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Conseil des ministres spécial
La réforme des retraites face à la contestation
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Conseil des ministres spécial
La réforme des retraites face à la contestation

■ Tandis que Navin Ramgoolam recevait les honneurs de l’Élysée, la grogne sur le report de la pension universelle à 65 ans s’intensifiait.
Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, présidera lundi un Conseil des ministres spécial consacré à la réforme du système de retraite, après une semaine marquée par une vive contestation politique et sociale provoquée par l’annonce du relèvement progressif de l’âge de la pension universelle de 60 à 65 ans.
Cette mesure phare du Budget 2025-26, présentée le 5 juin, vise selon le gouvernement à garantir la pérennité financière du régime de retraite, dans un contexte de vieillissement démographique et de pressions accrues sur les finances publiques. Mais elle a suscité un malaise croissant au sein même de la majorité gouvernementale.
🟦 Division au sein de l’exécutif
En l’absence de Navin Ramgoolam, en déplacement, un comité ministériel présidé par le vice-Premier ministre Paul Bérenger s’est réuni jeudi pour faire le point sur les critiques émanant de la société civile, des syndicats, et de certains membres du cabinet. Plusieurs ministres estiment que le gouvernement aurait dû engager une campagne pédagogique plus approfondie, notamment sur l’impact de cette réforme pour les femmes au foyer et les travailleurs précaires.
«Il ne faut pas oublier que d’un côté, on annonce la fin des allocations spéciales CSG dans les trois ans à venir, et de l’autre, le report de la pension universelle à 65 ans. Cela a créé une onde de choc», a confié un ministre sous couvert d’anonymat.
🟦 Silence remarqué de la Sécurité sociale
Alors que les débats s’intensifient, le silence du ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, et de son ministre délégué, Kugan Parapen, est particulièrement remarqué. Sollicités pour une déclaration, ils sont restés injoignables, suscitant l’incompréhension jusque dans les rangs de l’alliance gouvernementale.
Deux ministres du Parti travailliste (PTr), formation dirigée par Ramgoolam, appellent ce dernier à «écouter la rue» et à faire preuve de flexibilité. «On peut mieux faire. Il faut dialoguer, et ne pas reproduire les erreurs du précédent régime», a déclaré l’un d’eux.
🟦 Appel à une approche différenciée
Face à la grogne populaire, le leader des Nouveaux démocrates, Khushal Lobine, a proposé une approche différenciée de l’âge de la retraite. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, il suggère un système à deux vitesses : maintien de la pension à 60 ans pour certaines catégories vulnérables (femmes au foyer, ouvriers manuels, travailleurs précaires) et accès différé à 65 ans pour les hauts revenus ou cadres supérieurs.
«One size fits all pa fonksione dan enn sosiete kot inegalite existe», a-t-il insisté, appelant à un débat national sur une réforme «plus juste, plus humaine et plus responsable».
🟦 Pression avant les débats
Le Conseil des ministres spécial de lundi s’annonce décisif, à la veille de l’ouverture des débats budgétaires au Parlement. Plusieurs voix, y compris au sein du PTr, plaident pour une suspension ou un réaménagement de la réforme, sans remettre en cause l’objectif de soutenabilité du système.
Le député Ehsan Juman, connu pour son franc-parler, a exigé la mise en suspens immédiate de la mesure, tout en reconnaissant «les contraintes budgétaires» auxquelles est confronté le gouvernement.
Malgré les critiques, le gouvernement bénéficie d’un soutien mesuré de la part des institutions internationales. L’agence Moody’s a salué les efforts de consolidation fiscale, et le Fonds monétaire international (FMI) a émis des signaux positifs sur la trajectoire budgétaire du pays.
🟦 Haut risque politique
Le relèvement de l’âge d’éligibilité à la pension constitue l’une des décisions les plus audacieuses du gouvernement de Ramgoolam depuis sa réélection. Mais sa mise en œuvre s’annonce périlleuse, dans un pays où la pension universelle est perçue comme un droit acquis, et souvent comme un horizon pour les plus démunis
Le retour de Navin Ramgoolam aux commandes ce week-end pourrait permettre de désamorcer une partie de la tension. Le chef du gouvernement devra cependant composer avec une opinion publique ébranlée et une majorité parlementaire fracturée.
Par ailleurs, dans son communiqué émis après la réunion d’hier, le Cabinet a également pris note qu’un comité interministériel, présidé par le Premier ministre par intérim, s’est réuni les 10 et 12 juin afin d’examiner les préoccupations soulevées par divers acteurs concernés au sujet de certaines mesures annoncées dans le discours du Budget 2025-26. Une réunion spéciale du Cabinet se tiendra à ce sujet le lundi 16 juin.
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