Publicité

Prévention du VIH

Jacques Achille : «Cessons l’approche moralisatrice»

27 mai 2025, 15:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Jacques Achille : «Cessons l’approche moralisatrice»

Responsable des communications stratégiques de l’ONG PILS, Jacques Achille s’est inspiré d’une appli sénégalaise pour le projet KOZE PILS. Pour le concrétiser, une levée de fonds sur www.smallstepmatters.org est urgente, face à la progression alarmante du VIH à Maurice.

La progression du VIH est très inquiétante à Maurice, avec 549 nouveaux cas en 2024. En cause, selon vous, le manque d’information ?

Certainement. Le manque d’information sur le VIH et, plus largement, sur les maladies sexuellement transmissibles, c’est ce que l’équipe de PILS observe au quotidien, que ce soit lors de ses sessions de prévention dans les établissements scolaires, dans les centres communautaires ou encore dans les entreprises. Bien entendu, les Mauriciens ont entendu parler du VIH, mais ils ne voient pas en quoi cela les concerne ! Par exemple, au niveau des étudiants du tertiaire, nous avons eu récemment des échanges avec un groupe qui connaissait le préservatif uniquement comme un moyen de contraception. De ce fait, ils optent pour les pilules ou d’autres options pour se protéger d’une grossesse non programmée, et ne pensent pas à se protéger d’une infection.

Y a-t-il donc eu un recul du niveau d’information ces dernières années ?

Oui, et c’était prévisible, car il n’y a pas eu de campagne nationale depuis plusieurs années. Il est bon de se rappeler qu’avant même la détection du premier cas de VIH en 1987 à Maurice, il y avait des campagnes d’affichage organisées par l’État. Aujourd’hui, c’est le désert total.

La responsabilité de l’État est donc engagée. Et qu’en est-il de celle des ONG ?

Il faut être humble et reconnaître que la responsabilité est partagée. La société civile doit se pencher sur sa part de responsabilité et rectifier son plan d’action en termes de communication et de prévention. Au niveau de l’État, l’enjeu se situe aussi au niveau des programmes scolaires. Il est urgent d’aborder la santé sexuelle, les maladies sexuellement transmissibles et la consommation de substances dans les programmes éducatifs de manière plus approfondie, en tenant compte de la réalité des jeunes et de leur langage. Cessons l’approche moralisatrice et permettons aux jeunes de faire des choix éclairés !

En attendant la révision des programmes scolaires, PILS prévoit de lancer en septembre une application baptisée KOZE PILS, pour s’adresser notamment aux jeunes. Avec quels objectifs ?

KOZE PILS s’adressera à tout le monde, sans limite d’âge. Clairement, en plus de notre ligne téléphonique anonyme 8999, le besoin d’un nouvel outil a émergé. Un nouvel outil et également une nouvelle approche, avec des informations vraies, vérifiées, actualisées et accessibles à portée de main. Notre premier objectif est de contribuer à inverser la courbe ascendante de la transmission du VIH, en sensibilisant la population, au sens large, aux risques et aux bonnes pratiques en matière de prévention. Avec l’appli KOZE PILS, nous souhaitons démocratiser l’accès à des sources d’information fiables, afin que toute personne qui n’arrive pas à parler de sexualité ou de consommation de substances puisse le faire. L’application fournira des informations scientifiquement validées sur la santé sexuelle et les substances psychoactives. Enfin, nous mettrons en relation les utilisateurs avec des professionnels de santé qualifiés. Comment ? En proposant un espace d’échange sécurisé et anonyme pour poser des questions et partager des expériences.

Donc, une interaction en temps réel est permise à travers KOZE PILS ?

Tout à fait. À travers un chat box, un membre de PILS pourra informer et, le cas échéant, orienter l’usager de l’appli vers un spécialiste en fonction de la situation et du besoin (sexologue, addictologue…).

Les informations seront actualisées en prenant en compte les évolutions législatives ?

Oui, car dans nos sessions de prévention, nous avons des questions sur des aspects légaux. Par exemple, sur l’âge de consentement sexuel, qui est de 16 ans à Maurice.

Les données chiffrées sur l’évolution des transmissions peuvent aussi orienter votre stratégie de communication. Par exemple, sur la syphilis ?

Il ne faut pas oublier qu’en plus du VIH, il y a aussi une hausse significative observée dans les infections sexuellement transmissibles en général, dont la syphilis. Le ministère de la Santé avait lancé un plan d’action à ce sujet il y a quelque temps, tout en démontrant, par les statistiques, que nous sommes dans une situation délicate. Là encore, il y a nécessité d’intensifier la prévention et de faire circuler l’information auprès du grand public, à Maurice aussi bien qu’à Rodrigues.

D’où vient l’inspiration de PILS pour cette appli ?

KOZE PILS est inspirée par Hello Ado, une application sénégalaise, à la fois ludique, pertinente et facile d’accès.

Pour financer l’appli KOZE PILS, vous avez opté pour le financement participatif, en partie ?

Oui, nous recherchons actuellement Rs 357 500 pour compléter notre budget, d’où cet appel sur www.smallstepmatters.org, aux donateurs individuels et aux entreprises, puisque le projet est éligible aux contributions CSR.

****** 

****** 

Le VIH en chiffres

Ces trois dernières années, la majorité des nouvelles contaminations au VIH a concerné les moins de 30 ans. Et, malheureusement, l’existence même d’un traitement n’est pas encore connue de tous. Dans ce contexte, informer reste une priorité afin d’atteindre l’objectif «Zéro nouvelle contamination» à Maurice.

⚫ À Maurice, 9 646 cas de VIH ont été détectés entre 1987 et 2024, sur une population totale estimée de 12 455 personnes vivant avec le VIH.

⚫ 4 584 patients ont été initiés au traitement antirétroviral (chiffres de septembre 2024).

⚫ Parmi eux, seulement 2 400 ont une charge virale non détectable, ce qui signifie qu’ils sont porteurs d’un virus non transmissible.

****** 

Citoyens et entreprises appelés à contribuer ensemble !

Seule plateforme de financement participatif mauricienne dédiée exclusivement aux projets à but non lucratif, smallstepmatters.org a fait du droit à la santé l’une de ses priorités au fil des années. Reconnue comme institution charitable, Small Step Matters soutient des patients et des associations, tout en permettant à des donateurs individuels et à des entreprises (dans le cadre de leur contribution CSR) de participer ensemble à des levées de fonds en ligne, sur une période limitée (en moyenne trois mois).

Comment soutenir le développement de l’appli KOZE PILS ?

⚫ Par Juice : Small Step Matters est accessible via Pay a Merchant. Merci d’indiquer une référence lors de votre don : KOZE PILS

⚫ Numéro de compte MCB – Small Step Matters : 000444289887 (Référence : KOZE PILS)

⚫ IBAN pour les donations depuis l’étranger : MU59-MCBL0944000444289887000 (Référence : KOZE PILS)

⚫ Contributions CSR – Contact entreprises :

Chaque roupie compte pour développer l’application KOZE PILS et la rendre accessible au public, le plus rapidement possible.

Publicité