Publicité
Travail
Boulangeries en péril : Vers une pénurie de pain à l’horizon ?
Par
Partager cet article
Travail
Boulangeries en péril : Vers une pénurie de pain à l’horizon ?

Le secteur de la boulangerie peine à trouver des travailleurs surtout que l’on ne laisse pas recruter des Bangladais. (Photo d'archives)
Et si, un matin, le pain chaud venait à manquer sur votre table ? Cette hypothèse pourrait devenir réalité si rien n’est fait pour sauver un secteur aujourd’hui en grande détresse : celui de la boulangerie. C’est le cri d’alarme que lance Nasser Moraby, président de l’Association des propriétaires de boulangeries, face à une situation qu’il juge critique.
Depuis 2012 , le prix du pain a été gelé à Rs 2,60. Treize ans plus tard, il est resté inchangé, alors même que tous les coûts de production n’ont cessé de grimper. Les factures d’électricité ont doublé, la levure coûte plus cher, les salaires sont en hausse, mais le prix du pain, lui, n’a pas bougé d’un sou. «À l’époque, pour compenser, l’ancien gouvernement nous octroyait un petit subside, environ Re 1,98 par pain, au lieu d’augmenter les prix», explique Nasser Moraby.
Mais cette compensation ne suffit plus. Lors d’une récente rencontre avec le Junior Minister au ministère des Finances, Dhaneshwar Damry, les boulangers ont voulu démontrer chiffres à l’appui que le coût réel de production d’un pain dépasse aujourd’hui Rs 6,35. «Si l’on maintient le prix de vente à Rs 2,60, l’État doit donc compenser à hauteur de Rs 3,75. Or, le ministre nous a répondu qu’il avait d’autres chiffres, que nos estimations étaient trop élevées. Mais nous n’étions pas là pour débattre du costing : nous voulions juste poser des propositions concrètes pour sauver notre métier.»
Un autre problème majeur, souligne-t-il, est le manque de main-d’œuvre. Le métier de boulanger est éprouvant, surtout en raison des horaires de nuit. Si le gouvernement autorise depuis un moment le recrutement de travailleurs étrangers, certaines nationalités ne parviennent pas à suivre le rythme imposé par ce travail. «Les Bangladais, eux, acceptent de travailler la nuit, sans rechigner. Ce n’est pas le cas des Népalais, Malgaches ou Indiens, qui nous disent qu’ils n’ont pas signé pour ce genre d’horaires.»
La restriction interdisant le recrutement de travailleurs bangladais pénalise donc lourdement le secteur. «Sans eux, c’est très compliqué. Ils sont les plus adaptés à notre réalité. Il faut absolument revoir cette politique de recrutement si l’on veut continuer à faire tourner les fournils.»
Autre source de critiques fréquentes : la qualité du pain. Le public gronde, accuse les boulangers de négligence, mais ces derniers rejettent la faute sur la qualité de la farine. «Nous utilisons toujours les mêmes recettes, les mêmes dosages. Mais la farine nous est imposée, elle vient de la STC. Ce n’est pas nous qui décidons du fournisseur.»
Dans ce contexte tendu, Nasser Moraby avait tenté d’obtenir une rencontre avec le ministre du Commerce, Michaël Sik Yuen, juste avant le lancement d’un nouvel appel d’offres pour l’achat de farine. Le rendez-vous avait été accepté, mais n’a jamais eu lieu. «Et maintenant, le tender est lancé. Je doute que ça serve encore à quelque chose de le rencontrer sur ce sujet. Le mal est fait.»
Pendant queles discussions stagnent, le secteur s’effondre peu à peu. Selon les chiffres avancés par l’Association, pas moins de 23 boulangeries ont déjà fermé leurs portes cette année. «Et d’autres s’apprêtent à suivre. C’est une réalité que l’on ne peut plus ignorer.»
Ce que demande aujourd’hui Nasser Moraby, c’est du dialogue et des décisions urgentes. Il plaide pour une révision à la hausse des subsides, et surtout, pour l’autorisation de recruter à nouveau des travailleurs bangladais. «On parle ici d’un produit de première nécessité. Il ne s’agit pas d’un luxe. Sans soutien, nous n’aurons plus de pain demain. Et cela, personne ne le souhaite.»
Publicité
Publicité
Les plus récents




