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Hippisme

Petit-Gamin: Le rêve inaccessible de Lee Shim ?

30 novembre 2024, 21:00

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Petit-Gamin: Le rêve inaccessible de Lee Shim ?

Malgré le changement de régime, le patron de People’s Turf PLC (PTP) persiste à croire qu’il va organiser les courses sur l’hippodrome de Petit-Gamin la saison prochaine. Est-ce une fausse illusion dans le contexte politique actuel ou a-t-il vraiment des raisons d’y croire ? Éléments de réponse.

Alors qu’il a été la cible privilégiée de l’Alliance du changement au cours de la dernière campagne électorale, compte tenu de ses affinités avec le Mouvement socialiste militant (MSM), mais aussi des privilèges qu’il aurait obtenus avec le précédent gouvernement, Jean-Michel Lee Shim cultive toujours l’ambition d’organiser les courses à Petit-Gamin en 2025.

L’homme d’affaires, qui possède environ 250 chevaux dans son centre, souhaiterait effectivement y organiser une trentaine de journées à travers PTP à partir de juin 2025. Pourtant, à ce stade, tout semble indiquer que le gouvernement actuel ne compte pas lui faire de cadeaux. Preuve en est la récente décision de la Côte-d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC) d’octroyer au Mauritius Turf Club (MTC) l’exclusivité sur la gestion du Champ-de-Mars au détriment d’Elite Horse PLC, une nouvelle entité qui, selon les bruits de couloir, avait des liens avec Lee Shim.

Dans la même lignée, le fait que la COIREC somme PTP de retirer toutes ses infrastructures du Champ-de-Mars et de vider les lieux avant le 1er décembre est un signal fort lancé par les autorités (NdlR, même si c’est un fait que PTP n’avait pas renouvelé son bail pour l’usage du Champ-de-Mars depuis octobre).

Opinion publique hostile

Par ailleurs, les récentes révélations dans la presse sur les privilèges et autres traitements de faveur dont le puissant homme d’affaires aurait bénéficiés dans l’univers des paris sous le règne du MSM ne semblent pas plaider sa cause dans l’opinion publique.

Au vu des derniers événements, on peut se permettre de penser que le nouveau régime n’a aucunement l’intention de se montrer conciliant à l’égard de Lee Shim, d’autant plus que le public turfiste dans son ensemble accueille avec beaucoup d’enthousiasme le retour de l’organisateur hippique traditionnel, le MTC, après la parenthèse mouvementée sous le règne de PTP, qui n’a visiblement pas fait l’unanimité au sein de la communauté hippique.

Même s’il fait l’objet de critiques virulentes et que sa galaxie soit en proie aux doutes, il paraît que Lee Shim n’a pas perdu sa sérénité. À ce titre, contrairement à ce que les rumeurs ont voulu faire croire, il n’a pas pris l’avion, et il est bel et bien resté au pays après la cuisante défaite du MSM.

Dans son cercle rapproché, on affirme qu’il continue de gérer ses affaires en toute quiétude et qu’il est confiant que PTP organisera les courses à Petit-Gamin l’année prochaine.

Des centaines de millions dans le vide ?

À cet effet, il a déjà acquis, à travers la Global Equestrian Ltd (GEL), environ 75 nouveaux chevaux en provenance de l’Afrique du Sud, en vue de la saison 2025. Trente-huit ont débarqué au début de novembre et un nouveau contingent est attendu la semaine prochaine.

Si on prend en considération (i) qu’il disposera bientôt d’environ 300 chevaux dans son yard, (ii) que le prix d’un cheval moyen en Afrique du Sud avoisine au minimum entre Rs 400 000 et Rs 600 000, (iii) que le fret pour l’importation coûte actuellement Rs 700 000 par tête, (iv) que l’entretien d’un cheval revient facilement entre Rs 40 000 et Rs 50 000 mensuellement, (v) et que des sociétés telles que PTP et la GEL emploient plus d’une centaine de personnes (Mauriciens et étrangers), il ne faut pas être un génie en mathématiques pour comprendre que Lee Shim risque de casquer plusieurs millions dans le vide s’il n’arrive pas à organiser les courses, car il n’aura aucun retour sur investissement.

Pour être on the safe side dans l’éventualité où le gouvernement ne lui accorde pas l’autorisation d’organiser les courses, il aurait pu amortir ses frais en vendant, par exemple, quelques chevaux à des propriétaires qui souhaiteraient éventuellement investir en vue du retour annoncé du MTC. Toutefois, il nous revient qu’il a fermement décliné quelques offres intéressantes qu’il aurait reçues à ce propos.

Un dernier joker ou du bluff ?

Sur un autre chapitre, il est bon de faire ressortir qu’à ce stade, l’hippodrome de Petit-Gamin n’est pas encore prêt et aura besoin d’être homologué par les autorités. La piste en gazon est pratiquement achevée, mais les rails n’ont pas encore été placés. Des travaux d’aménagement et la construction de nouveaux boxes sont néanmoins toujours en cours. Malgré cela, Lee Shim ne lésine pas sur les moyens afin de doter son nouvel hippodrome de toute la logistique nécessaire pour organiser les courses dans les meilleures conditions. Ainsi, il y a quelques semaines, le JMLS Equestrian Centre a accueilli une stalle de départ pouvant accommoder 20 chevaux, en provenance du Macau Turf Club, qui, pour rappel, a cessé définitivement ses activités hippiques en début d’année.

La démarche de l’homme d’affaires interpelle non seulement les observateurs hippiques, mais surtout les dirigeants et membres du MTC, qui sont pour la grande majorité très hostiles à son retour dans le circuit hippique. Du coup, ils ne peuvent pas s’empêcher de demander si Lee Shim détient réellement un dernier joker dans son jeu ou s’il est carrément en train de bluffer.

Rapprochement hypothétique avec un candidat du changement?

En mettant de côté ses affinités politiques, il faut reconnaître que l’ancien bookmaker est avant tout un homme d’affaires très rusé et, dans ce sens, on voit mal comment il peut se permettre de s’aventurer dans un projet d’une telle envergure, s’il n’a pas préalablement eu des garanties solides.

Dans ce contexte, les fidèles de PTP n’hésitent pas à faire remarquer que même si le leader de l’Alliance du changement, le Dr Navin Ramgoolam, s’est dit largement favorable au retour du MTC à la tête de l’organisation hippique, il a néanmoins rarement attaqué frontalement leur «grand patron» au cours de la campagne électorale.

Dans le même ordre d’idées, si Lee Shim a ouvertement soutenu le Mouvman Bruneau Laurette au cours des dernières élections générales, il se trouve que vers la fin de la campagne électorale, il se murmurait dans les couloirs de PTP qu’il se serait rapproché d’un candidat de l’Alliance du changement dans une circonscription de la capitale.

Si cette information est avérée, est-ce que cela peut suffire à le réhabiliter auprès du nouveau régime ? Cela paraît très improbable dans la mesure où une telle décision risque de soulever un tollé non seulement dans l’opinion publique, mais aussi au sein de l’Alliance du changement. Il est bon de rappeler ici que les députés du Mouvement militant mauricien Rajesh Bhagwan et Franco Quirin ont par le passé posé plusieurs Private Notice Questions au Parlement au sujet de ses activités.

En guise de conclusion, quand on sait que le nouveau Attorney General, Gavin Glover, est le président sortant du MTC et que des figures de proue du club bicentenaire, telles que Ramapatee Gujadhur ou encore Vincent Allet (NdlR, qui figurent parmi les plus grands détracteurs de Lee Shim dans le giron hippique), ont largement œuvré pour la victoire de l’Alliance du changement au cours de la campagne électorale, cela nous étonnerait au plus haut point si le gouvernement fait des concessions ou arrive à un compromis avec l’homme fort de PTP.

À moins que la glorieuse incertitude du turf ne frappe une nouvelle fois…