Maurice ? C’est important pour enseigner l’histoire aux nouvelles générations. Célébrer l’Indépendance ne doit pas servir à battre un record Guinness ou pour obtenir une independence allowance


Ras Natty Baby, artiste «Prenons notre indépendance des religions»

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«Le mot indépendance a une grande profondeur. L’indépendance de décider, l’indépendance de réfléchir en tant que pays. Nou lizie finn ouver. Nou pa bizin ena met. Cela implique beaucoup de choses. Nous sommes tous des descendants de migrants, venus d’ailleurs. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice, même dans la souffrance, la domination, la discrimination, pour construire la nation mauricienne.

Zordi ena enn bar savon anba nou lipie. Il y a des revendications de l’identité ancestrale, mais il est temps que nous nous considérions comme une République, comme une nation pluriculturelle. Il y a du travail à faire.

La religion doit rester une pratique personnelle. La situation actuelle, c’est que les religions ont été institutionnalisées. Zot gagn kas ar Leta. C’est un give and take. Quand je te donne de l’argent tu dois travailler pour moi. Dans les cérémonies, les politiciens les caressent dans le sens du poil. Sakenn rod so bout. Subventionner les religions n’est pas une bonne chose pour la démocratie. Les religions devraient fonctionner à partir des contributions des fidèles. Les religions ne devraient pas faire partie de la politique du gouvernement. Ena pret pe roul BMW, fidel pe bizin galoup deryer bis.

La nouvelle génération qui a accès à l’information, il faudrait qu’elle écoute tout ce que les artistes ont chanté. Je ne dis pas que moi, mais Kaya, Désiré François. Tous ceux qui ont chanté en faveur de l’unité nationale. Peut-être qu’un jour cela arrivera à leurs oreilles.»


Babita Thannoo, députée «Une île où il n’y a pas d’exploitation humaine»

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Maurice célèbre son 57e anniversaire d’Indépendance, une date charnière dans l’histoire de l’île. Pour la députée Babita Thannoo, cette indépendance a marqué un tournant décisif en mettant fin au colonialisme et en permettant à la nation de s’affirmer. Si certaines divisions, notamment communales, persistent, elle souligne que les Mauriciens partagent un attachement profond à l’avenir du pays et à son développement. Elle rappelle également l’épisode du naufrage du Wakashio, qui a renforcé la solidarité nationale autour de la protection de l’environnement. Pour elle, l’indépendance doit continuer d’être célébrée, car elle symbolise la naissance d’une nation unie.

Revenant sur les aspirations des Mauriciens, Babita Thannoo reconnaît les frustrations nées d’une décennie marquée par des dysfonctionnements institutionnels et une gouvernance défaillante. «Le peuple attend des institutions plus efficaces, une meilleure qualité de vie et une justice sociale renforcée.» Elle assure que le gouvernement actuel est conscient de ces attentes et travaille à l’amélioration des services publics ainsi qu’à la mise en place de solutions concrètes pour répondre aux besoins des citoyens.

Pour la députée, l’identité nationale mauricienne est bien réelle. Elle en veut pour preuve l’engagement de la diaspora, qui s’est mobilisée lors des élections de novembre 2024 en revenant voter à Maurice. Ce geste traduit, selon elle, l’attachement profond des Mauriciens à leur île, qu’ils y résident ou non. Babita Thannoo met également en avant la richesse culturelle de Maurice, caractérisée par une identité créolisée et métissée. La langue nationale, en particulier, incarne à ses yeux la résilience et la force du peuple mauricien.

Quant à l’avenir de l’île et des jeunes générations, la députée insiste sur l’importance de l’action collective pour relever les défis à venir. Elle met en avant la protection des plus vulnérables et de l’environnement comme priorités absolues. «Nous voulons une île où il n’y a pas d’exploitation humaine.» Elle aspire à une société plus juste, où les droits des citoyens sont pleinement respectés. En guise d’inspiration, elle cite le Bhoutan, pays qui mesure le bonheur national brut, soulignant l’idée d’un modèle de développement axé sur le bien-être collectif.


Ming Chen, directeur de la librairie Le Cygne «Locataires dans nos propres îles sans…»

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«Même si les racines sont encore bien présentes, il est un fait que nous sommes un État souverain reconnu de tous. Le 12-Mars est une date, un symbole de libération et d’autonomie. Probablement parce que nous sommes blasés, nous avons tendance à oublier, sur une base journalière, que nous sommes souverains.

Étant une jeune nation, nous prenons le temps qu’il faut pour nous établir. L’exaspération des uns et des autres est légitime, car il y a une tendance maléfique à diviser notre nation pour la contrôler. Une chose qui n’évolue pas dans la bonne direction reste la médiocrité dans nombre de nos institutions. La frustration est étroitement liée à un manque de vision. Avec l’avènement des véhicules électriques, par exemple, il était évident que l’île allait faire face à un déficit en termes d’électricité. Pour l’eau, c’est la même chose.

Je ne pense pas que l’on puisse parler d’une identité nationale, car nous sommes multiculturels. C’est l’acceptation des uns et des autres qui fait la différence. Ce sont nos différences qui font notre richesse. Malheureusement, ils sont trop nombreux à s’être servis de ces différences à des fins personnelles. Sans jamais oublier que la chose en commun pour tous les Mauriciens demeure la langue kreol, une richesse incroyable.

Parlons plutôt d’espoir que de vision. L’île Maurice se désengage de la production, car, d’une part, nous possédons peu de matières premières et, secundo, le travail manuel a ses limites. Les jeunes n’ont pas les moyens d’investir dans le foncier, ils doivent se cantonner à développer leurs talents, qui ne sont hélas pas nécessairement reconnus. Ainsi, les départs à l’étranger sont souvent la seule voie. Sans une politique adéquate, les Mauriciens risquent de se retrouver locataires dans leurs propres îles, ce qui est en totale contradiction avec une vision de l’avenir.»


Jayen Chellum, secrétaire général de l’ACIM «Les générations futures se sentiront pleinement mauriciennes»

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«La fête de l’Indépendance d’un pays est toujours un événement marquant, peu importe le nombre d’années depuis que le pays a obtenu son indépendance. C’est un événement marquant, car nous ne sommes plus sous le joug du colonialisme. Il faut rappeler aux jeunes qui ne connaissent pas, ou très peu, l’histoire du pays. Il faut leur dire qu’à un moment, nous n’étions pas libres de diriger notre pays, qu’on n’était pas libres de nos choix.

Après 57 ans, il y a l’esquisse d’une identité nationale qui se dessine. Cette identité nationale s’est démontrée à différents moments de notre histoire, notamment lors de catastrophes comme celle du Wakashio. Nous avons aussi notre langue nationale, notre culture ; cela démontre que nous sommes des Mauriciens à part entière. Il y a aussi le fait que, quand nous sommes à l’étranger, nous ressentons ce besoin de nous rapprocher d’autres Mauriciens.

Au-delà de cela, il faut dire que nous sommes certaines fois manipulés par les politiciens et certains responsables de groupes sociocul- turels. Ils mettent l’accent sur nos différences plutôt que sur ce qui nous rassemble. La dernière élection générale a démenti l’idée selon laquelle les régions urbaines et rurales votaient différemment. Est-ce que cela a été un pas de plus vers l’unité nationale ?

Il y a encore beaucoup de choses à faire pour rassembler les Mauriciens en une seule nation, mais je suis confiant que nous sommes sur la bonne voie. Et à un moment donné, les générations futures se sentiront pleinement mauriciennes dans leur peau, au-delà du fait que nous avons des différences culturelles, car celles-ci apportent plus de richesse que d’éléments de séparation.

Avec ce qui se passe dans le monde actuellement, la géopolitique pourrait affaiblir notre souveraineté. Dans ce contexte, nos choix seront très importants, notamment pour les jeunes.»


Sharanaz Subratty, fondatrice & CEO de Casting World Ltd «Préoccupant de voir tant de jeunes en quête de meilleures opportunités à l’étranger»

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«L’Indépendance demeure un moment fort pour moi en tant que Mauricienne. Brandir le drapeau et célébrer notre identité nationale est une immense fierté. Cette date symbolise non seulement notre liberté, mais aussi l’unité qui nous rassemble. Elle ravive le sentiment d’appartenance et nous invite à réfléchir aux défis à relever pour un avenir meilleur.

Mon souhait le plus cher est que les Mauriciens restent solidaires dans leur diversité et cultivent un climat de paix, d’amour et de respect mutuel. Aujourd’hui, il est préoccupant de voir tant de jeunes quitter le pays en quête de meilleures opportunités à l’étranger. J’espère que la situation évoluera et que le nouveau gouvernement mettra en place des initiatives pour leur offrir des perspectives attractives. Enfin, la préservation de notre environnement est essentielle pour les générations futures. Chacun doit assumer sa part de responsabilité afin de protéger notre île et d’en faire un endroit plus propre et durable.»


Ram Etwareea, député de Grand-Baie–Poudre-d’Or «L’unité nationale demeure notre plus grande force»

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«La célébration revêt une importance particulière pour moi. En 1968, alors que j’avais dix ou 11 ans, j’ai eu l’honneur d’être l’un des élèves de l’école gouvernementale de Fond-du-Sac choisis pour chanter l’hymne national. Aujourd’hui, en tant que député, pouvoir célébrer l’Indépendance et adresser un message aux enfants de cette même école est une immense satisfaction et une source de bonheur.

Je ressens une ferveur nouvelle chez de nombreuses personnes cherchant des drapeaux, signe de patriotisme et d’un nouvel élan depuis novembre dernier. Cet enthousiasme doit se traduire par un engagement quotidien pour notre pays.

Nous sommes confrontés à de nombreux défis : les effets du changement climatique, avec des inondations et, paradoxalement, des périodes de sécheresse, les inégalités sociales et le fléau de la drogue. Mais Maurice possède des atouts précieux, notamment l’accès à l’éducation et à la santé, sans oublier l’unité nationale, qui demeure notre plus grande force. Ces éléments sont essentiels pour bâtir une société plus forte, plus équitable et plus résiliente face aux épreuves, tout en préparant les jeunes de demain.

Les enfants sont les garants de notre avenir. Il est donc crucial de leur inculquer, dès le plus jeune âge, les valeurs de l’unité nationale et de leur offrir des opportunités égales afin qu’ils soient prêts à assumer les responsabilités de demain.»


Yugeshwur Kisto, président Government Secondary School Teachers’ Union «L’école joue un rôle crucial»

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«La célébration des 57 ans de l’Indépendance mauricienne demeure incontestablement un événement marquant. Cette date symbolise notre émancipation collective et notre capacité à nous gouverner en tant que nation souveraine. Pour les enseignants que je représente, c’est aussi l’occasion de réfléchir à l’évolution de notre système éducatif depuis l’Indépendance.

Nos attentes au fil de ces 57 années ont été nombreuses. Nous avons espéré voir l’éducation devenir le véritable moteur de l’ascension sociale et du développement national. En grande partie, le système éducatif mauricien a permis de former des générations de professionnels qui ont contribué au miracle économique mauricien. Cependant, nos frustrations restent significatives. Le système demeure trop élitiste et compétitif, perpétuant des inégalités persistantes. Les conditions de travail des enseignants se sont améliorées, mais nous faisons face à des défis croissants : classes surchargées, infrastructures parfois inadéquates, pression administrative accrue et reconnaissance insuffisante de notre profession.

Quant à l’identité nationale, elle existe, mais elle est en constante évolution. Maurice a réussi le pari d’une coexistence pacifique entre différentes communautés, religions et cultures. Notre identité nationale réside précisément dans cette capacité à vivre ensemble dans la diversité. L’école joue un rôle crucial dans ce processus, en étant un lieu de rencontre entre toutes les composantes de la société mauricienne.

Pour l’avenir et les jeunes générations, notre vision en tant qu’éducateurs est claire : nous devons transformer notre système éducatif afin qu’il prépare véritablement les jeunes aux défis du XXIe siècle. Cela implique moins de compétition et plus de collaboration, moins de mémorisation et plus de créativité, moins de cloisonnement et plus d’interdisciplinarité. Nous devons également intégrer pleinement les technologies numériques, tout en préservant nos valeurs humanistes. La GSSTU milite pour une revalorisation de la profession enseignante, car investir dans les enseignants, c’est investir dans l’avenir de notre pays. Nous aspirons à faire de Maurice un modèle éducatif dans la région, alliant excellence académique et épanouissement personnel de chaque élève. Notre indépendance ne sera véritablement accomplie que lorsque chaque jeune Mauricien, quelle que soit son origine sociale ou géographique, pourra développer pleinement son potentiel grâce à une éducation de qualité.»


Ashvin Gudday, négociateur de la Private Sector Employees Union «Together, we can!»

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«Le 12-Mars marque un moment fort pour la nation mauricienne. Cette année encore, la célébration de notre 57e année d’Indépendance rappellera à chacun d’entre nous la fierté d’appartenir à cette Star and Key of the Indian Ocean. Le lever du drapeau et l’hymne national résonneront comme un appel à poursuivre notre engagement vers un avenir plus juste et prospère, en concrétisant les idéaux de Peace, Justice & Liberty que nous chantons depuis 1968. Mais au-delà des festivités, les attentes restent nombreuses. Beaucoup s’interrogent sur les défis persistants : la gouvernance, la transparence et la lutte contre la corruption. Les citoyens attendent des actes concrets pour en finir avec le népotisme et garantir un véritable mérite au sein des institutions. Les frustrations s’expriment aussi face aux difficultés économiques et aux turbulences de certains secteurs clés, notamment notre compagnie nationale d’aviation.

L’identité mauricienne repose sur la solidarité et la résilience. Nos choix politiques sont déterminants, et l’heure est venue de repenser notre modèle électoral pour plus d’inclusion et d’équité. Les jeunes, inquiets pour leur avenir, appellent à des réformes éducatives durables, une meilleure gestion des ressources et une prise de conscience écologique. L’heure est à l’action. Pour réaliser le Rêve Mauricien, nous devons ensemble poser les bases d’un avenir plus juste, innovant et durable. Yes, Mauritius… Together, we can


Jane Ragoo, syndicaliste «Construire sans classe, sans race, sans couleur politique»

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À l’occasion de la fête de l’Indépendance, la syndicaliste Jane Ragoo revient sur la signification profonde de cette journée historique pour le pays. Pour elle, l’Indépendance constitue une étape fondatrice, riche en symboles et en luttes qui demeurent toujours d’actualité.

«Avoir l’indépendance d’un pays est essentiel.» Elle souligne le rôle déterminant des générations précédentes : «Nos grands-parents, impliqués dans la classe dirigeante de l’époque, ont travaillé dur pour nous libérer du joug colonial britannique. Nous avons prouvé que nous pouvions nous tenir debout par tous seuls.» Une conquête précieuse qu’il convient de préserver et de ne jamais banaliser.

Cependant, Jane Ragoo insiste sur le fait que l’indépendance ne garantit pas automatiquement la justice sociale et l’équité. «Toute la population a ses attentes et ses frustrations. Il existe encore une disparité criante dans la distribution des richesses.» Pour faire avancer le pays, elle plaide pour un engagement constant et des efforts soutenus sur le long terme : «Il faut travailler dur. Être idéaliste et se contenter de crier sans apporter de propositions concrètes ne suffit pas. Tout progrès nécessite une approche structurée à court, moyen et long termes.»

Elle met également en lumière une fracture identitaire persistante dans la société mauricienne. À l’étranger, dit-elle, «nous sommes Mauriciens». Mais sur le sol national, la réalité est différente : «Isi mo Indien, Kreol, Mizilman, Tamoul… e mo rod mo lidantite, mo par, mo bout.» Une situation paradoxale, d’autant plus incompréhensible pour les jeunes générations qui, selon elle, «se marient au-delà des barrières communautaires» et rejettent les divisions ethniques. Cette quête de reconnaissance et de justice s’est particulièrement manifestée lors de récents propos discriminatoires : «Regardez comment nous avons réagi lorsque certains imbéciles nous ont traités d’immigrants sans connaître notre histoire !»

L’un des piliers essentiels du progrès reste l’accès à une éducation de qualité pour tous. «Tout passe par l’éducation.» Résolument engagée dans une vision inclusive de la société, elle conclut avec conviction : «Je suis fière d’être Mauricienne. J’apporte ma contribution pour construire une île Maurice meilleure, sans classe, sans race, sans couleur politique… et j’aime mon île.»

En ce 12 mars, elle adresse un vœu simple mais sincère : «Bonne fête de l’Indépendance à tous et à toutes.»


Arvin Babajee, député au no 14 «57 ANS : Bilan, défis et perspectives»

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«Comme pour toute ancienne colonie ayant accédé à l’indépendance, la notion d’indépendance demeure d’une grande pertinence pour Maurice. Elle soulève des questions fondamentales : qui sommesnous ? D’où venons-nous ? Où en sommesnous aujourd’hui, et où allons-nous ?

Il est indéniable que Maurice a connu des progrès économiques considérables au fil des décennies. Le pays a été salué comme un modèle de réussite par des institutions telles que l’Organisation des Nations unies (ONU), la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), suscitant même l’envie de nombreux pays africains. Cependant, ces succès sont assombris par des années de corruption et de mauvaise gestion qui ont gravement terni l’image de la nation.

Autrefois considérée comme un phare d’espoir, notre démocratie a progressivement cédé la place à une kleptocratie, où les ressources de l’État ont été détournées et dissimulées à l’étranger, affaiblissant ainsi les réserves nationales. La recherche et la restitution de ces fonds illégalement transférés constituent aujourd’hui une priorité pour le gouvernement en place depuis 2024.

Maurice est-elle toujours la clé et l’étoile de l’océan Indien en matière d’opportunités économiques et maritimes, ou est-elle devenue un carrefour pour le trafic de drogue ? Ce fléau, qui s’est transformé en véritable calamité nationale, affecte gravement la main-d’œuvre et l’ensemble de la société. Le gouvernement actuel a adopté des mesures fermes pour lutter contre ce problème, longtemps toléré par les régimes précédents.

Malgré des avancées économiques indéniables, les inégalités sociales et l’injustice persistent. Il reste beaucoup à faire pour améliorer les conditions de vie des plus vulnérables, en particulier ceux situés au bas de l’échelle sociale.

En ce jour de commémoration, il est essentiel de réfléchir aux réalisations de ces 57 dernières années et d’envisager l’avenir de notre pays. Avons-nous réellement progressé en tant que nation ? Est-il temps de réorienter notre trajectoire ? Si oui, dans quelle direction devons-nous aller pour garantir un avenir plus prospère et plus équitable pour tous les Mauriciens ?

Il est grand temps de restaurer l’unité nationale. Nous devons replacer Maurice sur la voie de l’harmonie, où tous les citoyens, sans distinction de culture, de religion ou d’origine, peuvent se rassembler sous une même bannière et travailler ensemble pour le bien commun.

Permettons à Maurice de redevenir elle-même : une nation unie et prospère, fidèle à ses valeurs et à sa mission.


Anoup Goodary, avocat «L’avenir n’est pas si sombre»

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«Cinquante-sept ans plus tard, l’Indépendance reste un événement marquant. Nous sommes un pays relativement jeune, mais nous avons accompli des progrès remarquables dans de nombreux domaines et nous sommes fiers de notre position, même si un long chemin reste à parcourir pour améliorer la qualité de vie de notre population.

Nous aspirons à un pays offrant des chances égales pour tous, où la démocratie est respectée et où règnent transparence et responsabilité au sein du gouvernement. Nous souhaitons des réformes dans toutes nos institutions afin qu’elles puissent fonctionner pleinement et remplir efficacement leur rôle. Nous espérons également voir émerger de nouveaux piliers économiques et une gouvernance exemplaire, garantissant une répartition équitable des richesses du pays.

Et nous sommes unis. Unis au sein d’une diversité culturelle foisonnante. Certes, certains cherchent à diviser pour servir leurs propres intérêts, mais je crois fermement que nous formons une nation arc-en-ciel et que nous devons continuer à renforcer cette unité.

L’avenir des jeunes générations dépendra de la vision du nouveau gouvernement et des réformes qu’il mettra en place. Toutefois, l’avenir n’est pas si sombre. Nous restons optimistes quant à l’avenir de l’île Maurice. Notre pays a traversé de nombreuses épreuves et en est sorti plus fort. La résilience des Mauriciens ne doit pas être sous-estimée : nous sommes une nation forte et déterminée.»


Dominique Raya, créatrice d’entreprise «Garantir un héritage sain et prospère»

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«L’Indépendance de Maurice, acquise il y a 57 ans, demeure un événement marquant de notre histoire. C’est un symbole de notre lutte pour la liberté et de notre capacité à nous unir en tant que nation diverse. Cependant, aujourd’hui, de nombreuses attentes persistent. Beaucoup de Mauriciens ressentent une frustration face à des inégalités sociales croissantes et une corruption qui minent notre démocratie. La promesse d’un avenir meilleur semble souvent compromise par des défis économiques et environnementaux. Concernant notre identité nationale, elle est complexe et en constante évolution. Nous sommes un peuple riche en diversité culturelle, langue et tradition. Pourtant, il est crucial de renforcer ce tissu national en cultivant un sentiment d’appartenance partagé et en enseignant notre histoire collective aux jeunes générations. Pour l’avenir, il est vital d’investir dans l’éducation et l’émancipation des jeunes. Leur offrir des opportunités égales et les impliquer dans la prise de décisions est essentiel pour bâtir durablement. La lutte contre le changement climatique et la promotion d’une économie verte doivent devenir nos priorités pour garantir un héritage sain et prospère.

Nous avons le pouvoir de transformer notre pays pour qu’il soit une nation unie et solidaire, où chaque Mauricien a la chance de s’épanouir. Faisons de l’indépendance une réalité concrète pour tous.»


Cindy Koon, responsable d’une compagnie dans le secteur touristique «Résilience, progrès, identité…»

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Un modèle par fait pour la destination mauricienne, Cindy Koon, véritable patriote dans l’âme, est revenue au pays après avoir passé plusieurs années à l’étranger. La fête nationale, et surtout les 57 ans d’Indépendance de Maurice est un événement d’une grande importance aujourd’hui, car «l’Indépendance est bien plus qu’un simple jalon historique ; elle représente la résilience, le progrès et l’identité de Maurice». Bien que les défis aient évolué, l’essence de l’autodétermination et de l’unité reste significative, car c’est aussi un moment pour réfléchir à ce que nous avons accompli et à ce qu’il reste à faire.

Évoquant sa perception de la croissance économique depuis l’Indépendance, elle souligne que Maurice a connu une transformation remarquable, passant d’une économie basée sur le sucre à une économie diversifiée avec des secteurs florissants tels que le tourisme, la finance et la technologie. «Cependant, cette croissance a également entraîné des inégalités croissantes, une hausse du coût de la vie et des vulnérabilités économiques. Le défi actuel est d’assurer la durabilité tout en veillant à ce que les bénéfices du progrès profitent à tous les Mauriciens.»

D’après ce qu’elle observe à Maurice, Cindy Koon estime que de nombreux Mauriciens attendent de meilleures opportunités économiques, plus de transparence dans la gouvernance, ainsi que des solutions aux problèmes tels que l’inflation, le logement et la sécurité de l’emploi. «Les frustrations proviennent souvent des préoccupations liées à la stagnation politique, à la durabilité environnementale et à la difficulté de concilier développement et préservation du mode de vie unique de l’île.»

Elle est convaincue que l’avenir est porteur à la fois de défis et d’opportunités. Pour elle, la mondialisation et la technologie offrent de nouvelles perspectives, mais les jeunes Mauriciens doivent faire face à l’incertitude en matière d’emploi et au coût de la vie élevé. «Ceux qui font preuve d’adaptabilité, d’esprit entrepreneurial et d’innovation ont un grand potentiel, mais des changements systémiques sont nécessaires pour garantir que le talent soit cultivé et retenu. En fin de compte, l’avenir de Maurice dépend de sa capacité à évoluer tout en restant fidèle à son esprit diversifié et dynamique.»