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Logements sociaux
Résidence Richelieu : cité-témoin des principes de l’auto-construction
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Logements sociaux
Résidence Richelieu : cité-témoin des principes de l’auto-construction

■ Entre urbanisme forcené et quelques scènes de ruralité, Résidence Richelieu est le reflet des problématiques d’autres logements sociaux, entre problèmes de surchauffe et d’inondations.
Aller là où les services de l’architecte ne sont pas retenus. Pour plusieurs raisons, surtout financières. Et se faire accepter au cœur de Résidence Richelieu, à Beau-Bassin. Parce qu’il n’y a pas de «bonne ou de mauvaise façon de construire. Il y a ce qui est adapté et ce qui ne l’est pas».
Avec force conviction, Adrien Mallac-Sim, du collectif Nou, explique le projet de recherche mené depuis septembre 2024, qui a abouti à l’exposition qui s’ouvre aujourd’hui à l’Institut Français de Maurice (IFM). Résidence à Richelieu, est une exposition soutenue par l’ambassade de France et le Centre d’Étude du Développement Territorial Indo-Océanique (CEDTI). Projet de recherche mais aussi expérience d’immersion pour les diplômés en architecture qui se sont penchés sur les «enjeux modernes concernant l’habitat, le climat et les dynamiques sociales à Maurice».
Dans le concret, cela signifie arriver à Résidence Richelieu, à une période correspondant à la dissolution du Parlement, l’an dernier. Comprendre, explique Adrien Mallac-Sim, que ces habitants sont depuis longtemps habitués à voir des appareils photos et des caméras, «quand quelque chose ne va pas, des inondations par exemple». Le collectif Nou a alors assimilé que pour se faire ac- cepter, il fallait ranger les appareils et prendre le temps de sortir les sourires et les mots bienveillants.
Pour pouvoir aborder des sujets sensibles, comme le coût humain qu’entrainent par exemple des drains qui débordent. Le tout dans un contexte «d’accélération des événements climatiques, avec l’urbanisation extrêmement rapide de l’île. On se retrouve dans des situations très tendues, avec des problèmes de surchauffe dans les villes, d’inondations».
Au détour de photos de maisons mais aussi d’habitants de Résidence Richelieu, l’exposition montre «une richesse, sans doute d’une manière qu’on n’a pas l’habitude de la voir ». L’image libérant la parole, la discussion est alors initiée sur la «culture de l’autoconstruction, où les différentes parties du logement sont arrivées petit à petit. On nous a raconté comment au moment où la belle-mère est arrivée pour habiter à l’étage, on a enlevé la taule et on a mis une dalle. Cela traduit bien le vécu».
En tant que diplômé d’architecture, Adrien Mallac-Sim estime que, «nous avons beau avoir plein de grands principes, mais cela ne sert à rien d’aller à l’encontre de la culture locale. S’il n’y a pas un soutien populaire, s’il n’y a pas une adhérence aux manières de faire, ce sera un discours dans le vide». D’autant plus que l’expérience a démontré, souligne-t-il que, la culture de l’auto-construction est «extrêmement efficace, parce qu’on construit quand il y a le besoin».
Ce projet de recherche sert aussi à dépasser les idées reçues sur le travail classique de l’architecte, «c’est-à-dire dessiner des plans, concevoir des projets, demander les autorisations et potentiellement suivre le chantier». Le collectif Nou a voulu démontrer que la discipline architecturale, a le mérite d’être généraliste, de faire appel à énormément de domaines, dont le sociologique et le géographique. Pour réfléchir avec les premiers concernés sur l’aménagement du territoire. En gardant en mémoire que Résidence Richelieu, comme de nombreuses autres résidences à travers l’île, voit le jour au lendemain des ravages des deux cyclones de 1960, Alix et Carol. «Si on voit autant de béton aujourd’hui, cela s’explique aussi par le traumatisme vécu par la population, à l’époque», estime Adrien Mallac-Sim. Des habitants ont confié qu’au début, toutes les maisons n’étaient pas occupées et que certaines familles en changeaient. Avant une nouvelle vague d’installation après les bagarres raciales de 1968, quand des habitants de Port-Louis sont évacués vers Richelieu. Depuis, avec les changements climatiques, les problématiques de l’ile tropicale se sont accentuées.
L’exposition – qui dure deux semaines - sert aussi à recueillir les commentaires et suggestions du public, car le travail de recherche continue. Une publication est prévue par la suite. Tout comme l’organisation de la présente exposition de photos à Richelieu.
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