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Scandale de Rs 3,5 Mds de prêts à Maradiva-Ramdenee

L’ex-CEO de la SBM Prem Mungar conteste son arrestation en Cour supreme

19 juin 2025, 12:00

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L’ex-CEO de la SBM Prem Mungar conteste son arrestation en Cour supreme

■ Prem Mungar, arrêté hier, a dû payer deux cautions de Rs 450 000 chacune pour retrouver la liberté provisoire.

Nouveau rebondissement dans le dossier explosif du financement controversé de Dhyanavartam Ltd, société liée à Kobita Jugnauth, épouse de l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth. L’ancien Chief Executive Officer (CEO) de la State Bank of Mauritius (SBM), Prem Mungar, a été arrêté hier par la Financial Crimes Commission (FCC) sous l’article 43 de la FCC Act, pour fraude par abus de position. Sa comparution devant la Cour de Port-Louis a eu lieu dans la journée d’hier, mercredi 18 juin. Les enquêteurs n’ont pas objecté à sa remise en liberté provisoire, et il a dû payer deux cautions de Rs 450 000 chacune pour retrouver la liberté provisoire.

Les conditions de mise en liberté sous caution imposées à Premchand Mungur par la cour de district de Port-Louis sont : une reconnaissance de dette de Rs 5 000 000 ; présence quotidienne au poste de police le plus proche de son domicile ; interdiction de circuler entre 22 heures et 5 heures (curfew order) ; obligation de fournir un numéro de téléphone portable aux enquêteurs ; obligation de rester à une adresse fixe ; disponibilité à tout moment pour les besoins de l’enquête menée par la FCC.

Toutefois, il conteste vigoureusement cette arrestation en Cour suprême à travers une demande d’injonction de l’application de l’article 43 de la loi, arguant qu’il ne peut être considéré comme un «public official» coupable de fraude par abus de position. «Toute personne occupant une fonction dans laquelle elle est censée protéger les intérêts financiers d’autrui, et qui abuse de manière malhonnête de cette position pour obtenir un gain personnel ou pour causer une perte à autrui ou l’exposer à un risque de perte.» Bien que cette clause soit souvent appliquée aux agents publics, le libellé de la loi utilise le terme «any person», élargissant ainsi sa portée à tout individu en position d’influence sur les finances d’un tiers. Les juristes estiment que cette précision pourrait réduire la portée de son argument.

Prem Mungar est accusé d’avoir joué un rôle central dans l’approbation irrégulière d’un prêt de Rs 470 millions accordé par la SBM à Dhyanavartam Ltd, société mère des hôtels Maradiva Villas et Sands Suites Resort & Spa, ainsi que des projets immobiliers Shoba Villas et Serena Residence. À l’époque, il présidait le Management Credit Forum de la banque, un organeclé dans le processus d’évaluation des demandes de financement. Selon la FCC, il aurait intentionnellement induit en erreur le conseil d’administration, en dissimulant ou en minimisant les risques financiers liés à ce prêt, facilitant ainsi son approbation sans une analyse rigoureuse.

Une toile autour des intérêts de Maradiva

Dhyanavartam Ltd, autrefois Mauriplage Beach Resort Ltd, a été rebaptisée en 2016, l’année où Kobita Jugnauth est devenue la présidente du conseil d’administration. Son frère, Sanjiv Ramdanee, en est le CEO. La société gère les hôtels de luxe Maradiva et Sands à Flic-en-Flac, et développe des villas haut de gamme vendues entre Rs 34 M et Rs 275 M l’unité. Depuis 2020, Dhyanavartam a bénéficié de Rs 1,65 milliard en financements de la Mauritius Investment Corporation (MIC), malgré l’absence de revenus déclarés en 2022 et les mises en garde formulées dans un rapport interne (Board Paper 63/4). En parallèle, la SBM aurait accordé des prêts additionnels évalués à Rs 1,2 Md, aujourd’hui considérés comme des prêts à risque.

Le scandale met en lumière la facilité avec laquelle des financements massifs ont été accordés à une société étroitement liée à l’ex-pouvoir en place. Le dernier prêt de Rs 350 millions, approuvé par la MIC en février 2024, quelques mois avant les élections, soulève des interrogations sur un éventuel usage électoraliste des fonds publics. La FCC soupçonne que ces financements ont été partiellement détournés vers des projets immobiliers privés de la société, au détriment de l’intérêt public. Avec cette première arrestation, l’étau semble se resserrer. D’autres anciens cadres de la MIC et de la SBM pourraient être entendus prochainement

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