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Rentrée: les élèves enthousiastes de se retrouver en chair et en os

6 juillet 2021, 19:00

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Rentrée: les élèves enthousiastes de se retrouver en chair et en os

La rentrée, enfin ! Après avoir passé quatre mois enfermés chez eux, les élèves ont manifesté, le lundi 5 juillet, leur joie à la reprise du chemin de l’école. D’autant plus que cette rentrée marque leur réunion avec leurs camarades de classe, après une longue séparation. Cependant, les parents sont, quant à eux, quelque peu soucieux de laisser leurs enfants reprendre leurs activités, vu que le pays compte toujours un bon nombre de cas de Covid-19.

Les cours en présentiel ont repris, le lundi 5 juillet, dans les écoles pré-primaires, primaires et secondaires pour certaines classes, dont les Grades 4 à 6 au primaire, et les Grades9, 9+ Extended Programme, 11 et 13 au secondaire. Le reste, soit les Grades 1 à 3, et les Grades 7, 8,10, et 12, iront deux fois par semaine, soit le mardi et jeudi.

Ayush Rajcoomar aspire à étudier plus tard à l’université. Il pose aux côtés de son père, Rishi

À l’école primaire de Lorette de Port-Louis, Elvis Hon Fat accompagne sa fille. On peut dire que le papa est soulagé de voir son enfant retourner en classe, car ça ne lui faisait guère plaisir de laisser la petite seule à la maison pour se rendre au travail. «Elle attendait également la rentrée avec impatience car elle détestait cette monotonie. Ce qui lui manquait le plus, c’était de parler à ses amis», confie le papa.

Elle s’était, d’ailleurs, déjà préparée pour la reprise depuis mi-juin. «Elle avait déjà nettoyé son sac et accroché son uniforme sur un cintre.» Une autre élève, Melissa, attendait également ce jour avec impatience. «Je suis trop contente de revoir mes camarades !» confie-t-elle.

À l’école Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle R.C.A, toujours à Port-Louis, Cindy, une habitante de Tranquebar, est venue déposer sa fille Shania. «Elle avait hâte de retourner à l’école, après avoir passé plusieurs mois à la maison», s’exprime la maman. Tout comme Melissa, l’écolière a hâte de retrouver ses amis. «Je m’ennuyais à la maison. Ce sera également plus simple pour moi d’étudier en classe.»

Un membre du personnel est à la porte de l'école pour prendre la température des élèves.

«Nos amis nous ont manqué»

Plus loin, on rencontre Rishi Rajcoomar qui accompagne son fils, Ayush, à l’école du gouvernement de Beau-Séjour, à Belle-Rose. Arrivés devant l’école, père et fils apprendront qu’ils se sont trompés de jour car les enfants des Grades 1 à 3 (Ayush est en Grade 3) viennent à l’école les mardis et les jeudis. Tant pis, ils rebroussent chemin.

Si le père préfère l’enseignement à distance pour mieux protéger son fils des risques du Covd-19, ce dernier nous confie que, lui, cela lui plaît davantage de venir à l’école pour retrouver ses amis mais aussi pour apprendre. «Bizin aprann pou al liniversité», nous dit Ayush. Si c’est encore trop tôt pour parler des études supérieures du petit, son père nous confiera qu’Ayush souhaite décrocher une place au collège Royal car son frère aîné s’est frayé un chemin jusqu’au collège du St.-Esprit...

Parents inquiets

Cela dit, tous les parents ne préfèrent pas les cours en présentiel aux cours en ligne. S’ils en avaient le choix, nous ont confié certains d’entre eux, ils n’auraient pas envoyé leurs enfants à l’école. «Il est tout à fait normal qu’on ait des craintes. Zanfan sa. Pa koné kouma zot pou été dan lékol. Est-ce que les professeurs vont surveiller chacun d’entre eux à l’heure de la récréation ? Quand ils sont à la maison, on a un meilleur contrôle sur eux. Mais ce n’est pas le cas à l’école. Zot pou trouv kamarad, zot pou rod maye. Si j’avais le choix, j’aurais préféré que ma fille étudie de la maison», laisse entendre Jean Alain Oraganon, dont l’enfant fréquente également l’école Beau-Séjour.

Il ajoute que c’est, d’ailleurs, le premier jour de sa fille Alaincia dans cet établissement. Auparavant, la fillette, qui a entamé le Grade 4, a fait ses trois premières années d’études à l’école primaire St.- Esprit R.C.A, car la famille habitait alors à Curepipe. La petite ne nous le cachera pas, ses anciennes amies lui manquent.

Toutefois, sa mère, Christiane André, ne partage pas l’avis de son conjoint. «On ne dispose pas des outils informatiques. Du coup, à la maison, on ne dépend que des programmes à la télévision nationale. Mais ce n’est pas suffisant. Je préfère qu’elle apprenne en classe, avec toutes les précautions sanitaires voulues», dit-elle.

Secondaire : la reprise était attendue

Non, on n’a pas vu de garçons dans leur nouvel uniforme au Queen Elizabeth College (QEC) pour la reprise des classes, hier. Eux viendront au collège les mardis et  jeudis. De ce fait, comme à l’accoutumée, il n’y avait que des filles, en l’occurrence celles des Grades 11 et 13, dans l'établissement secondaire de Rose-Hill.

(De g. à dr.) Steffi Tin, «vice-head girl», Laeticia Hau, vice-présidente du Student Council, et Ishita Ramsurrun, «head girl», sont positives sur cette reprise scolaire.

«L’atmosphère est un peu étrange. On a perdu l’habitude des lieux», nous relate Lakshmi, une collégienne en Grade 13. En toute franchise, la jeune fille nous confiera qu’elle préfère l’enseignement en ligne qui est, selon elle, «productif». «Le QEC a abattu un bon travail par rapport à la tenue des classes en ligne. Personnellement, j’ai eu quelques problèmes techniques mais j’ai pu me rattraper. Si je voulais revenir au collège, c’est surtout pour compléter le cursus en vue des examens du Higher School Certificate. L’ambiance scolaire nous aide en ce sens. Cela dit, que ce soit à la maison ou au collège, il faut s’appliquer», dit-elle.

Quelques minutes plus tard, on voit passer, semble-t-il, un enseignant. Ç’en est bien un. «C’est mon premier jour au collège. Je dois me présenter à la rectrice dans deux minutes», dit-il en faisant des pas rapides dans l’enceinte du collège.

On aborde une autre collégienne. Il s’agit de la vice-présidente du Student Council, Laeticia Hau. Elle nous dira qu’après avoir passé trois mois à la maison, elle voulait reprendre le chemin du collège. «En dépit de la situation du Covid-19, je pense qu’on parviendra à passer une bonne rentrée si on observe les gestes barrières, et qu’on pourra reprendre une vie normale le plus tôt possible», déclare-t-elle.

Co-éducation effective

La vice-head girl du collège, Steffi Tin, abonde dans le même sens. Pour sa part, la head girl, Ishita Ramsurrun, estime que «tout le monde doit être heureux de revenir au collège car cela fait très longtemps. Je suis très contente de revoir mes amies et mes enseignants», affirme-t-elle. Quid du changement avec l’arrivée des garçons maintenant que le QEC est une académie ? «On est très positifs à ce sujet. La co-éducation s'est prouvée très effective à Maurice et ailleurs», dit-elle.

Plus loin, on rencontre Leysha Gopaul, en Grade 11. Sans concession, elle nous dit préférer les classes en présentiel à l’enseignement en ligne. Raison : la touche et l’attention personnelles dont les élèves bénéficient. «En ligne, la communication n’est pas la même entre élèves et enseignants», fait-elle valoir.

«L’ambiance scolaire nous aide»

Shelley Assonne et Alexandre Lam Yee Man, élèves en Grade 13, ont aussi repris la route, après quatre mois, pour le collège de La Confiance, Beau-Bassin, hier. Les deux collégiens se disent heureux de revoir leurs amis. «Ce n’est pas très nouveau comme situation, on a fait ça l’année dernière», confie Shelley Assonne, qui est à la fin du cycle secondaire. Comme tous les élèves âgés de 18 ans ou plus, il a dû se faire administrer le vaccin. «Je ne voulais pas faire de vaccin. C’est obligatoire. Je n’ai vraiment pas eu le choix.»

Shelley Assonne et Alexandra Lam Yee Man, tous deux en Grade 13, au collège de La Confiance

De son côté, Alexandre Lam Yee Man fait ressortir que la rentrée est une bouffée d’air frais pour ses amis et lui. Selon lui, tout un aménagement a été fait dans les salles de classe. «Il y a une distance entre chaque table et l’élève.»

 Arnaud Marius, recteur par intérim, explique qu’avant d’accéder à l’enceinte du collège, le personnel prend la température et vérifie le port du masque de chaque élève. «Le personnel est dispersé à gauche et à droite dans la cour pour s’assurer que les élèves ne s’attroupent pas. C’est assez difficile. Ce sont des jeunes qui sont heureux de se retrouver .»

Quid de la carte vaccinale ? Notre interlocuteur explique qu’à ce jour, 70 % des élèves âgés de 18 ans ou plus sont vaccinés. «Nous encourageons les élèves à se faire vacciner.» Pour Patrick Freyneau, président du Secondary and Preparatory School Teachers and Other Staff Union (SPSTU), également enseignant d’art et de design, le contexte actuel est un peu difficile.

S’il note quelques couacs, il confie ne pas savoir combien de temps cette situation va durer. Quant aux cours, l’enseignant explique que les classes sont divisées avec une quinzaine d’élèves. «Cela fonctionne mais on ne sait pas pour combien de temps. Arrivé à un moment, les élèves sont fatigués», soutient-il.

Selon le ministère et les syndicats certains soucis rencontrés

Les syndicats du primaire et du secondaire relatent que la reprise, dans sa globalité, s’est bien passée. Annand Seewoosangkur, président de la Mauritius Head Teachers Association, rapporte cependant que certains parents ont essayé d’avoir accès à la cour de l’école de leur enfant alors qu’ils n’avaient ni fait de vaccin, ni n’étaient en possession des résultats d’un test PCR négatif datant de sept jours maximum. «Lorsque nous leur avons expliqué que cette mesure a été établie pour le bien des enfants, ils ont compris», confie notre interlocuteur.

Au niveau des collèges qui ont accueilli les élèves de Grades 9, 9 EP + (Extended Pro- gramme), 11 et 13, Harrish Reedoy, président de l’United Deputy Rectors and Rectors Union, relate que le déroulement de la reprise a été satisfaisant. «Nous nous y sommes préparés lors des deux dernières semaines. Les élèves qui ont repris aujourd’hui connaissent déjà l’établissement. Certains qui y seront demain, dont les Grades 7 et 8, sont moins habitués.» Le président se dit, d’ailleurs, surpris, car beaucoup d’élèves ayant 18 ans ou plus ont déjà fait leur vaccin. «C’est bon signe.»

Preetam Mohitram, président de l’Association des recteurs et assistants-recteurs des collèges d’État, souligne, quant à lui, qu’un élève a été renvoyé chez lui car il ne s’est pas encore fait vacciner. Au niveau du personnel, 96 % des enseignants se sont déjà fait administrer la première ou la seconde dose de vaccin, précise-t-il. «La première journée a été une journée de défi, où nous avons dû être en communication constante.». Les chefs d’établissement ont dû prendre en compte la situation des élèves qui résident en zone rouge.«Nous avons, donc, demandé aux élèves d’envoyer des notes à ceux qui ne peuvent pas suivre pour le moment les cours en présentiel.».

Le ministère de l’Éducation a pris connaissance de certains soucis lors de la première journée. Des élèves qui n’étaient pas concernés par la rentrée d’hier, par exemple, se sont rendus à l’école. «Toutes nouvelles mesures demandent une adaptation. Nous nous attendions à ce qu’il y ait quelques soucis et nous sommes sûrs que dans quelques jours les parents et élèves se seront adaptés à cette nouvelle situation», nous explique-t-on au niveau du ministère.