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On a senti passer le vent…

6 juin 2025, 09:50

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…Mais pas pour tous!

Le ministre des Finances a réussi, hier, à préserver un maximum de prestations sociales et de transferts sociaux, même à financer quelques nouvelles mesures qui seront populaires, tout en affirmant qu’environ 80 % de ceux qui travaillent ne paieront pas de taxes !

Comment a-t-il fait ?

Essentiellement, le ministre Ramgoolam, au lieu de financer le budget du gouvernement par du déficit et de la dette ou, alternativement, par la planche à billets de la Banque centrale, suivis de transferts massifs vers le Consolidated Fund ou les Special Funds (aujourd’hui à sec), a été directement là ou l’argent se trouvait, ramassant au passage des revenus sur des habitudes de consommation jugées, correctement d’ailleurs, non prioritaires dans la situation financière difficile du pays (alcool, cigarettes, gambling, produits sucrés, voitures…) Les singes exportés paieront chacun une taxe de 400 $. Les employés de maison ne seront plus déductibles de la taxe…

C’est ainsi que les droits d’accise sur les véhicules électriques et les voitures hybrides de plus en plus populaires, ont été enlevés dans l’espoir de réduire la note d’importation de Rs 20 milliards de véhicules et de freiner les embouteillages grandissants sur nos routes. Dans une pirouette habile, dès juillet, les droits d’enregistrement de véhicules neufs augmentent de 30 %, mais le droit d’enregistrement pour les ventes domestiques de voitures seconde main est enlevé, alors que les licences de véhicules augmenteront d’entre Rs 200 et Rs 4 000. Toute activité économique de plus de Rs 3 millions annuellement (Rs 6 millions précédemment) devra s’enregistrer pour la TVA.

L’Income Tax n’aura plus que trois bandes : 0 % jusqu’à Rs 0,5 million par an, 10 % jusqu’à Rs 1,0 million et 20 % au-dessus, auquel s’ajoutera une Fair Share Contribution d’encore 15 % pour ceux générant des revenus supérieurs à Rs 12 millions par an, après avoir comptabilisé les dividendes, cette mesure étant discontinuée au bout de trois ans. Les paragraphes 275 et 276 paraissent contradictoires à première vue ? Sans doute inspiré par Mme Yellen, une Alternative Minimum Tax assurerait plus d’équité quand la taxe normale est trop faible, et une minimum top up tax porterait à 15 % la charge fiscale de grosses multinationales. Une contribution nouvelle de 5 % du chargeable income au-delà de Rs 24 millions, s’appliquera aux entreprises locales. Les banques devront régler une contribution additionnelle de 2,5 % du chargeable income et la concrétisation de projets IRS coûtera plus cher puisque les avantages fiscaux disparaîtront graduellement. Le touriste est sollicité lui aussi.

On peut s’inquiéter du fait que de nombreuses questions douloureuses seront soumises à des comités d’expert (CSG), des études de fiabilité (Agaléga, circuit de rallye), à des master plans qui restent à définir (ex un réexamen et une refonte des corps paraétatiques), à des blueprints divers (ICT/digitalisation, diaspora, tourisme, banques en faillite, prix des médicaments etc.) ou à des R&D and Innovation plans qui restent à définir pour TOUS les ministères et les corps paraétatiques). On aurait intérêt à faire vite...

Pour le grand public, les meubles sont sauvés pour l’essentiel. La TVA n’augmente pas et baisse même pour trois produits, 81 % des employés de ce pays (est-ce bien raisonnable ?) ne paieront pas l’Income Tax, les petits planteurs de canne auront un revenu garanti de Rs 35 000 par tonne, bagasse et mélasse compris, le fonds de stabilisation de prix de Rs 10 milliards est activé pour Rs 2 milliards cette année, l’Internet sera gratuit pour ceux du Social Registry et le revenu minimum est garanti à Rs 20 000. Il y a Rs 3,1 Mds pour l’eau, Rs 2,4 Mds pour les drains, Rs 800 millions pour les fermiers/éleveurs, Rs 5,4 Mds pour la Ports Authority et Rs 30 Mds, sur trois ans, pour l’énergie renouvelable. Un Waste to wealth scheme pour soulager Mare-Chicose sera encouragé, l’économie bleue cherchera des partenaires…

On aurait aimé entendre dans ce discours quelques-unes des projections financières espérées en conséquence! L’annexe au discours comprend quelques surprises qui ne feront pas jubiler dans les boardrooms et même quelques-uns des bénéficiaires de subventions qui seront réduits dans le temps. Il faut espérer que ceux qui seront plus taxés joueront le jeu et que l’investissement suivra le sérieux de la démarche du gouvernement. Ce n’est pas joué d’avance ! Mais il y avait l’urgence Moody’s et comme à la phrase appropriée de Hammarskjöld, citée par le PM ; l’on ne nous promet pas de nous emmener au paradis, mais l’on nous évitera, ainsi, certainement… l’enfer !

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