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Le crépuscule de Michel Barnier
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Le crépuscule de Michel Barnier
• Un fiasco qui ébranle la France et l’Europe
Le cinquième Premier ministre français du président Emmanuel Macron avait pour mission de sauver la France. Michel Barnier a échoué. En trois mois, son mandat s’est transformé en fiasco. À 73 ans, l’ancien négociateur du Brexit quitte son poste sous la pression d’un Parlement hostile. Ce départ, inédit depuis 1962, marque l’échec d’une tentative désespérée pour restaurer la stabilité politique et budgétaire.
Dès le début, Barnier faisait face à l’impossible. Le Parlement était éclaté. Aucune majorité ne se dessinait. À gauche, le Nouveau Front Populaire dominait en sièges. À l’extrême droite, le Rassemblement National (RN) gagnait en influence. Entre eux, les centristes et conservateurs modérés restaient divisés.
Barnier promettait des réformes. Son objectif : réduire le déficit de 60 milliards d’euros. Sa méthode : des hausses d’impôts et des coupes budgétaires. Mais ces mesures ont immédiatement été rejetées. Ni la gauche ni l’extrême droite n’étaient prêtes à faire des concessions.
Un temps, Barnier a cru maîtriser la situation. Son calme et son sérieux avaient séduit une partie de l’opinion. La presse évoquait l’«effet Barnier». Il incarnait l’opposé d’Emmanuel Macron, perçu comme arrogant et distant.
Mais ce répit fut bref. L’adoption en force de son Budget par l’article 49.3 a cristallisé les oppositions. La gauche et le RN, ennemis idéologiques, se sont unis pour déposer des motions de censure. La destitution était inévitable.
Barnier n’a pas su fédérer. Sa gestion des alliances parlementaires a été désastreuse. Il a sous-estimé Marine Le Pen et négligé de négocier sérieusement avec le RN. «Il a gaspillé ses premiers mois en ignorant les demandes de l’extrême droite», estime Benjamin Morel, constitutionnaliste.
Son héritage est aussi personnel. Le «super-négociateur» du Brexit voit sa réputation entachée. En France, il s’est montré incapable d’appliquer les leçons tirées de ses succès européens.
Cet échec dépasse la France. Il révèle la fragilité des démocraties européennes face au populisme. Celui qui avait contenu les nationalismes pendant le Brexit a été vaincu par un populisme national.
Sur la scène internationale, la crise affaiblit la France. L’instabilité politique et l’absence d’une majorité affaiblissent la position de Paris en Europe. Pendant ce temps, le président Macron peine à maintenir le cap.
Michel Barnier est devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Son mandat souligne l’urgence de réinventer le système politique français. Les alliances rigides, les postures idéologiques et le mépris des compromis ne peuvent plus durer.
Cet échec est aussi celui d’Emmanuel Macron. En choisissant un homme déconnecté des réalités parlementaires, il a aggravé les divisions. «Si nous ignorons les électeurs et les forces politiques en présence, la pression sur le président deviendra insoutenable», avait averti Marine Le Pen.
Barnier quitte la scène. Mais son départ symbolise plus qu’un revers personnel. Il illustre la crise d’un modèle politique incapable de répondre aux défis de son temps.
Michel Barnier voulait réconcilier l’irréconciliable. Il a échoué. Sa chute ouvre une nouvelle période d’incertitudes pour la France. Et pour l’Europe, le poids des illusions perdues.
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