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Mobilisation

Pension à 60 ans : Deux marches citoyennes pour une même cause

21 juin 2025, 09:00

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Pension à 60 ans : Deux marches citoyennes pour une même cause

■ Tout comme la General Workers Federation, les plateformes syndicales sont prêtes pour la marche d’aujourd’hui à Port-Louis et celle de Bruneau Laurette à Rose-Hill.

Le compte à rebours est lancé. Aujourd’hui, deux grandes marches citoyennes sont prévues à Port-Louis et Rose-Hill, dans un même élan : dire non au relèvement de l’âge de la pension universelle de 60 à 65 ans.Une mobilisation qui s’annonce comme le premier grand événement citoyen sous l’ère du gouvernement en place, et qui pourrait bien devenir un tournant social et politique de ce début de mandat.

Lancée à l’initiative de plusieurs plateformes syndicales et citoyennes, celle de Port-Louis traduit une colère montante dans la population face à une décision budgétaire perçue comme injuste, brutale et discriminatoire envers les plus vulnérables. D’un côté, la Plateforme Komun Syndikal invite la population à se rassembler à Port-Louis, sous la houlette de plusieurs regroupements comme la CTSP, la GWF, la FTU, le MLC, pour ne citer que quelques-uns.

Pour Reeaz Chuttoo, président de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), l’enjeu est historique. «Ce n’est pas une manifestation syndicale ou politique. C’est une expression populaire. Peu importe pour qui vous avez voté, ce n’est pas ce qui compte ici. Ce samedi, chacun est invité à venir dire non à cette réforme.» Dans un discours offensif, il insiste : «N’importe quel gouvernement aurait pu tenter de faire passer cette mesure. Ce que nous proposons ici, c’est une mobilisation de masse pacifique qui s’apparente à un référendum populaire. Que les décideurs entendent la voix du peuple.»

Reeaz Chuttoo dénonce également un simulacre de démocratie. «On parle de renforcer la démocratie, mais dans les faits, on ne la respecte pas. La majorité de la population voit bien que cette décision n’est pas juste. Samedi, il faut être présent, pas pour donner du crédit à un mouvement ou à un parti, mais pour influencer une décision politique qui touche tout un pays.»

La pension, un droit social et non un privilège

Au cœur du débat : le principe de l’universalité de la pension, garantie sociale ancrée dans les pratiques mauriciennes depuis l’ère coloniale. Pour les syndicats, retarder cette pension revient à ignorer la réalité des travailleurs manuels, informels et indépendants, qui, à 60 ans, n’ont souvent plus la capacité physique de continuer leur labeur.

Ashvin Gudday, négociateur au sein de la General Workers Federation (GWF), est catégorique : «Cette pension est un droit fondamental, non contributif peut-être, mais financé par l’en- semble des citoyens à travers la taxation. Chaque achat, chaque taxe, chaque contribution alimente le Consolidated Fund de l’État. On ne peut pas dire que les gens ne participent pas.»

Il critique également le ciblage annoncé par le gouvernement : «Identifier ceux qui peuvent ou non toucher leur pension avant 65 ans en fonction de leur état de santé ou de leur profession risque d’ouvrir la porte à de nombreuses injustices. Ce ciblage est source de préjudice. La pension doit rester universelle.»

Deux marches, une seule voix

La marche de Port-Louis, organisée par la Plateforme Komun Syndikal, s’annonce massive. Des dizaines de syndicats ont trouvé un terrain d’entente autour de cette cause commune. De leur côté, les organisateurs de la marche de Rose-Hill, dont Bruneau Laurette, insistent sur le caractère apolitique de leur démarche.

«Cette marche n’a aucune couleur politique», a déclaré Bruneau Laurette. «Nous demandons aux participants de ne porter aucun symbole partisan. L’objectif est clair : faire entendre la voix d’un peuple uni autour d’un droit fondamental.» Il ajoute : «Le gouvernement doit retirer immédiatement cette décision. La pension à 60 ans est un acquis qu’on ne peut brader.»

Parmi les soutiens les plus engagés, on retrouve le Regroupman Artizan Morisien, collectif d’artisans et travailleurs manuels. Dans une déclaration publique, ils ont rappelé que pour les travailleurs «self-employed», informels ou manuels, il est souvent impossible de continuer jusqu’à 65 ans. «Relever l’âge de la pension est une forme de discrimination sociale», affirme le collectif, qui appelle à une mobilisation citoyenne pour «défendre la dignité» de ceux qui ont passé leur vie à bâtir le pays avec leurs mains. Leur mot d’ordre : «Pa tous nu pansion !»

Malgré la pression populaire, le gouvernement semble camper sur sa position. Deux comités mis en place ont déjà tranché : la pension sera versée à 65 ans, avec des cas particuliers étudiés au cas par cas. Une position jugée floue, opaque et inacceptable par les syndicats.

Reeaz Chuttoo met les choses au clair: «Si vous êtes d’accord que la pension passe à 65 ans, ne venez pas. Mais si vous pensez que ce droit mérite d’être défendu, alors rejoignez la marche.» Il est secondé par Ashvin Gudday : «Vous venez en tant que citoyen. Maurice appartient à tout le monde.»

Ce samedi 21 juin sera plus qu’un simple rendez-vous citoyen. Il s’agira d’un véritable test de démocratie. Le message des organisateurs est clair : la pension à 60 ans n’est pas négociable.

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Le MSM dans la rue sans y être officiellement

Le Mouvement socialiste militant (MSM) a tenu à clarifier sa position quant à la manifestation prévue aujourd’hui à Port-Louis contre la réforme des pensions. Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, le parti affirme qu’il n’est pas impliqué dans l’organisation de ce rassemblement. «MSM pa fer parti prenante dan lorganizasion oken rasambleman kont reform pension sa weekend la», peut-on lire dans le communiqué.

Malgré cette prise de distance sur le plan organisationnel, le MSM n’a pas hésité à lancer un appel fort à la mobilisation générale des Mauriciens. Le parti invite la population à se joindre massivement à la manifestation, dénonçant une réforme qu’il qualifie d’«injustice» sociale. Selon nos informations, certains membres du MSM envisagent de participer à titre personnel, en tant que citoyens. Des sympathisants du parti dans diverses circonscriptions auraient d’ailleurs été contactés pour grossir les rangs de la manifestation. Par ailleurs, des figures connues du MSM auraient partagé des affiches sur les réseaux sociaux pour inviter à se rassembler à Port-Louis.

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