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Fléau social

Drogues: Des vies se consument, des rêves s’effondrent

2 juin 2025, 15:00

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Drogues: Des vies se consument, des rêves s’effondrent

Les effets dévastateurs du «simik», bon marché et facilement accessible, suscitent une vive inquiétude.

Dans notre société moderne, où les pressions sociales, économiques et personnelles se multiplient, beaucoup, surtout parmi les jeunes à Maurice, cherchent refuge dans les drogues. Cette fuite illusoire, souvent perçue comme une échappatoire, engendre pourtant des dégâts profonds sur la santé, les relations familiales, la cohésion sociale, et parfois même sur la vie elle-même. Pendant que certains s’enfoncent dans l’enfer de la drogue, d’autres – les «barons» du trafic – accumulent des millions, voire des milliards. Grosses cylindrées, villas luxueuses, voyages, tout ça au détriment de la société. Cette réalité pose une question fondamentale : nous n’avons qu’une vie, alors pourquoi la compromettre à cause de la drogue ?

L’histoire de la drogue à Maurice remonte à l’époque coloniale, avec la consommation tolérée d’opium et de bhang par les travailleurs asiatiques. Mais les choses se sont aggravées à partir des années 1970, avec l’arrivée de l’héroïne, en lien avec la montée du chômage et l’exclusion sociale. Dans les années 1990, l’île devient un point de transit pour le trafic international et de nouvelles substances comme le crack et la cocaïne apparaissent. Depuis la dernière décennie, une nouvelle menace se répand rapidement, celle des drogues synthétiques, surnommées simik, bon marché, mais avec des effets dévastateurs, qui transforment littéralement leurs consommateurs en zombies.

Face à cette crise, le gouvernement se débat encore pour trouver la meilleure stratégie d’éradication. Les chiffres sont alarmants, au dernier sondage, environ 12 000 toxicomanes sont recensés et 68 % des personnes infectées par le VIH le sont via l’injection de drogues. Actuellement, près de 5 500 consommateurs suivent un programme de substitution à la méthadone, tandis que plus de 5 000 autres bénéficient quotidiennement du soutien de la Harm Reduction Unit à travers 16 points de distribution de méthadone.

Les raisons qui poussent à la consommation sont nombreuses et complexes. La drogue apparaît souvent comme une échappatoire aux difficultés de la vie, telles que le stress, la pauvreté, les traumatismes et la solitude. Pour d’autres, c’est la quête de plaisir aussi appelé pran nisa. Les troubles familiaux – violence, abandon et absence de dialogue – créent un vide affectif que la drogue vient combler. Dans certains quartiers défavorisés, le chômage et l’exclusion nourrissent un sentiment d’impuissance qui mène à la dépendance.

L’accessibilité facile aux drogues, notamment aux substances synthétiques, aggrave la situation. Ces produits dangereux, vendus à bas prix, se répandent rapidement. Un témoin anonyme rapporte que «le simik est devenu la drogue de choix, car le cannabis coûte entre Rs 2 500 et Rs 3 500 le gramme, alors que le simik s’achète à seulement Rs 100 le papier». L’influence du cercle social est également déterminante. Beaucoup de jeunes commencent à consommer pour être acceptés, par curiosité ou par pression, souvent sans mesurer les risques. Cette curiosité est souvent le fruit d’un manque d’éducation et de sensibilisation.

La drogue peut être extrêmement néfaste tant sur le plan physique, psychologique que social. Sur le plan de la santé, elle endommage gravement le cerveau, le cœur, les poumons et le foie, pouvant entraîner des maladies chroniques, voire la mort. Psychologiquement, elle provoque des troubles mentaux, tels que dépression, anxiété, hallucinations et paranoïa. Elle altère le jugement, la mémoire et la capacité à prendre des décisions. Socialement, la consommation de drogue isole la personne de sa famille et de ses amis, détruit les relations et peut mener à des comportements criminels ou violents. Elle entraîne souvent l’échec scolaire ou professionnel, plongeant l’individu dans la pauvreté et la marginalisation. À long terme, la dépendance prive l’individu de sa liberté et de son potentiel.

C’est pourquoi l’éducation doit commencer dès le plus jeune âge. La famille est le premier rempart, elle doit informer, dialoguer sans juger, offrir un soutien affectif, et montrer l’exemple. Le rôle des parents est primordial pour éveiller la conscience des enfants sur les dangers de la drogue. L’école a aussi un rôle clé à jouer, en proposant des programmes adaptés à la réalité mauricienne, basés sur le dialogue et la compréhension, pas seulement sur la prohibition. Les campagnes de sensibilisation, telles que Prevansion ladrog sov lavi ou Unis contre la drogue, ainsi que les témoignages d’anciens toxicomanes, contribuent à mieux informer et préparer la jeunesse.

Par ailleurs, la promotion du sport et d’activités artistiques offre une alternative saine et constructive. Ces activités permettent aux jeunes de canaliser leur énergie, d’exprimer leurs émotions et de renforcer leur estime de soi. Le sport inculque des valeurs de discipline et de persévérance, tandis que les arts développent créativité et expression personnelle. En s’investissant dans ces domaines, les jeunes trouvent un sentiment d’appartenance positif qui réduit leur vulnérabilité face à la drogue.

Pour ceux qui sont déjà tombés dans la dépendance, sortir de cette spirale demande du courage, un accompagnement professionnel et familial, ainsi qu’une volonté ferme. Reconnaître le problème est la première étape. Les traitements combinent souvent thérapies, suivi médical et soutien psychologique, afin d’aider à gérer le manque et les causes profondes. Le soutien affectif est vital pour motiver et encourager la personne dans sa reconstruction.

La drogue est un piège qui détruit des vies précieuses, mais ce combat peut se gagner. Maurice a les ressources humaines, les structures et les programmes pour mener une lutte efficace, à condition que chaque acteur – famille, école, communauté et gouvernement – joue pleinement son rôle. La clé réside dans l’éducation, la prévention et la solidarité. Nous avons tous une responsabilité collective pour protéger notre jeunesse et lui offrir un avenir où ils pourront s’épanouir sans recourir à la drogue. Car au final, nous n’avons qu’une seule vie, c’est à nous de la préserver, de la chérir, et de la vivre pleinement, loin des addictions et de leurs ravages.

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