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Un Mauricien à Gaza

Abdool Nasser Hosenally : «Je sens même le sol trembler sous mes pieds»

29 mars 2025, 21:00

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Abdool Nasser Hosenally : «Je sens même le sol trembler sous mes pieds»

© Photos reçues de Gaza

Cela fait plus d’un an qu’il n’a pas vu ses proches à Maurice. Pour tant, Abdool Nasser Hosenally n’envisage pas un retour au pays pour l’instant. Son engagement est ailleurs : auprès du peuple gazaoui, meurtri par des offensives incessantes.

GAZA 5.png ■ La nourriture est distribuée et chacun utilise ce qu’il peut comme récipient pour s’alimenter.

Chaque jour, il est témoin de scènes d’horreur. Des bâtiments éventrés, un paysage dévasté par les bombes. Des familles qui fuient sans destination, confrontées à l’indicible : des corps mutilés, des vies brisées. À quelques kilomètres de cette tragédie, Abdool Nasser Hosenally a trouvé un moyen d’aider. Connu pour ses actions humanitaires, notamment à Madagascar, il poursuit aujourd’hui sa mission auprès des populations en détresse. En partenariat avec la Société Pauvreté et SSP Humanitarian Services Ltd, il est actuellement basé au nord du Sinaï, à une quinzaine de minutes de la frontière de Rafah.

Les images qu’il voit sont insoutenables. «Ce sont des scènes d’une brutalité extrême. Même si je ne suis pas à Gaza, je ressens les bombardements. Le sol tremble sous mes pieds, mon corps vibre sous la violence des attaques.» Ces dernières semaines ont été particulièrement meurtrières. «En une seule journée, plus de 400 morts ont été recensés selon les autorités palestiniennes», dit-il, faisant référence au 18 mars.

GAZA 3.png ■ Cette famille tente de se nourrir avec les moyens du bord, malgré la pénurie.

Un quotidien sous tension

Interrogé sur sa sécurité, il explique que les autorités égyptiennes lui ont accordé une autorisation spéciale pour se rapprocher de Rafah. «Elles ont reconnu notre travail humanitaire et nous permettent d’aider le peuple de Gaza. Nous ne sommes que trois ou quatre à avoir obtenu cette autorisation.»

GAZA 4.png ■ En dépit de la situation, cet enfant essaie de s’occuper aux côtés de sa famille

Loin de l’image que certains pourraient avoir, l’aide qu’il apporte ne bénéficie pas uniquement aux Gazaouis. «Nous distribuons aussi des vivres à des Égyptiens en difficulté. Peu de gens savent exactement où je me trouve et je suis protégé par les soldats.» Il détaille également les mesures prises pour assurer que l’aide parvienne aux populations, sans l’intervention de l’armée israélienne. «Le groupe qui effectue la livraison de la nourriture emprunte toujours des itinéraires différents pour éviter que les convois ne soient bloqués. Ce qui compte, c’est que ces familles puissent manger.»

GAZA 2.png

Il insiste aussi sur une idée reçue à déconstruire. «Beaucoup pensent qu’à Gaza, il n’y a que des musulmans. C’est faux. Il y a aussi des chrétiens et eux aussi souffrent. Lors des distributions, nous aidons sans distinction. La religion ne devrait jamais être une barrière.»

GAZA 1.png ■ Les chrétiens de Gaza ont également subi de lourdes pertes et même leurs églises n’ont pas été épargnées par les bombardements.

L’attente d’un cessez-le-feu

Malgré la fatigue et la douleur, il reste debout. Sa famille lui manque, mais son engagement est plus fort. Pendant notre entretien, il reçoit un message : des négociations sont en cours pour un cessez-le-feu. Selon des sources palestiniennes proches du Hamas, des discussions ont été entamées avec des médiateurs égyptiens et qataris en vue d’un échange de prisonniers contre des otages.

GAZA 6.png ■ De nombreuses familles fuient les bombardements pour trouver un refuge plus sûr.

L’espoir d’une trêve renaît. Mais, en attendant, Abdool Nasser Hosenally, comme tant d’autres humanitaires, continue de faire ce qu’il peut : être là, aider, témoigner.

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