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Éducation

Manque d’enseignants : des matières sacrifiées, des élèves pénalisés

3 juillet 2025, 18:00

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Manque d’enseignants : des matières sacrifiées, des élèves pénalisés

■ Les collégiens font face à un manque d’enseignants dans plusieurs matières alors que le second trimestre arrive presque à la fin.

Alors que le deuxième trimestre touche à sa fin et que les examens du dernier trimestre approchent à grands pas, un problème persistant refait surface: le manque criant d’enseignants dans plusieurs matières clés. Kreol Morisien (KM), Design & Technology, arts plastiques, chimie ou encore biologie… autant de disciplines pour lesquelles des postes restent vacants au grand dam des enseignants, des parents et surtout des élèves.

Dans les collèges publics, l’inquiétude monte. «C’est la même rengaine depuis des années», confie un enseignant. Certains pointent du doigt les politiques du précédent gouvernement qui avait misé sur des critères stricts d’embauche, comme l’obligation d’avoir un Postgraduate Certificate in Education ou des combinaisons précises de qualifications pour pouvoir enseigner certaines matières. Par exemple, un diplômé en Accounting with Finance ne pouvait pas enseigner la comptabilité, sauf s’il avait le bon profil académique validé. Le gouvernement actuel avait, lui, pourtant promis de revoir ces critères, jugés trop rigides. Des changements ont été annoncés, mais sur le terrain, la réalité n’a guère évolué. «Tout est resté sur papier. Nous n’avons rien vu de concret», déplorent plusieurs enseignants.

Ce manque d’effectif a un effet domino. Dans certaines écoles, des enseignants qualifiés se voient refuser leurs congés faute de remplaçants. «C’est tout l’établissement qui en souffre. Les classes sont perturbées ; le rythme des élèves est cassé.» Et ce n’est pas faute de volontaires. Plusieurs diplômés, parfois déjà engagés dans des études pédagogiques au Mauritius Institute of Education, sont toujours en attente de recrutement. Même les supply teachers, censés assurer les remplacements de courte durée, n’ont pas été mobilisés dans de nombreuses régions. Le cas du KM, récemment introduit en Grade 12, est révélateur des incohérences. Faute d’un nombre suffisant d’élèves dans un seul établissement, un enseignant peut être amené à se rendre dans deux, voire trois collèges différents pour compléter ses heures. «Six périodes au collège A, dix au B, dix autres au C. C’est un vrai casse-tête logistique », explique un enseignant. D’autant que les trajets entre les établissements sont parfois longs et décourageants. «Ce type de mobilité impose un rythme infernal. Peu de jeunes ont envie de s’engager dans de telles conditions.»

Du côté du ministère de l’Éducation, on tente de rassurer. L’introduction du KM en Grade 12 est encore récente, rappelle-ton, et comme pour toute matière, lorsqu’il y a peu de demande, les élèves peuvent être redirigés vers d’autres options. «Nous avons engagé le processus administratif pour former davantage d’enseignants de Kreol Morisien. Le manque d’enseignants est pris très au sérieux.» Mais sur le terrain, l’attente devient longue. Et les enseignants, comme les parents, veulent des actions concrètes, pas uniquement des intentions. Car chaque semaine qui passe sans enseignant est une semaine de perdu pour les élèves.

La question reste posée : les recrutements n’ont-ils pas encore été faits faute de financement ? En attendant une réponse claire, ce sont les enfants les plus vulnérables qui paient le prix de cette pénurie, privés d’un enseignement stable et équitable.

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