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Pérennité du NPF 2.0 : quelle stratégie d’investissement ?
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Pérennité du NPF 2.0 : quelle stratégie d’investissement ?
La gestion d’un fonds de pension national est extrêmement sensible. À Maurice, le débat porte ces jours-ci sur la réforme du système des pensions et l’alignement de la pension universelle (Basic Retirement Pension) et de la pension de retraites.
En dépit de la contestation populaire, le gouvernement semble résolu à finaliser son projet de réforme qui repose sur deux principaux axes : le relèvement progressif de l’éligibilité à la BRP de 60 à 65 ans et la réactivation du National Pension Fund (NPF). Dans le cadre de ce débat, on va se concentrer essentiellement sur la gestion future du NPF.
Pour le moment, on n’a pas d’indication sur le timing de la suppression de la Contribution sociale généralisée (CSG) et son remplacement par ce que le Junior Minister chargé des Finances, Dhaneshwar Damry, appelle le «NPF 2.0». Au préalable, il faudra attendre les conclusions du comité d’experts composé d’actuaires et d’économistes, qui devrait être constitué sous peu, pour qu’on puisse enclencher la machinerie.
Comme on le sait, le NPF a été constitué en 1978 dans le but de payer une retraite aux salariés du secteur privé. Jusqu’en septembre 2020, le fonds était alimenté grâce aux cotisations des employeurs et des employés. Depuis l’introduction de la CSG, le NPF n’est plus alimenté. Or, le fonds est toujours actif. Primo, il paie une pension aux cotisants ayant atteint l’âge de la retraite, soit à partir de 65 ans. Secundo, il investit tout surplus – c’est-à-dire le différentiel entre les revenus et les paiements – dans une série de classes d’actifs.
À Maurice, la gestion du NPF est restée très conventionnelle. Car il était considéré comme éthiquement incorrect qu’on fasse de la spéculation sur les cotisations des futurs pensionnés. Ainsi, jusqu’au début des années 2000, l’énorme masse monétaire que constitue le NPF était placée dans des instruments traditionnels, comme les bons du Trésor ou encore les placements dans des dépôts fixes, que ce soit en roupies ou en devises étrangères. À ce sujet, l’on se souviendra du triste épisode du détournement de près de Rs 800 millions des dépôts du NPF dans la Mauritius Commercial Bank* en 2003.
Ce n’est que quelques années plus tard que le comité d’investissement conjoint du National Pension Fund/National Savings Fund sortira de son conservatisme et réorientera sa stratégie d’investissement en commençant à investir davantage dans les blue chips (grosses capitalisations) de la Bourse de Maurice. Cette stratégie était nécessaire. En 2008, le NPF pesait environ Rs 60 milliards. La pression se faisait déjà sentir sur le fonds dont les placements principalement sous forme de bons du Trésor et de dépôts fixes étaient mal rémunérés, étant en dessous du taux d’inflation.
Depuis, les faucons sont rentrés dans leurs tanières. Les plus réfractaires ont fini par comprendre que sans une stratégie d’investissement avec des risques mesurés, le NPF ne serait plus pérenne. Parallèlement, le relèvement de l’âge de la retraite de 60 à 65 ans – un processus qui s’est étalé de 2008 à 2018 – a allégé la pression sur le NPF. À fin septembre 2020, le portefeuille d’investissement du NPF accumulait Rs 139,12 milliards. Malgré la fin des cotisations, le fonds continue à grossir. Ainsi, de décembre 2023 à mars 2024, le portefeuille d’investissement du NPF est passé de Rs 146,64 milliards à Rs 152,46 milliards, soit un rendement de 4,11 %.
Valeur du jour, les investissements dits conventionnels (bons du Trésor, dépôts fixes, obligations d’entreprise, entre autres) représentent environ 48,64 % du portefeuille d’investissement, soit un montant de Rs 74,17 milliards. Ce sont les investissements dans des classes d’actifs spéculatives qui permettent au fonds de grossir, malgré le paiement des bénéfices aux retraités et sa non-alimentation. Ainsi, de décembre 2023 à mars 2024, les placements sur les marchés financiers ont permis au fonds de croître de Rs 71,81 milliards à Rs 78,28 milliards (+9 %). À noter également que ce sont les investissements dans le marché des actions à l’étranger et les fonds communs (mutual funds) qui représentent aujourd’hui le plus gros du portefeuille d’investissement du NPF, soit environ 29 %.
Avec la réactivation du NPF, l’on peut s’attendre à ce que le gouvernement garde les mêmes barèmes de cotisation que sous la CSG. Ce qui veut dire qu’environ Rs 16 milliards (exercice financier 2025-2026), voire plus dans les années à venir, viendront grossir le NPF. Cela dit, il serait clairvoyant de la part de l’État de nommer des experts en gestion de fonds ayant une connaissance approfondie des marchés financiers sur le prochain comité d’investissement NPF/NSF par voie d’un Expression of interest. L’objectif serait d’accélérer la croissance du fonds du NPF dans le cadre d’une stratégie d’investissement privilégiant des risques mesurés. Aussi longtemps que le NPF générera de solides rendements et que ceux-ci permettront de répondre à la croissance de la population des personnes âgées de 65 ans à monter, sa pérennité sera assurée.
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