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Alors que Ramdenee et Syvokon sont en détention
Une plainte au civil sera déposée par l’avoué et l’avocat de la victime française
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Alors que Ramdenee et Syvokon sont en détention
Une plainte au civil sera déposée par l’avoué et l’avocat de la victime française

Le 9 juillet 2024, Luvy Neervissingh Ramdenee, directeur de Strike Online Ltd, et la compagnie ont officiellement été mis en demeure concernant la victime française, O. K. B. Cependant, cette procédure avait longtemps été retardée par des tentatives répétées d’esquive de Neervissingh Ramdenee.
Une deuxième mise en demeure a été servie à Sarah-Jane Manoovaloo, la Call Center Agent qui travaillait pour Strike Online Ltd et habitante d’Albion, le 15 juillet 2024. Elle avait la tâche d’escroquer O. K. B. à travers des échanges téléphoniques afin que la Française récupère son argent sur leur soi-disant plateforme. Toutefois l’avocat de la victime, Me Jean Claude Bibi, portera plainte au civil contre Luvy Neervissingh Ramdenee et l’Ukrainien Yevhen Syvokon, bien qu’ils soient en détention policière.
L’affaire remonte à 2022, lorsque O. K. B., résidant au Luxembourg, a déposé une plainte auprès du commissariat de Merl-Belair, dénonçant une escroquerie en ligne ayant entraîné la perte de plus de Rs 7 500 000 (soit environ 150 000 euros). Le stratagème aurait été orchestré par une entité opérant sous le nom de Strike Online Ltd, immatriculée à Maurice en novembre 2022, avec pour directeur et actionnaire Neervissingh Ramdenee.
Selon l’enquête, Strike Online Ltd se présentait comme une société spécialisée dans le marketing numérique et la récupération de fonds en ligne. Elle était assistée dans ses opérations par un complice d’origine ukrainienne, Zeyha, le pseudonyme de Yevhen Syvokon, et Samedeen, qui résidait dans le nord de l’île Maurice. Leurs activités, menées par une dizaine d’agents, visaient principalement des citoyens européens – notamment de France, de Belgique et du Canada – victimes de fraudes financières.
En janvier 2023, O. K. B. a été contactée par une employée de Strike Online Ltd, Sarah-Jane Manoovaloo, se présentant sous le nom fictif de Jessica Manon, la prétendue agente d’une société londonienne fictive nommée Empire Crypto, active via le site web lempirecrypto.com. Elle a été amenée à croire que les fonds qu’elle avait précédemment perdus étaient récupérables par l’intermédiaire de cette plateforme.
Suivant les directives de cette employée, O. K. B. a créé un compte sur le site et s’est vu attribuer des identifiants par Strike Online Ltd. Elle a ensuite été instruite d’effectuer plusieurs paiements censés couvrir des frais divers : frais de conversion, d’assurance, de déblocage et de municipalité, entre autres. Tous ces transferts financiers – qui se sont élevés à un total de Rs 12 544 000 (soit 250 880 euros) – ont été dirigés vers des comptes bancaires affiliés à Clear Junction Bank, au Royaume-Uni, au nom d’Ukrainiens.
Le dernier rebondissement est survenu en octobre 2023, lorsque O. K. B. a été informée qu’un montant de Rs 51 631 000 (soit 1 032 620,95 euros) était soi-disant disponible sur son compte, à condition qu’elle effectue un ultime virement de Rs 525 000 (10 500 euros). Cette exigence a fait naître des soupçons et elle a alors refusé de procéder au paiement, déposant une seconde plainte, le 26 mars 2024, dans son pays.
Selon les termes de la mise en demeure, les mis en cause – M. Ramdenee, M. Syvokon et l’employée au pseudonyme SJM – sont tenus solidairement et conjointement de rembourser les sommes indûment perçues, soit un montant principal de Rs 12 790 000 (255 800 euros), assorties d’intérêts légaux, ainsi que Rs 51 631 000 à titre de compensation pour les pertes subies et les préjudices moraux. Une indemnité supplémentaire de Rs 5 000 000 (100 000 euros) est également réclamée, en sus des frais juridiques s’élevant à Rs 25 000, plus la TVA.
Mode opératoire bien rodé d’un réseau d’escroquerie ukrainien
Un lanceur d’alerte a récemment révélé les rouages d’un réseau d’escroquerie international opérant depuis l’île Maurice, mais dirigé en coulisses par des individus de nationalité ukrainienne. Selon ses déclarations, cette organisation reposait sur une structure sophistiquée, destinée à soutirer des sommes importantes à des victimes à travers le monde.
Des transferts financiers hautement organisés
Chaque paiement effectué par un client était systématiquement acheminé vers l’étranger. Les fonds transitaient principalement via des numéros de comptes bancaires internationaux (IBAN), souvent domiciliés au Royaume-Uni, fournis directement par le dirigeant ukrainien ainsi que des plateformes de cryptomonnaies telles que Binance, Coinbase ou MoonPay, permettant aux paiements en bitcoin d’être directement versés sur le portefeuille numérique du chef du réseau, installé dans le nord du pays, et des services de transfert d’argent comme Ria, MoneyGram ou Western Union, toujours à destination de l’Ukraine.
Les IBAN utilisés étaient pour la plupart enregistrés sous des noms ukrainiens. Ce sont également des collaborateurs ukrainiens qui réceptionnaient les fonds sur place, les convertissaient en bitcoins, déduisaient leur commission, puis transféraient le solde à Maurice, également en cryptomonnaie. À aucun moment, les fonds ne transitaient entre les mains des agents du centre d’appels basés à Maurice. Ces derniers n’étaient que des exécutants, totalement exclus du circuit financier.
Le rôle de la «Retention Team»: manipuler, jamais rembourser
Une équipe spécialisée dans la rétention des clients intervenait dès qu’une victime commençait à émettre des doutes ou à demander un remboursement. Leur stratégie consistait à convaincre le client d’effectuer de nouveaux versements sous prétexte de finaliser un retrait ou de débloquer un gain fictif et à maintenir un climat de fausse confiance jusqu’à ce que le client comprenne qu’il ne sera jamais remboursé. À ce stade, les agents fournissaient un document à signer, stipulant que les fonds visibles sur le compte d’investissement fictif ne lui appartenaient pas et que le client renonçait à toute poursuite contre l’entreprise.
Le système fonctionnait comme une machine bien huilée, où chaque paiement enclenchait un nouveau cycle de promesses fallacieuses et de demandes de versements supplémentaires.
Une victime poussée à bout
Parmi les nombreux témoignages recueillis, le lanceur d’alerte évoque un cas tragique survenu en 2023 : une cliente, après avoir été escroquée, s’est donné la mort, anéantie par la perte de ses économies.
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