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Cynthia Petit : la voix qui éclaire l’ombre, la musique comme lumière
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Cynthia Petit : la voix qui éclaire l’ombre, la musique comme lumière

Guitare en main, Cynthia Petit a su faire vibrer l’auditorium Octave Wiehe pour la Fête de la musique, vendredi dernier.
Il y a des voix qui touchent sans jamais crier. Des voix qui apaisent, qui murmurent aux blessures, qui soignent les silences. Celle de Cynthia Petit est de celles-là. Lorsqu’elle monte sur scène, guitare en main, dans une lumière tamisée, quelque chose se passe. Une vibration, une douceur, un frisson. Vendredi dernier, à l’auditorium Octave Wiehe, elle a offert bien plus qu’un moment musical : elle a offert un instant d’humanité.
Dès les premières notes, l’ambiance change. Le tumulte s’efface, les regards s’adoucissent, les cœurs s’ouvrent. Car Cynthia a ce pouvoir rare : celui de faire naître l’émotion dans la simplicité, sans esbroufe ni artifice. Une voix suave, sincère, qui semble dire à chacun : «Tu n’es pas seul». Et pendant quelques minutes suspendues, le public, uni dans une même écoute, s’est laissé porter.
Malvoyante de naissance, Cynthia aurait pu se taire, se replier. Mais elle a choisi le chemin opposé : celui de la création, de l’audace et du partage. Très tôt, elle comprend que la musique peut être une porte vers l’autre, mais aussi un miroir de soi. C’est la guitare qu’elle choisit comme compagne de route. Non pas par hasard, mais parce que ses cordes vibrent comme elle : à fleur de peau, à fleur d’âme. «Cela fait plus de vingt ans que je suis tombée amoureuse de la musique. Mais chanter, jouer, partager sur scène, c’est plus récent… Environ cinq ans», confie-t-elle. Une révélation tardive, mais essentielle.
Apprendre à jouer d’un instrument quand on ne voit pas n’est pas une mince affaire. Il faut réinventer l’apprentissage. Toucher, écouter, sentir. «J’ai eu la chance d’avoir un professeur patient, attentif. Il utilisait des repères tactiles, des polices agrandies. Il m’a appris à chercher les accords par le toucher, à écouter attentivement chaque vibration.» La voix se fait douce, mais déterminée. Car si la musique a été une thérapie, elle a surtout été une conquête. Une manière de montrer ce qu’elle a dans le cœur… et dans la tête.
«La musique est une langue qui me permet d’exister pleinement», dit-elle. Elle lui sert à exprimer la joie comme la peine, à dire ce qui ne se voit pas, ce qui ne se dit pas toujours. Une mélodie pour traduire l’indicible. «C’est aussi un moteur. Quand vous vivez avec un handicap, apprendre un instrument, c’est un acte de volonté.» Persévérance, écoute, patience : des valeurs qu’elle incarne au quotidien.
Son répertoire est fait de chansons à texte, de ces mélodies anciennes qu’on fredonne avec tendresse. «J’aime celles qui m’ont bercée. Vieilles, peut-être, mais pleines de sens. Old is gold», glisse-t-elle avec un sourire complice. L’amour est son thème de prédilection. Pas un amour idéalisé, mais un sentiment profond, universel, capable de nous ramener à une époque, à une personne, à un souvenir oublié. «Une chanson peut vous rajeunir, vous faire voyager dans le temps», souffle-t-elle.
Cynthia rend aussi hommage à Kaya, ce poète rebelle dont les chansons résonnent encore dans bien des cœurs. «Il a laissé un vrai héritage.» Elle aussi, à sa manière, bâtit le sien: humble, discret, mais essentiel.
Et aux jeunes, elle adresse un message clair, empreint de sagesse : «Handicap ou pas, n’ayez pas peur. La peur est la première barrière. Battez-vous pour apprendre, pour créer, pour vous exprimer. Prenez le temps, allez à votre rythme. Mais n’abandonnez jamais.» Son regard se fait grave quand elle évoque ces jeunes perdus en route, en quête de sens. Mais elle garde espoir : «Je salue ceux qui osent monter sur scène, qui chantent, qui dessinent, qui s’expriment. Ils montrent l’exemple.»
Son message est simple, mais puissant : dans un monde trop souvent rapide, bruyant, aveugle à la différence, il faut apprendre à écouter. À se reconnecter. Et c’est ce Cynthia Petit fait, à chaque fois qu’elle chante. Elle nous réapprend à ressentir.
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