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Manière de voir
«Deep sea mining» : main basse sur les minerais aux fonds vierges des océans
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«Deep sea mining» : main basse sur les minerais aux fonds vierges des océans

Le plus grand ennemi de l’homme est l’homme. Notre survie dépend de la chaleur du climat, de la montée des eaux, de l’air trop pollué… l’humanité semble aller tout droit vers la catastrophe. Nous n’en tirons aucune leçon. Nouveau désastre écologique : creuser le plancher des abysses sous-marines. Bousculer des fonds marins silencieux et inexplorés pour trouver des minerais rares. Un bon nombre de pays préconise un moratoire de 50 ans avant de forer ces sanctuaires et évaluer les risques écologiques. Les réglementations actuelles comme l’International Seabed Authority (ISA) sont insuffisantes.
🔵 Pas question d’attendre
Le président américain extractiviste a donné le départ. Ce plancher sous-marin occupe 54 % du globe terrestre. Peu importe les risques écologiques, il a déjà commencé à être perforé dans le Pacifique Nord dans la zone Clarins Clipperton. De nombreux opérateurs sont aux aguets. La Metal Company du Canada est le partenaire des USA. Quitte à détruire cet environnement inviolé, Il faut faire main basse sur ces minerais essentiels gisant dans les abysses pour les utiliser dans les éoliennes, les panneaux solaires, les voitures électriques, les smartphones. À nous ces nodules polymétalliques qui jonchent certains fonds marins. Ce sont des galets riches en cuivre, nickel, cobalt et manganèse.
Sanctuaires ou pas, des robots seront immergés à 5 000 mètres de profondeur dans ce monde sans bruit et sans lumière. Les rayons du soleil n’y pénètrent pas. Voilà qui met en danger l’équilibre de l’océan en raclant le sédiment. De nombreuses compagnies s’intéressent à ces trésors enfouis même si le procédé consiste finalement à détruire. L’avenir de l’humanité se trouverait sur Terre dans ces océans et non dans l’espace. Les photos qu’Hubble renvoie sont époustouflantes et changent notre vision de l’univers. Ce dernier est surpeuple de billions de galaxies et d’étoiles. Notre galaxie n’est même pas un grain de sable. Elon Musk veut peupler Mars alors que Jeff Besos préfère coloniser la Lune. Or, la nature dans les océans pourrait nourrir la Terre entière.
🔵 Irrésistible
Mais comment résister à ces trésors sous nos pieds ? La Nouvelle Calédonie dans le Pacifique réclame un moratoire pour ses 1,3 million de kilomètres carrés abritant une grande diversité et des récifs vierges. En vérité, les océans contiennent 70 milliards de tonnes de méthane, gaz rare. Une quantité comparable à 50 % de nos réserves en gaz et en pétrole. Les scientifiques ont dressé une carte du plancher de nos océans. Elle révèle avec surprise qu’on y trouve des millions de chaînes de montagnes et, surtout, trois fois plus de nickel et de cobalt que sur terre. Il convient d’utiliser des technologies de pointe pour les extraire. Ces métaux sont indispensables dans les batteries mais aussi dans des équipements militaires.
Également présents des spécimens de poissons inconnus dont l’organisme a survécu et s’est adapté à ce milieu depuis des millions d’années. Mais cet écosystème est fragile. Des scientifiques pensent même avoir trouvé là des hypothermal vents enzymes, un remède contre le cancer ! Dans ces profondeurs abyssales, on a repéré des animaux (voir photos) qui font penser à des monstres qui ne remontent jamais à la surface. Par exemple, une énorme pieuvre longue de cinq mètres dont chaque tentacule comporte un œil indépendant, l’animal le plus énorme connu, des calamars colossaux, des «diables noirs», les plus longs reptiles qu’on ait jamais vus. Un bestiaire qui dépasse celui de nos cauchemars.
Non loin de nous, l’Antarctique fond plus rapidement que prévu. Sous des icebergs on trouve là aussi des animaux comme deux espèces de calamars rares à 700 mètres de profondeur. Les plus intéressants sont les invertébrés qui ont quitté la mer définitivement il y a 370 millions d’années pour gagner la terre ferme. Pour la science, ils sont à l’origine de l’homme.
🔵 Projet chinois géant
Sans publicité, la Chine a installé une énorme station à 2 000 mètres de profondeur. L’objectif est de devancer les autres dans cette chasse aux trésors (les minerais). On y trouve 600 espèces vivantes dans des conditions extrêmes. La structure est équipée de trois sousmarins autonomes et d’un navire de forage. L’extraction se ferait via des tuyaux et le contenu sera analysé en surface. Les résidus même toxiques seront rejetés dans l’océan !
Évidemment, l’être humain ne saurait vivre à de telles profondeurs sans aucune source de lumière. Le corps humain subirait une grosse perte de poids. D’où le recours à des structures métalliques. La Chine a déjà réfléchi à tous ces problèmes de structure, d’économie et même de géopolitique. Elle n’oublie pas qu’elle s’attaque à des ressources en grande profondeur jamais canalisées. L’Homme saura-t-il assurer l’équilibre entre cette exploitation et la préservation de l’environnement ?
🔵 Et l’Homme ?
La Grande-Bretagne a lancé une start-up. Son projet déjà démarré consiste à édifier les premières habitations d’ici 2027. Des humains qui vivraient sous l’eau. Deux prototypes sont actuellement à l’étude. Tout ce qui précède ne relève pas de la science-fiction. Dans un lointain avenir, l’homme vivra sous les mers plutôt que dans l’espace. Ouf de soulagement puisque nous ne serons plus là pour expérimenter cette nouvelle manière de vivre. Il est à craindre que les grands pays qui ont déjà investi ne renonceront pas à ce deep sea mining. D’autant qu’il n’y aura pas de loi pour les encadrer ou évaluer les conséquences sur ce qui est finalement la dernière frontière inexplorée par l’homme sur notre planète.
Situons un ordre de grandeur. La fosse océanique la plus profonde est celle des Mariannes. Sa profondeur atteint les 11 000 mètres. L’océan le plus profond est le Pacifique qui recouvre un tiers de la surface du globe.
99 999 des grands fonds marins restent inexplorés.
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