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D’où émergera ce nouveau leader politique…

28 octobre 2023, 11:00

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• Pravind Jugnauth, le MSM et l’alliance de l’opposition en ballottage favorable

Chacun peut trouver son bonheur dans le premier baromètre politique (depuis 2016) de Synthèses-l’express rendu public hier. Depuis, les états-majors politiques s’agitent. Ils nous réclament des compléments d’infos sur les différents tableaux que nous avons révélés, en insistant sur les zones d’habitation (régions urbaines versus régions rurales), les différentes tranches d’âge et l’appartenance communautaire des sondés. Prouvant s’il le fallait que nous sommes en plein dans une campagne électorale qui ne dit pas encore son nom de façon nette et claire.

Il y a sept ans, notre sondage coïncidait avec le deuxième anniversaire au pouvoir du gouvernement Lepep mené par le MSM. Le pouvoir faisait mieux que les Travaillistes (5,03 sur 10 pour Lepep, contre 4,63 sur 10 pour les Rouges). Le gouvernement, élu en décembre 2014, sur une grande vague d’espoir et de popularité, avait déjà été rattrapé par la réalité du pouvoir et des décisions contraires aux promesses électorales. L’incapacité du gouvernement à matérialiser le «miracle économique» expliquait aussi la baisse de popularité du régime.

Fin 2016 toujours ; à la question classique de savoir pour qui le sondé du jour voterait si des élections législatives devaient se tenir «dimanche prochain», la population exprimait son désarroi en étant à presque 40 % «indécise». Le MSM restait, 24 mois après les élections, l’option préférée des électeurs potentiels (24,4 %), suivi des Travaillistes (14,6 %), du MMM (8,9 %) et du PMSD (5,1 %).

L’express relevait alors que la franche cassure de décembre 2014 qui avait rejeté avec une certaine violence le dernier gouvernement travailliste (2010-2014), ainsi que le projet de Seconde République élaboré avec le MMM – (Lepep avec le PMSD récoltait alors 49,8 % des voix contre 38,5 % au PTr-MMM) – était déjà loin derrière nous.

En 2023, l’étude menée par Synthèses indique que si les élections s’étaient tenues pendant la période du sondage (20 septembre au 15 octobre de cette année), une majorité des électeurs auraient voté pour l’entente de l’opposition PTr-MMM-PMSD (36 %) contre 24,8 % pour l’alliance au pouvoir (MSM/ML/Ganoo/ Obeegadoo). Ce qui prouve que l’usure du pouvoir est un fait indéniable, même si l’issue des prochaines législatives est loin d’être jouée !

Il est important de s’attarder sur le MSM qui demeure le parti politique préféré des sondés malgré les scandales et les décisions impopulaires (prix des carburants et des denrées alimentaires), même si son score est passé de 24,4 % à 19,7 %. Le MSM devance de loin le PTr (11,0 %), le MMM, le PMSD et les autres partis politiques individuels. Pravind Jugnauth surprend quand il devance, avec 23,3 %, SSR (23,0 %), Navin Ramgoolam (21,5 %) et sir Anerood (15,8 %) comme PM préféré, prouvant que son travail est apprécié malgré les controverses entourant sa gestion des affaires. Toutefois, si son alliance convainc de moins en moins – elle est créditée de 24,8 % (contre 36,0 % en faveur de l’entente de l’opposition composée exceptionnellement du trio Ramgoolam-Bérenger-Duval) – c’est parce que les partis-satellites qui s’accrochent au MSM n’ont pas su ou pu étendre leurs assises sur le terrain. Ce qui les met dans une situation fragile. Le MSM pourrait être tenté de les lâcher pour un partenaire plus vigoureux, qui pourrait incarner ce renouveau, derrière lequel courent une grande partie des électeurs.

Paradoxe du sondage : alors que 68 % des Mauriciens ont soif d’un nouveau leader, les nouveaux partis extraparlementaires n’obtiennent pas plus de 4 % (leur leader ne ferait-il pas l’affaire ?)... D’où alors émergera ce nouveau leader qui fait rêver nos électeurs ?


Les sondeurs exercent un métier qui rapporte gros pour certains géants. Ils s’accordent à dire que les sondages politiques ou autres n’ont pas forcément une réelle valeur prédictive. Cela ne signifie pas qu’ils sont bidons ou insignifiants pour autant. Un sondage est une photographie d’un instant. Il faut en faire plusieurs pour pouvoir dégager des tendances. Mais souvent, ceux qui consomment les chiffres n’ont pas les clés pour en cerner les limites, encore moins la méthodologie d’interrogation (face à face, téléphone, ou Web, avec ou sans gratification). Et comme la science statistique elle-même dépend de quelques hypothèses et que chacun a sa propre grille d’analyse, c’est normal que les chiffres et leur interprétation alimentent les polémiques. D’ailleurs, à l’express, on en avait eu l’illustration, il y a quelques années, avec notre exercice d’évaluation des ministres, qui n’était pas un sondage représentatif mais une évaluation subjective qui avait soulevé un tollé parmi les membres du Cabinet. Les ministres n’avaient pas aimé les notes que leur avaient décernées notre centaine de journalistes. Par conséquent, nous avions été traités d’animaux ! Tout cela fait, qu’on le veuille ou non, partie du jeu démocratique, entre un pouvoir et un contre-pouvoir.

À lire la presse, y compris la nôtre, on ne peut pas occulter l’importance grandissante des sondages dans la vie politique. Les sondages sont devenus incontournables. D’où ce besoin de rappeler les différents biais qui peuvent exister dans un exercice que certains, à tort, ont tendance à confondre avec un vote électoral ou un référendum. C’est pourquoi il faut toujours encourager une transparence dans la méthodologie, l’échantillonnage et les calculs afin de démythifier le sondage comme des données reposant certes sur des bases scientifiques mais qui laissent une large place au contexte du jour, à l’expérience du sondeur, à l’intuition du sondé, à l’analyse des données brutes, et à l’honnêteté intellectuelle et à l’objectivité de tout un chacun…