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Plus d?une corde à sa guitare

30 juin 2004, 00:00

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? Si dan Maurice, zot ti ena zot Kaya, nou ici dans Rodrigues, nou ena nou Dorelio?, lance Eric, après une brève interruption de Woh Madelon, un morceau qu?il fredonne au volant de sa fourgonnette. Ce Dorelio, il fallait donc aller à sa rencontre.

Né en mai 1976, Joseph Dorelio Bernard est un chanteur qui a passé son enfance à Petit-Gabriel avec ses trois s?urs et ses trois frères, dans des conditions extrêmement difficiles.

Une situation qui l?a poussé à gagner sa vie comme gardien zamino. ?Li ti pe joue la guitare avec enn gallon?. C?était dans ses moments libres et pendant le week-end.

Malgré cette contrainte, Dorelio ne reculait devant rien pour compléter ses études primaires à l?école Don Bosco RCA et au collège Maréchal pour ses études secondaires.

Les études terminées, cette fois, c?est un autre combat qui commence pour le chanteur. Trouver au plus vite un emploi pour aider les parents à porter le fardeau familial.

En attendant, Dorelio met à profit ses connaissances acquises durant sa vie scolaire. Il écoute de la musique, couche sur papier des morceaux qui lui viennent à l?esprit en puisant son inspiration dans les forêts, écrit des poèmes, pendant que les moutons, les cabris et les chèvres qu?il surveille, broutent l?herbe.

Curieux de nature, Dorelio ne se contente pas seulement de quelques réalisations. Il prend, cette fois, son pinceau et sculpte aussi le bois pour laisser son empreinte. Un art qui lui permet aujourd?hui de gagner sa vie comme graphiste et en dessinant des portraits.

Très apprécié pour son talent de peintre, Dorelio se rappelle encore les fresques murales qu?il a réalisées à Sainte-Croix, à Petite-Rivière et à Triolet.

Le tournant

En 1996, la vie du chanteur prend une tout autre tournure lorsqu?il rencontre Leong Tim, animateur au Youth Service Centre de Malabar. Il apprend à jouer de la guitare de manière professionnelle. En imitant le plus souvent ses deux idoles : Bob Marley et Kaya et en laissant pousser les dreadlocks sur sa tête.

?En pratiquant les accords, j?associe des fois les notes de mes poèmes et les mélodies de mes idoles, pour enrichir le texte?, dit-il avant de régler sa guitare pour fredonner : ?No woman non cry , Stir it up de Bob Marley et Fam dan zil?, de Kaya.

Fidèle à son habitude et constant dans sa décision, Dorelio ne laisse pas filer entrer ses doigts l?occasion que lui offre le ministère des Arts et de la Culture pour se perfectionner. En 1998, il intègre l?Organisation des Artistes Peintres de Rodrigues (OAR) et participe dans la même année et pour la première fois à un atelier de peinture avec Daizy Zauze, à l?île de la Réunion, et un an plus tard, à une session de formation pour une durée de dix jours, au Mahatma Ghandi Institue (MGI) à Moka, sur la pyrogravure, la sculpture et les arts plastiques.

De retour à Rodrigues, Dorelio réunit un groupe de jeunes et de moins jeunes de son village à Petit-Gabriel et fonde le groupe Black Rebels .L?objectif : faire découvrir à Rodrigues le roots reggae, appelé seggae .

En septembre 2002, se sentant prêt à évoluer dans la cour des grands, notre interlocuteur fait le déplacement vers Maurice et profite de l?expérience du groupe Zotsa et enregistre le CD Woh Madelon et Mo larmé Djeuner dans lequel il inclut d?autres morceaux tels Zom to Devwar , Lévé Do Fight, Fami Rodrogine, entre autres.

Pour couronner le tout, Dorelio s?inscrit, en février dernier, à un concours pour commémorer la lutte contre l?esclavage ayant pour thème : ?Tableau noir?, une participation qui lui permet d?être classé second.