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Le trésor de la buse à Albion

Mythe ou réalité ?

11 avril 2024, 14:00

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Mythe ou réalité ?

Le site est sous surveillance 24/7 par les policiers de la Special Mobile Force.

Sur la côte ouest, plus précisément à Albion, sept randonneurs sont convaincus d’avoir découvert le site où le trésor du légendaire pirate La Buse pourrait être caché. Ils ont suivi plusieurs indices et fait des découvertes importantes avant d’alerter les autorités. Mardi, nous avons été sur le site sous surveillance policière depuis près d’un an, après le reportage d’Abdoollah Earally sur Réunion La 1ère, dimanche. Ces sept adultes randonneurs, amis depuis qu’ils ont 14 ans, sont déterminés à aller au bout de ce mystère. Ils se nomment Rajeev Alhodur, Vicky Ramadith, Amir Issur, Sanil Sookram, Sharvan Beeharry, Vickram Goorahoo et Christopher Assirvaden.

«Oublions le trésor pour un moment. Ce site à Albion est historique. Il a de la valeur car il a été confirmé par des archéologues que ces signes gravés dans la pierre ne sont pas naturels. Nous voulons que les Mauriciens soient au courant de cette découverte», explique Rajeev Alhodur, celui qui a fait la découverte du lieu et des indices. Cet habitant de Bambous, âgé de 40 ans, et amateur de randonnées, explique que l’année dernière, le 1er mai, lors d’une randonnée entre amis, il a remarqué des signes sur une roche. «J’ai noté des signes inscrits sur un rocher», raconte Rajeev Alhodur. «Ce jour-là, quand je l’ai découvert, j’ai dit à mes amis que ce n’était pas normal et qu’il fallait faire des recherches. Ces indices ne me semblaient pas naturels. J’avais l’impression qu’ils étaient man-made.»

1.jpg Trois des sept randonneurs, qui ont fait cette découverte, sont (de g. à dr.) Rajeev Alhodur, Amir Issur et Vicky Ramadith.

«En 2019, quand des personnes ont fait la découverte d’indices liés au trésor de La Buse à Rodrigues, je n’avais jamais entendu parler de ce trésor. Curieux, j’ai commencé à faire des recherches et à lire sur ce fameux trésor pour enrichir mes connaissances. Grâce à ces connaissances, en mai dernier, j’ai remarqué que ces signes sur les rochers n’étaient pas naturels. Ce jour-là, j’ai dit à mes amis que ces signes pouvaient être liés à un trésor et qu’un jour nous pourrions en découvrir un ici. Mais à ce moment-là, personne ne me croyait. On pensait que je plaisantais», poursuit Rajeev Alhodur.

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«Pourtant, il y avait un grand rocher avec des signes dessus et ce n’était pas normal que ce rocher soit là car il n’y a pas de falaise à ce niveau-là. J’ai dit à mes amis qu’il fallait qu’on revienne un autre jour et qu’on cherche d’autres indices. Effectivement, le lendemain, nous avons fait la découverte d’un deuxième rocher avec d’autres signes gravés dessus.» Pour ces randonneurs, il n’y avait alors plus aucun doute que ces signes correspondaient à ceux laissés par des pirates. C’est ainsi que leur enquête les a menés sur la piste du trésor de La Buse.

2.jpg Des signes gravés sur un rocher ont été confirmés comme «man-made» par des archéologues.

Après plusieurs recherches, ils se sont lancés. «Nous avons travaillé jour et nuit pour recueillir des preuves et des indices afin de pouvoir montrer notre découverte aux autorités. Nous avons commencé à travailler sur le cryptogramme. Il y a plein de signes : un pigeon, une tête de chien. Pour confirmer notre idée, j’ai fait importer un détecteur d’or de Dubaï et je remercie d’ailleurs mon beau-frère, qui m’a aidé. Grâce à ce détecteur d’or, nous avons pu confirmer la présence d’or et de diamants sur le lieu. C’est à ce moment-là que tout le monde a commencé à me prendre au sérieux et à me croire à 100 %», explique Rajeev Alhodur.

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Les sept randonneurs ont alors alerté les autorités concernées et ont montré les indices qu’ils ont découverts et les preuves. «Je tiens à remercier le ministre Alan Ganoo, qui nous a crus et a organisé une rencontre avec le Premier ministre Pravind Jugnauth. Comme nous avions préparé notre dossier, nous sommes venus avec des faits et des éléments scientifiques, qui prouvent qu’il y a vraiment quelque chose là-bas. Le Premier ministre nous a soutenus et nous a aidés à contacter plusieurs institutions par rapport à cette découverte. Des archéologues mauriciens sont venus sur place et ont commencé leur travail également. De notre côté, nous avons contacté des archéologues étrangers et ces derniers ont confirmé que nous avions fait une grande découverte», souligne Rajeev Alhodur.

Site sous surveillance

«Les autorités mauriciennes prennent les choses très au sérieux puisque le site est surveillé nuit et jour par les policiers de la Special Mobile Force depuis près d’un an. Le dossier est même traité avec attention par le bureau du Premier ministre et le National Heritage Fund», confirme Rajeev Alhodur.

«Nous sommes en attente pour le moment car le National Heritage Fund nous a confirmé qu’il y a des procédures à suivre et qu’un budget n’a pas encore été approuvé pour d’autres recherches. L’archéologue mauricien a effectué trois à quatre visites et a confirmé qu’il y avait des indices et des signes sur des rochers faits par l’homme. Il a aussi décrit le lieu comme le most important pirate track in the Indian Ocean. Alors pourquoi attendre avant de démarrer les recherches ?», se demande Rajeev Alhodur.

Les évaluations archéologiques préliminaires ont démarré et des recherches approfondies sont effectivement prévues. Pour ces sept camarades, l’enjeu est de taille. Ils ont déjà puisé Rs 100 000 de leur poche pour mener à bien ces recherches. La loi mauricienne stipule que tout trésor découvert doit être partagé, soit 50 % pour l’État et 50 % pour le découvreur. Le trésor de La Buse, convoité depuis trois siècles, pourrait valoir des milliards d’euros.


La Buse: «Mon trésor à qui saura le prendre»

Près de trois siècles se sont écoulés depuis la mort d’Olivier Levasseur, dit La Buse, un pirate du XVIIIe siècle. L’île de La Réunion porte les stigmates de La Buse et de son pseudo-trésor, inscrits dans les méandres de son patrimoine culturel. La légende raconte que lorsque le pirate était sur l’échafaud, la corde au cou, il aurait lancé un cryptogramme à la foule en criant : «Mon trésor à qui saura le prendre.» Au tournant du XXe siècle, Charles de La Roncière, gardien des trésors littéraires à la Bibliothèque nationale, s’est penché sur ce mystérieux cryptogramme. Il appartenait à une jeune femme, originaire des Seychelles : Madame Savy. Son décryptage ne donne rien mais lance ainsi une quête qui dure encore aujourd’hui. Plusieurs hypothèses sont émises pour trouver la cachette du trésor de La Buse à Maurice, à La Réunion, aux Seychelles, à Rodrigues, à Madagascar et à Mayotte, entre autres. Malgré des décennies d’efforts, le secret demeure mais l’esprit des chasseurs de trésors passionnés s’enflamme toujours.