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Portrait
Une trajectoire entre engagement, stratégie économique… et soupçons
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Portrait
Une trajectoire entre engagement, stratégie économique… et soupçons

■ Rajiv Servansingh en 2006, alors directeur du Board of Investment en Inde.
Ancien directeur général de la State Trading Corporation (STC), Rajiv Servansingh a été arrêté par la Financial Crimes Commission (FCC), hier, dans le cadre d’une enquête sur l’attribution du contrat de fourniture de carburants, dits white oil, pour la période allant d’août 2023 à juillet 2024. Il est poursuivi sous la Prevention of Corruption Act pour «public official using his office for gratification for another person». Le marché public, estimé à quelque Rs 30 milliards, aurait été attribué à la société Mercantile & Maritime Group (MMG), avec l’intervention présumée de Rajiv Servansingh.
Mais qui est cet homme au parcours aussi dense que contrasté ? Né en 1953, Rajiv Servansingh est le troisième d’une fratrie de sept enfants. Dès l’enfance, il est en contact avec la politique. Il écoute avec fascination les discours de Sookdeo Bissoondoyal, de la famille de son père. Adolescent, il se fait remarquer pour sa forte personnalité au collège John Kennedy, à une époque marquée par l’état d’urgence. À seulement 15 ans, il est déjà surveillé par la police. Étudiant à l’université de Maurice en administration publique, il s’engage activement dans les luttes estudiantines et devient une figure de proue de l’Union des étudiants mauriciens.
En 1976, à seulement 23 ans, il est élu député sous la bannière du Mouvement militant mauricien (MMM) dans la circonscription Port-Louis-Sud– Port-Louis-Centre. Il est alors le plus jeune parlementaire du pays. Très vite, il devient l’un des cerveaux d’un courant contestataire au sein du MMM, aux côtés de Jack Bizlall et Madan Dulloo. En 1978, il est emprisonné pour avoir participé à une manifestation contre l’augmentation du prix du ticket d’autobus. Condamné à trois mois de prison, il purge finalement 15 jours après une grève de la faim. Deux ans plus tard, en 1982, alors que le MMM se dirige vers une victoire écrasante, Rajiv Servansingh choisit de se retirer de la vie politique. Il veut se consacrer à sa famille et à une nouvelle carrière.
Il rejoint alors Sérix, l’une des premières usines de sérigraphie à Maurice, dirigée par Alain Espitalier-Noël. L’entreprise, qui lance la marque Jean Doris, connaît un succès rapide et remporte plusieurs distinctions, dont celle du plus grand exportateur décernée par la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI). Mais en 1987, Sérix fait faillite. Servansingh, qui y a investi ses économies, perd tout. Il rebondit grâce à Tim Taylor de Rogers qui lui confie des missions de consultant en finances et investissements. En 1991, sur recommandation de Rama Sithanen, alors ministre des Finances, il prend la direction des Casinos de Maurice.
En 1995, après l’arrivée au pouvoir du Parti travailliste (PTr), il quitte les Casinos. S’ensuit une période difficile, qu’il traverse en exerçant comme consultant. En 2001, il intègre la MCCI comme secrétaire général adjoint, aux côtés de feu Mahmood Cheeroo. Il y traite notamment de coopération régionale et de développement des petites et moyennes entreprises. C’est en 2006 qu’il part à Mumbai pour représenter le Board of Investment (BOI). Il assure la promotion de Maurice auprès des investisseurs indiens. Après la fermeture du bureau du BOI en Inde, il rentre au pays et fonde, en 2009, MindAfrica Projects Ltd, cabinet de conseil spécialisé dans les investissements entre l’Afrique, l’Inde et Maurice.
Depuis 2009, il affirme ne plus vouloir accepter de poste permanent sous aucun gouvernement. Il continue cepen- dant d’occuper des fonctions d’influence. Il est tour à tour président du conseil d’administration d’ATOL, vice-président – puis président par intérim – de la Competition Commission. Il se rapproche à nouveau du PTr en rejoignant un groupe de réflexion économique autour de Rama Sithanen et de Cader Sayed-Hossen. Malgré tout, il reste officiellement en retrait de la politique active.
En 2021, Rajiv Servansingh est nommé directeur général de la STC. En novembre 2024, il soumet sa démission, officiellement prévue pour décembre, dans un contexte d’alternance politique. En avril 2025, la FCC ouvre une enquête sur le contrat de Rs 30 milliards attribué à MMG pour l’approvisionnement en carburants.
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