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Maurice face à un phénomène inquiétant : Des raies échouées sur les côtes
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Maurice face à un phénomène inquiétant : Des raies échouées sur les côtes

Un phénomène alarmant secoue actuellement les côtes mauriciennes : des raies pastenagues (stingrays) sont retrouvées échouées sur les plages, sans explication claire. L’association #Savetheblu a tiré la sonnette d’alarme en appelant à une mobilisation scientifique et citoyenne d’urgence. Dans une lettre adressée à l’Observatoire des Élasmobranches de l’Archipel des Mascareignes (MAEO), présidé par la scientifique Estelle Crochelet, Murali Krishna Appandi, président de #Savetheblu, exprime son inquiétude : «Ces échouages récurrents soulèvent de graves inquiétudes écologiques, potentiellement liées à la perturbation des habitats, aux activités touristiques non réglementées, à la pollution ou à des changements océanographiques.»
À Maurice, plusieurs espèces de raies vivent dans les lagons. Parmi elles, les raies aigles, facilement reconnaissables à leur «bec» distinctif et à leur dos tacheté de blanc. Cependant, ces nageuses élégantes restent majoritairement dans les eaux profondes et près des récifs, ce qui les rend difficiles à observer. Les plongeurs et adeptes de snorkeling croisent plus fréquemment des raies pastenagues, plus petites, de couleur brunâtre. Contrairement aux raies manta, qui préfèrent le large, les raies aigles et pastenagues fréquentent les zones récifales où elles se nourrissent de crustacés et de petits poissons. Leur présence régulière dans les zones côtières souligne leur rôle clé dans l’équilibre écologique des récifs mauriciens.
Vers une réponse scientifique et régionale
En réponse à cette situation préoccupante, Estelle Crochelet a confirmé l’absence d’événements similaires à La Réunion ou à Rodrigues, mais s’est dite prête à fournir un soutien scientifique immédiat, notamment par l’analyse d’ADN environnemental (eDNA), des nécropsies et des cartographies par drone. Les deux entités envisagent une collaboration ambitieuse incluant la création d’une taskforce mobile pour intervenir rapidement lors d’échouages ; l’ouverture d’une cellule MAEO à Maurice, en lien avec l’Université de Maurice et les ONG locales ; le développement d’un programme éducatif et citoyen pour les écoles côtières (kits de science participative, applications de signalement) ; une campagne régionale de sensibilisation à l’écologie des raies et aux pressions exercées par le tourisme côtier.
Murali Krishna Appandi souligne aussi que le soutien du MAEO sera bénéfique pour l’industrie touristique. À l’échelle mondiale, l’augmentation de la présence de raies dans les zones côtières est souvent liée à la diminution des prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, notamment les requins côtiers, qui jouent un rôle clé dans la régulation naturelle des populations de raies.
L’absence actuelle de protocole coordonné de suivi ou de réaction rapide face à ces échouages fragilise à la fois la biodiversité marine et la confiance des citoyens. Mais pour #Savetheblu et MAEO, cette crise peut être transformée en levier de coopération régionale, de recherche et d’éducation environnementale. «Nous croyons que cette crise représente une opportunité unique de bâtir une réponse inédite pour les mers des Mascareignes», conclut Murali Krishna Appandi.
Une réunion virtuelle est prévue fin mai afin de jeter les bases de cette alliance inédite, entre science, société civile et institutions, pour la protection des élasmobranches dans l’océan Indien.
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