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Îles Éparses

Face au sentiment d’abandon des Agaléens, le gouvernement réagit

19 mars 2025, 19:30

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Face au sentiment d’abandon des Agaléens, le gouvernement réagit

Le cyclone Chido a ravagé Agaléga en décembre dernier et à ce jour, l’île arrive difficilement à se relever

Alors que les habitants d’Agaléga avaient de plus en plus le sentiment de ne pas appartenir à Maurice, le gouvernement, par l’entremise du ministre Shakeel Mohamed, veut leur donner un coup de pouce. Les résidents du petit archipel ont ressenti leur isolement, vendredi dernier, lors d’une conférence de presse d’Air Mauritius. L’idée d’assurer des vols réguliers vers l’île a suscité des rires parmi les responsables de la compagnie d’aviation, un comportement qui a profondément déçu Laval Soopramanien, président de l’association Les amis d’Agaléga.

Faut-il s’attendre à ce qu’Air Mauritius propose des vols entre Agaléga et Maurice ? La question, soulevée lors de la conférence de presse, a été accueillie avec amusement par les membres du Managing Committee d’Air Mauritius (MK). Interrogé sur la possibilité pour MK de desservir l’île, le chairman et membre du Managing Committee, Kremchand Beegoo, a répondu par la négative, non sans un éclat de rire.

Une réaction qui tranche avec les annonces répétées du gouvernement sortant et de l’actuel régime sur le développement des infrastructures à Agaléga, notamment la piste d’atterrissage. Les habitants, qui suivaient la conférence, ont été blessés par la désinvolture affichée. «Devonsnous réellement attendre qu’une autre compagnie aérienne propose ses services ?» s’interroge un résident.

Laval Soopramanien partage ce sentiment d’amertume. «Je suis déçu par l’attitude du chairman. Nous savons qu’assurer un vol hebdomadaire vers Agaléga représente un coût et que le gouvernement ne peut le prendre en charge immédiatement. Mais on aurait au moins pu nous dire que cette option était à l’étude, au lieu de détourner la question avec Ethiopian Airlines. De tels propos nous font sentir que nous ne faisons pas partie de la République de Maurice.» En effet, il a été déclaré qu’Ethiopian Airlines voudrait venir «manz dan nou gard manze».

Par ailleurs, les difficultés s’accumulent dans l’île. Depuis le passage du cyclone Chido, Agaléga peine à retrouver une certaine normalité. «Pendant près de deux jours, les habitants ont été privés de réseau téléphonique, sans explication. Entre les 12 et 13 mars, la connexion était totalement interrompue. Ce n’est que dans l’après-midi du 14 mars que les Agaléens ont pu être reconnectés», explique Laval Soopramanien.

Malgré ces nombreux problèmes, il veut croire en des jours meilleurs. «Il faut que l’on cesse d’entendre parler du manque de denrées alimentaires, du déficit d’enseignants ou encore de pannes récurrentes du bateau.» Il admet toutefois que certaines responsabilités sont partagées. «La question du manque de denrées alimentaires ne peut pas rester en suspens. Il faut trouver une solution, que ce soit à Maurice ou sur place.»

Il plaide également pour une plus grande implication de son association dans les décisions concernant l’île. «Pourquoi ne pas inclure un représentant des amis d’Agaléga dans les discussions ? Par exemple, la partie sud de l’île est encore partiellement inaccessible depuis le passage du cyclone. Pourtant, des fonds ont été débloqués pour envoyer du personnel afin d’aider à la reconstruction. Mais le travail reste inachevé. Pourquoi ne pas employer les chômeurs locaux pour remettre l’île en état ?»

Le président de l’association rappelle qu’un Master Plan détaillant les besoins des habitants a déjà été soumis à l’ancien gouvernement. «Nous espérons qu’il ne dorme pas au fond d’un tiroir. Nous comptons bien le soumettre à l’actuel gouvernement.»

Les habitants, eux, s’interrogent sur l’avenir des infrastructures récemment mises en place comme la jetée et la piste d’atterrissage. «Pourquoi ne pouvons-nous pas en profiter pleinement ? Pourquoi ne pas instaurer un vol tous les trois mois ? On nous avait promis une ouverture de l’île sur le monde extérieur mais pour l’instant, cela reste une illusion.»

Dimanche dernier, un bateau indien a accosté avec quelques denrées alimentaires destinées aux habitants. À son bord : de l’eau de javel, de la lessive, 12 kilos de pommes de terre et d’oignons, des bouteilles de jus, 17 sachets de riz ration, 100 litres d’huile, du papier toilette et 48 sachets de poivre. «Pour 300 habitants, on nous livre 12 kilos de pommes de terre et d’oignons ! Et nous ne savons même pas quand aura lieu la prochaine livraison», confient des habitants excédés.

Lundi soir, sur sa page Facebook, le ministre du Logement et des terres, Shakeel Mohamed – également élu de la circonscription Port-Louis-Maritime–Port-Louis-Est (n° 3) – a assuré être conscient des difficultés auxquelles la population agaléenne est confrontée . Il a réaffirmé sa volonté de leur venir en aide.