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Marche pacifique

Après la foule, l’attente… et la suite ?

23 juin 2025, 09:00

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Après la foule, l’attente… et la suite ?

Une marée humaine a déferlé dans les rues de Port-Louis samedi. Une marche pacifique, mais puissante, à l’initiative de la plateforme syndicale, pour dire non à la réforme des pensions et à une série de politiques jugées injustes. Aujourd’hui, une question brûle toutes les lèvres : «Et maintenant ?»

Pour Reeaz Chuttoo, président de la Confédération des Travailleurs du secteur privé (CTSP), cette mobilisation est une expression démocratique forte, un cri du peuple contre un gouvernement de plus en plus déconnecté. «Le peuple a exprimé un ras-le-bol. Il y a eu une cassure nette entre la population et ceux qui sont au pouvoir», affirme-t-il. La foule présente samedi réclamait déjà une nouvelle manifestation. Mais la plateforme syndicale préfère temporiser. Une réunion est prévue la semaine prochaine pour discuter de la suite. «Ce n’est pas une décision que l’on prendra à la légère. Il faut une réponse collective, construite», souligne-t-il.

Pour lui, ce qui s’est joué samedi est historique : «Tous les 20 à 25 ans, les syndicats de ce pays se retrouvent unis sur une même plateforme pour contester l’ordre établi. Ce fut le cas en 1996 avec la création de l’All Workers Conference, juste après l’émergence de l’Organisation mondiale du commerce. Ce qui est né samedi, c’est une résistance populaire.»

620 x 330 (13).png ■ Même des fonctionnaires n’ont pas hésité à brandir des banderoles, comme des membres de la Ministère of Health Employees Union.

Du côté du secteur de la santé, Amarjeet Seetohul, président de la Ministry of Health Employees Union, a tenu à rappeler pourquoi ses membres étaient dans la rue. «Nous attendons que le gouvernement retire sa décision de faire passer l’âge de la pension à 65 ans. Pour le personnel soignant, c’est injuste. Ils travaillent en shifts, dans des conditions éprouvantes physiquement. Arrivés à 55 ans, ils souffrent déjà de problèmes de santé, notamment à la colonne vertébrale. On ne peut pas les comparer à des bureaucrates qui ont un tout autre rythme.»

Il souligne aussi l’absence de perspectives de carrière pour certains professionnels, comme les aides-soignants, ainsi que lemanque criant de personnel. «Le système est dépassé. Voilà pourquoi notre présence à cette marche était essentielle.»

Ashvin Gudday, négociateur de la General Workers Federation (GWF), se dit satisfait de la mobilisation citoyenne. Il précise toutefois que, du côté de la GWF, «les anciens élus présents n’étaient pas les bienvenus». Mais le mot d’ordre reste clair : le chemin est ouvert à tous. «Cette marche n’appartenait à aucun parti. C’était un mouvement du peuple.»

Si la mobilisation a marqué les esprits, le silence du gouvernement intrigue. «Aucune réaction jusqu’ici. On attend. Va-t-il prendre en compte ce qui s’est passé samedi ?» s’interroge le syndicaliste. En attendant, la GWF prépare son débrief, et des rencontres sont prévues avec les autres membres de la plateforme. «Il ne s’agit pas d’agir en solo. Il faut réfléchir ensemble à la stratégie à adopter.»

Mais une chose est certaine : la lutte ne fait que commencer. Le mot d’ordre reste le même: pas de recul sur l’âge de la pension, non au ciblage, non à la participation dans les comités prévus, etoui à d’autres formes de mobilisationsi nécessaire ajoute-t-il.

La plateforme n’entend pas baisser les bras. La résistance s’organise, et elle pourrait bien monter en puissance.

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