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Métiers manuels en souffrance

Les artisans réclament reconnaissance et réformes

14 juin 2025, 20:00

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Les artisans réclament reconnaissance et réformes

■ Il est important de revaloriser le secteur des métiers manuels pour en redonner le goût aux jeunes et pour enrayer l’exode des talents vers l’étranger.

Avec le changement de gouvernement, le Regroupement des artisans mauriciens espérait une meilleure reconnaissance et davantage de soutien pour les professionnels du secteur des métiers manuels, essentiels à la vie quotidienne. Toutefois, à la suite de la présentation du Budget 2025-26, certaines attentes semblent ne pas avoir été pleinement prises en compte, selon les membres de l’association.

Le regroupement avait soumis plusieurs propositions en faveur du secteur des métiers au précédent gouvernement, mais elles sont restées sans suite, affirme François Henri, l’un des porte-parole du Regroupement des artisans mauriciens. «Malheureusement, il n’y a pas eu de changement», déplore-t-il. Les membres soulignent l’importance cruciale de revaloriser le secteur des métiers manuels, notamment pour encourager les jeunes à s’y intéresser à nouveau et à pratiquer les métiers du pays. Selon eux, les métiers manuels et artisanaux, longtemps perçus comme des choix de dernier recours, méritent aujourd’hui une reconnaissance à la hauteur de leur contribution au tissu économique et social du pays.

Une politique forte de valorisation des métiers permettrait non seulement de raviver l’intérêt des nouvelles générations, mais aussi de freiner l’exode croissant des travailleurs qualifiés vers l’étranger. «Ici, on dit souvent que les Mauriciens ne veulent pas travailler. Pourtant, beaucoup quittent leur famille pour aller faire le même métier à l’étranger, notamment au Canada où il fait froid. Ils y bénéficient d’un meilleur salaire. Ici, ils ne reçoivent pas de reconnaissance et il n’y a pas de dialogue pour trouver un terrain d’entente. La seule alternative proposée semble être l’emploi de travailleurs étrangers, ce qui pénalise davantage les Mauriciens», soutient François Henri. Il serait indispensable de mettre en place un ensemble de mesures concrètes et adaptées aux réalités du terrain.

Pour ceux qui sont dans les secteurs depuis de longues années, les membres du regroupement proposent l’instauration d’un mécanisme d’assurance et de prime de fin de carrière (lump sum) sous un modèle contributif. Ce dispositif permettrait de garantir une forme de sécurité financière à ceux qui, tout au long de leur vie active, ont œuvré de façon indépendante. Ce type de reconnaissance est jugé essentiel pour rendre justice aux années de dur labeur et d’engagement de ces professionnels, trop souvent oubliés des grandes réformes économiques, selon ce membre. Dans ce contexte, le rehaussement de l’âge de la retraite à 65 ans pose un défi majeur. Pour un ouvrier manuel, il devient particulièrement difficile, voire irréaliste, indique-t-on, de continuer à exercer un métier physiquement exigeant jusqu’à un âge aussi avancé. «Dès les premières années, ces professions mettent leur corps à rude épreuve et prolonger leur carrière sans accompagnement adapté apparaît injuste. La mise en place d’un système de soutien en fin de carrière serait», selon les membres du regroupement, «une aide concrète et nécessaire».

Le Regroupement des artisans mauriciens attire également l’attention sur les nombreuses barrières qui entravent l’accès aux crédits pour les ouvriers indépendants et les travailleurs autonomes. Cette situation empêche bon nombre d’entre eux d’améliorer leur condition de vie ou de faire progresser leur activité. Il devient donc urgent, plaidentils, de créer des dispositifs de financement plus souples et mieux adaptés à leur profil. L’association plaide toujours pour la création de facilités douanières (duty-free) pour l’importation d’équipements professionnels ainsi que pour un meilleur accès au financement pour les petites entreprises artisanales. Les artisans insistent sur le rôle central du transport dans leur activité : se déplacer efficacement est essentiel pour honorer leurs engagements professionnels. À ce titre, ils demandent une réduction de la taxe routière applicable aux véhicules utilitaires – notamment les 4x4 et 2x4 – utilisés dans le cadre de leur activité, sous réserve de détenir un Business Registration Number (BRN) et d’être en règle avec la Mauritius Revenue Authority.

Le Regroupement des artisans mauriciens s’allie à d’autres associations afin de mieux faire entendre sa voix. Ses membres lancent un appel en faveur d’une rencontre avec les ministres concernés.

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