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Perspective
Peuple en colère, gouvernement sous pression
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Peuple en colère, gouvernement sous pression
À force de tirer sur les extrêmes, on finit par déchirer le centre. C’est là tout l’enjeu du moment politique que vit Maurice, confronté à une réforme aussi urgente qu’impopulaire : celle de la Basic Retirement Pension. Dans son intervention au Parlement hier, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a tenté de réparer une erreur de méthode par une dose tardive d’empathie ciblée.
La vérité, c’est que la première annonce – brutale, froide, technocratique – aura braqué. Le relèvement progressif de l’âge de la retraite de 60 à 65 ans était peut-être économiquement inévitable. Mais politiquement, il fut mal emballé. Socialement, mal reçu. Et humainement, mal expliqué. Résultat : un gouvernement sur la défensive, un peuple sur les nerfs ; et un malaise grandissant entre générations.
Ce vendredi, changement de ton. Un plan de soutien aux personnes vulnérables âgées de 60 à 64 ans a été annoncé : Rs 10 000 mensuellement, selon des critères de revenu, pour près de 7 500 bénéficiaires par an. Ce dispositif, temporaire mais salutaire, vient corriger le principal défaut de la réforme : son indifférence apparente aux inégalités de parcours. Travailler cinq années de plus dans une banque ou sur un chantier, ce n’est pas la même fatigue.
Mais cette mesure d’atténuation, bien que bienvenue, ne suffit pas à effacer l’ombre portée d’un État qui a trop longtemps promis sans prévoir. On l’a vu : la pension universelle, si elle rassure, pèse désormais 7,8 % du PIB – un fardeau impossible à soutenir dans une île où le ratio actifs/ inactifs s’effondre. Il fallait donc agir. Mais fallait-il le faire sans pédagogie, sans consultation, sans exemplarité au sommet ?
Car l’autre pilier d’une réforme réussie, c’est la confiance. Or celle-ci vacille. Le gouvernement continue de vivre dans une bulle où l’on pense qu’une annonce suffit à convaincre. Non. Il faut écouter. Il faut corriger. Il faut surtout commencer par donner l’exemple. Quid des retraites dorées des élus ? Des privilèges jamais remis en cause ?
Le moment est venu d’un contrat social renouvelé, où chaque génération porte sa part de l’effort ; et où l’État cesse d’agir comme un parent autoritaire pour devenir un facilitateur de justice. Oui, il faut réformer. Mais pas seul, pas contre, pas au-dessus. Mais surtout, AVEC.
Parce qu’au bout du compte, ce qui sauve une réforme, ce n’est ni la pression de Moody’s, ni les chiffres du FMI. C’est le sentiment partagé qu’on avance ensemble, sans tricher.
Maurice vieillit. Elle doit donc mûrir politiquement. Et ça commence par un mot simple, mais trop souvent oublié dans les hautes sphères du pouvoir : respect.
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