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Déclin démographique : Dodo baba, dodo baba me les papa kourtiz mama

21 février 2025, 15:00

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Déclin démographique : Dodo baba, dodo baba me les papa kourtiz mama

Cette rengaine populaire nous renvoie au début des années 60. À cette époque, la surpopulation menace le pays. Comment subvenir aux besoins de tant d’habitants ? Il faut reconnaître ici le courage du Parti travailliste d’alors. Envers et contre tous, il prend la décision d’introduire la pilule et ce, gratuitement. Une décision historique. Il en ira de même pour la Chine qui adopte une mesure coercitive : personne n’aura le droit d’avoir plus d’un enfant. Zordi boul vire.

Aujourd’hui, la Chine offre même de l’argent pour encourager les gens à se marier et à faire des enfants. L’Europe affronte le même problème, tout comme le Japon : la crise démographique. En Corée du Sud, le taux de naissances ne dépasse pas 0,6 enfant malgré des subsides.

Baisse de la natalité

Notre population a diminué de 1 848 habitants en un an. La fécondité n’atteint même pas la barre de deux enfants par couple. L’espérance de vie est en nette hausse, pour atteindre 73 ans pour les hommes et presque 80 pour les femmes. Le nombre des plus de 60 ans est en hausse mais le taux de mortalité augmente. En 2024, on dénombre 11 500 naissances vivantes, mais le chiffre de la mortalité infantile s’élève à 14,2 pour 1 000 naissances. Un taux inquiétant. En 2003, la population s’élevait à 1,2 million d’habitants (presque autant de touristes en un an).

Les causes

On se marie trop tard et l’idée de faire un bébé n’est nullement une priorité. Le nombre de mariages en 2024, soit 7 880, est en baisse de 13,7 %. Les réflexes de la société ne sont plus les mêmes. Il faut régler le problème du logement – actuellement en pleine crise – et cela ne date pas d’aujourd’hui. On n’est pas pressé de faire un enfant. L’amélioration de la condition professionnelle de la femme ne fait plus d’elle qu’une gardienne de la maison. Certaines doivent accomplir trois tâches en une journée : être au service du mari et de l’enfant, assumer des responsabilités au bureau, se soucier du «ménage» et de la cuisine. Et son salaire est toujours inférieur à celui de l’homme. Si on décide de faire un enfant après 30 ans, il faut établir un budget pour le bébé, sa santé, le recours à la crèche payante, la maternelle.

Dans ces domaines, le pays a pris du retard. Pas assez proactif, sans oublier un personnel vraiment qualifié. Dans certains pays, les mères disposent d’un espace sur les lieux de travail pour allaiter, par exemple. Certaines, en liaison avec l’entreprise, travaillent sur ordinateur à la maison. Des couples préfèrent effectuer un petit voyage ou même s’acheter une voiture (elles poussent plus vite que les bébés !) avant d’être immobilisé par un bébé. Ne pensons pas seulement à la bourgeoisie.

La situation est plus grave quand il s’agit de couples démunis. Logement, crèche, soins et vous ajoutez le coût de la vie. Voilà pour un tableau prénatal. Une info : la diaspora mauricienne donne naissance à beaucoup plus d’enfants que ceux vivant au pays. Faudrait aussi évoquer notre égoïsme mais ceci est un autre problème. Face à cette dénatalité, il ne suffit pas de crier sur tous les toits qu’il faut faire plus d’enfants si on veut préserver l’État providence, même dans un proche avenir. Cette démographie en baisse entraîne automatiquement des conséquences économiques. Il faut des fonds pour maintenir la gratuité dans les hôpitaux, les écoles, les collèges, le transport. Déjà, la jeune génération devra pourvoir aux besoins des plus âgés.

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Le problème de la main-d’œuvre se pose depuis longtemps dans le bâtiment et pour les routes. Recours obligé aux travailleurs immigrés sous contrat comme avec le Bangladesh. Les jeunes lauréats ne voudront pas tous revenir au pays après de hautes études. Pour quelles raisons ? Les salaires, les «pistons», qui diminuent les chances d’embauche, get figir… bref, l’absence de méritocratie décourage les plus patriotes. En outre, les parents les poussent à s’établir ailleurs. Un brain-drain qui coûte cher au pays, d’où le manque de ressources humaines. Il n’y a pas que la maind’œuvre manuelle appâtée par le Canada, par exemple.

Maurice souffre aussi d’une pénurie de cerveaux dans les domaines scientifique, informatique, technologique… des lacunes qui ne feront pas avancer le pays. Notre fameuse autosuffisance agricole périclite faute de bras qui ne veulent plus se retrousser les manches dans des champs. Faudra-t-il là aussi recourir à la maind’œuvre étrangère car nous importons beaucoup dans ce domaine ? Voyez la balance des paiements.

Quelles solutions ?

La réponse se trouve dans l’éducation et la formation, sans oublier les parents. Au niveau secondaire, nous constatons une baisse du niveau et moins de réussites au HSC. Renversons la table. Cette éducation doit commencer à la maternelle, qui pèche par le nombre, et la qualité du personnel en général. C’est là et à l’entrée du primaire qu’un jeune cerveau doit se familiariser avec la lecture, l’écriture et le calcul et non à la sortie du primaire. C’est alors trop tard. Latizann apre lamor. Il nous faut des instituteurs bien formés pour labourer au niveau primaire.

Le tout avec un suivi constant de la part des parents. Ces derniers travaillent ou n’ont pas le niveau requis pour inculquer les fondamentaux indispensables avant d’accéder au secondaire. Commencer dès l’âgede quatre ans, mais où sont les structures ? Pourquoi, par exemple, ne pas proposer au primaire des programmes, même préenregistrés, à la télévision deux ou trois fois par semaine par des enseignants dédiés. Une expérience à tenter ?

On n’a qu’à ouvrir les yeux ou les oreilles pour constater un nivellement par le bas qui segmente notre société. Ministres, parents et instituteurs/enseignants doivent marye pike. Un front uni avec des tâches précises. Sanze, bouze ansam, sinon mêmes causes, mêmes effets. Si on ne touche pas aux structures et si on ne change pas nos sacrées habitudes, alors on fera moins d’enfants. C’est avec un ensemble de mesures coordonnées à chaque étape et par tous ceux concernés qu’on arrivera à rectifier un tant soit peu le déclin de notre démographie. Le monde ne nous attend pas et change à toute vitesse. Est-il encore temps pour prendre le train en marche au détriment du train-train ?

Bonne nuit les petits