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Yasmina Sandoz : De l’automobile à la filière bois, un engagement durable à l’international

5 mars 2025, 19:00

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Yasmina Sandoz : De l’automobile à la filière bois, un engagement durable à l’international

Yasmina Sandoz, dirigeante du groupe CBS-Lifteam

Yasmina Sandoz, originaire de Vacoas, a débuté chez Volkswagen avant de se consacrer pendant plus de quinze ans à la filière bois dans les Vosges. Aujourd’hui à la tête du groupe familial CBS-Lifteam, spécialisé dans la construction bois et biosourcée, elle pilote des projets en Suisse, en France (y compris en Guyane) et dans plus de 30 pays. L’entreprise contribue à la restauration d’édifices prestigieux comme la Cité Interdite et NotreDame de Paris.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler brièvement de votre parcours professionnel ?

Mon parcours professionnel a commencé dans le domaine de la mode, avec des expériences chez Jean Louis Scherrer et Lanvin. Par la suite, j’ai poursuivi mes études à Pforzheim, en Allemagne, où j’ai découvert ma passion pour l’automobile.

Qu’est-ce qui vous a poussée à vous tourner vers l’industrie automobile ?

C’est grâce à un professeur, directeur chez Mercedes et spécialiste en «Kommunikations politik», que j’ai développé un intérêt pour l’automobile. Son enseignement m’a donné l’envie d’en savoir plus sur ce secteur, ce qui m’a amenée à rejoindre Volkswagen en 1998, l’année où le groupe a acquis Bugatti.

Vous avez ensuite quitté l’industrie automobile pour vous installer dans les Vosges. Comment cette transition s’est-elle opérée ?

J’ai suivi mon conjoint, ingénieur motoriste expatrié à Wolfsburg, qui souhaitait revenir travailler au centre R&D de son entreprise, basé dans les Vosges. Malheureusement, il est décédé entre-temps. Après cette épreuve, j’ai choisi de rester dans la région et de me réinventer professionnellement. C’est à ce moment-là que je me suis remariée.

Vous avez participé à des projets prestigieux tels que la restauration de la Cité Interdite à Pékin et de la cathédrale Notre-Dame à Paris. Lequel de ces projets vous a particulièrement marquée ?

Tous les projets sont passionnants car ils représentent avant tout des aventures humaines et collectives. Pour moi, l’humain est au cœur de chaque projet, que ce soit au niveau des équipes, des partenaires, des clients ou même des usagers.

Vous menez des projets visant à promouvoir des solutions durables dans la filière bois. Un projet vous tient-il particulièrement à cœur ?

La caractérisation des bois est essentielle pour mieux les valoriser, selon la philosophie «plus d’ingénierie, moins de matière», portée par mon mari et que je partage pleinement. Cette approche permet de redonner au bois la place qu’il mérite, notamment dans des infrastructures comme les poteaux pour les lignes aériennes. Certains opérateurs avaient envisagé de remplacer le bois par des matériaux comme le béton ou le composite, mais ils constatent aujourd’hui que ces alternatives se dégradent rapidement et ne sont pas aussi durables que le bois. Par ailleurs, nous avons développé le label Luxpole, qui garantit la sélection des meilleurs poteaux dès l’étape de production. Notre distributeur en Afrique du Sud communique régulièrement sur ses diagnostics à travers toute la région sud-africaine.

Comment l’entreprise fait-elle face aux défis économiques actuels, tels que la hausse des coûts des matières premières et l’inflation ?

Les prix se sont stabilisés et, surtout, nous évoluons dans le secteur de la construction en bois et biosourcée, qui continue de se développer. La construction en bois offre un avantage majeur : elle permet de stocker le carbone sur le long terme, un enjeu devenu crucial dans le contexte actuel de transition écologique.

CBS-Lifteam est présente dans plus de 30 pays. Quelle place occupent les marchés internationaux dans votre stratégie de croissance et quels défis spécifiques rencontrez-vous, notamment en matière de concurrence et de réglementation ?

Pour la partie structure en bois, nous sommes présents en Suisse, en France et en Guyane. En revanche, sur le volet technologique, nous sommes effectivement très actifs à l’international, avec près de 80 % de notre activité à l’export. La majorité de nos ventes est réalisée par des partenaires locaux.

Avec la pression croissante pour adopter des pratiques plus durables, quelles opportunités à long terme peuvent se présenter pour les entreprises qui optent pour des solutions écologiques ?

Les secteurs de la rénovation, de la réparation et de la maintenance offrent de réelles perspectives, en raison de la demande croissante pour ces services. Le modèle «produire pour consommer» semble appartenir au passé.

Vous êtes impliquée dans des groupes soutenant les minorités, comme Noircir Wikipédia et Women Edit. Qu’est-ce qui rend ces initiatives importantes pour vous ?

Contribuer à Wikipédia est devenu un hobby après un accident qui m’a immobilisée pendant plusieurs mois. J’y ai pris goût et il me semble essentiel de développer une encyclopédie qui reflète la diversité du monde. Cependant, il reste encore beaucoup à accomplir.

Pouvez-vous nous donner des exemples de projets locaux que vous avez mis en place et qui ont eu un impact tangible pour les communautés ?

J’ai soutenu le développement d’une ferme urbaine, en y contribuant activement avec mes enfants. Ce projet a renforcé les liens entre les habitants et a permis de sensibiliser le public, en particulier les plus jeunes, au cycle des fruits et légumes locaux et au respect des animaux.

Quelle est l’action la plus simple que chacun peut entreprendre pour contribuer à la préservation de l’environnement ?

Chaque geste compte : acheter local, réutiliser ses sacs, faire réparer ses chaussures, économiser l’eau, éviter les produits énergivores, et bien d’autres encore.

Quel impact ont vos engagements politiques et vos valeurs sur les communautés que vous représentez ?

La passion et une attitude positive sont des forces puissantes et contagieuses. Les bénéfices sont multiples, et je suis particulièrement heureuse de voir les jeunes prendre le relais, prêts à faire une différence.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs, notamment ceux de la diaspora mauricienne, qui souhaitent développer leur entreprise à l’étranger ?

Restez fidèle à vous-même, soyez curieux et loyal. Les Mauriciens jouissent d’une excellente réputation à l’international, et il est important de la préserver.

Avec la digitalisation, quel avenir prévoyezvous pour la filière bois, et comment CBS-Lifteam s’adapte-t-elle pour rester compétitive dans un secteur en constante évolution technologique ?

Nos outils sont en constante amélioration. Les dispositifs Sylvatest et Polux, par exemple, utilisent la technologie Bluetooth et sont accompagnés d’applications dédiées sur smartphone.