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Drogue: six personnes dont des Mauriciens devant le parquet de Saint-Denis

14 novembre 2016, 22:26

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Drogue: six personnes dont des Mauriciens devant le parquet de Saint-Denis

Développement dans l’affaire de saisie «exceptionnelle» de 42,6 kilos d’héroïne à bord du bateau mauricien Sweet Love Mama, dans le port de Ste-Rose dans la nuit de jeudi à vendredi 11 novembre. Six suspects dont des Mauriciens ont comparu devant le parquet du tribunal correctionnel de Saint-Denis, lundi 14 novembre. Une adolescente de 16 ans, qui avait été inquiétée dans cette affaire dans un premier temps a été mise hors de cause.

Dans son édition en ligne ce lundi, le journal linfo.re, indique que les enquêteurs veulent savoir si l’échange d’héroïne s’est produite qu’une seule fois où s’il s’agit d’un réseau de drogue à La Réunion. Déjà, les enquêteurs ont pris connaissance du fait qu’il existe bel et bien un réseau car certains suspects ont avoué un précédent convoyage d’héroïne en début d’année.

Le Journal de l’île de La Réunion (JIR), pour sa part, rapporte qu’un deuxième bateau a également été intercepté au port ouest de l’île sœur. Selon le journal, le yacht Ilôt Gabriel, capable d’effectuer le trajet entre Madagascar et Maurice, en passant par La Réunion, aurait pu servir à stocker la drogue.

Toujours selon la presse réunionnaise, le juge d’instruction devra sans doute solliciter la coopération des autorités mauriciennes et malgaches dans cette affaire. D’une part pour approfondir l’enquête, à la recherche d’éventuels commanditaires, et d’autre part pour remonter jusqu’à la source de cet éventuel trafic d’héroïne.

Linfo.re indique, dans la foulée, que le propriétaire du bateau Sweet Love Mama n’était pas au courant de la transaction qui allait se produire, tout comme l’un de ses passagers. C’est un troisième homme qui aurait, dans un premier temps, proposé une partie de pêche avant de demander aux autres de se rendre à Sainte-Rose pour des raisons personnelles. La valeur marchande de cette drogue est estimée à Rs 639 millions.

Saisie record pour l’océan Indien

Les 43 kg d’héroïne de plus de Rs 600 millions saisis sur le hors-bord Sweet Love Mama à La Réunion constituent un record pour l’océan Indien, indique la presse de l’île sœur. La plus grosse saisie à Maurice a été réalisée en novembre 2001 chez un dénommé Yousouf Elias Hajee Sheriff, alias Isoop Tole, où environ 15 kg d’héroïne, estimés à Rs 150 millions, avaient été découverts dans sa maison.

L’Ouest véritable passoire pour les trafiquants

Les trafiquants de drogue ont trouvé la faille au niveau du système de surveillance du pays. Ce, alors que la Mauritius Revenue Authority (MRA) et les Casernes centrales mettent l’accent sur la sécurité à l’aéroport et au port pour lutter contre l’entrée de drogue. La côte ouest est devenue leur point de départ et d’arrivée pour mener à bien leurs activités illicites.

Un personnel limité de la National Coast Guard (NCG), le manque d’équipements appropriés ou encore une zone qui s’étend sur plusieurs kilomètres à surveiller. Ce sont là autant de faiblesses notées qui font que l’acheminement de drogue par voie maritime dans l’Ouest est devenu la nouvelle route des trafiquants.

Ces failles avaient, du reste, été relevées par le directeur des douanes, Vivek Ramburrun, lors de son audition devant la commission d’enquête sur la drogue  le 3 novembre. «Les bateaux qui veulent partir pour Madagascar ou La Réunion doivent absolument passer par l’ouest de l’île. C’est le chemin direct où la mer est normalement calme pour une bonne navigation», indique un haut gradé de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU). Mais la NCG ne dispose que d’un local à Rivière-Noire avec une dizaine d’hommes et deux (trois en quelques occasions) Fast Interceptor Boats pour surveiller toute cette partie de l’île. «C’est presque mission impossible de contrôler tous les bateaux dans l’Ouest. Il y en a une cinquantaine qui prend quotidiennement la mer», explique notre interlocuteur.

Raison pour laquelle la MRA compte mettre plus d’accent sur les embarcations qui sillonnent nos côtes, surtout dans les régions de Grand-Baie, Tamarin, Albion, ou encore Le Morne. Ce sont les endroits préférés où les speedboats et plaisanciers peuvent mettre le cap directement sur Madagascar ou sur La Réunion en quelques heures seulement, sans être contrôlés par les autorités. Alors que si une embarcation quitte le nord du pays pour faire le même trajet, elle sera vite détectée par le radar de la NCG aux Salines une fois arrivée au large de Port-Louis car la zone est hautement sécurisée.

En outre, pour échapper aux contrôles, les bateaux partis récupérer de la drogue mettent le cap sur leur destination dans la soirée. «Avec un moteur puissant, le speedboat peut gagner la Grande île en quatre heures et c’est encore plus rapide pour l’île sœur», dit notre source à l’ADSU.

Les Casernes centrales évoquent trois moyens par lesquels la drogue est acheminée sur notre territoire par voie maritime. La première : la marchandise est jetée au large de Maurice et le skipper n’a qu’à naviguer pour le récupérer en se servant de son GPS. C’est ce mode opératoire qui a été utilisé, selon la police, par le réseau dit «Gro Derek» où il suffisait à une embarcation rapide de prendre livraison du colis au large d’Albion.

Deuxième option : la drogue est récupérée directement à Madagascar. «L’aller-retour prend normalement un week-end car le trajet est effectué durant la nuit. Le chemin le plus court demeure le départ de Tamarin», explique-t-on à l’ADSU. Le troisième scénario est que la drogue fait la liaison Madagascar-Réunion-Maurice. Dans ce cas, une complicité réunionnaise devient essentielle pour cacher la marchandise en attendant que le contact mauricien se pointe.

Généralement, l’embarcation passe par Le Morne pour se diriger vers l’île sœur. Les Casernes centrales estiment que c’est ce qui se serait déroulé pour le Sweet Love Mama et son skipper Armonzo Capdor qui a été épinglé dans le port de Ste-Rose. Ce dernier devait regagner Tamarin tôt vendredi matin. Reste à savoir qui devait prendre possession du colis.