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Vincent Oxenham

«L’important pour moi c’est de maintenir des normes de classe mondiale en matière de soins»

20 janvier 2024, 20:00

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«L’important pour moi c’est de maintenir des  normes de classe mondiale en matière de soins»

Vincent Oxenham, consultant en neuropsychologie clinique à Sydney, Australie.

Notre compatriote, le neuropsychologue clinicien Vincent Oxenham, qui est consultant en neuropsychologie à Sydney en Australie, a été à l’honneur l’an dernier car il a reçu quatre prix. Il nous en parle.

Il y a dix ans, lorsque l’express vous a interviewé, vous exerciez comme consultant en neuropsychologie clinique à l’hôpital universitaire de Macquarie, au Prince of Wales Hospital et au Royal Rehabilitation Private Hospital et en parallèle, vous faisiez de la recherche pour la Parkinson Programme Marker Initiative. Qu’avez-vous fait depuis ?

Déjà dix années d’écoulées ! C’est fou comme le temps file. À l’époque, je démarrais ma carrière et en repensant à cette décennie de travail, je suis reconnaissant pour les opportunités qui se sont présentées à moi. En 2016, j’ai effectivement commencé à enseigner à l’université Macquarie en tant que membre du personnel du programme de formation postuniversitaire en neuropsychologie clinique et en tant que responsable de l’enseignement des stagiaires. C’était une expérience fantastique que de renouer avec le monde universitaire et de façonner l’expérience de formation pratique chez les stagiaires. J’enseigne toujours là, ainsi qu’à l’hôpital universitaire, où j’ai gravi les échelons jusqu’à devenir chef de la neuropsychologie clinique. J’ai également conservé un rôle important dans le domaine de la santé publique et je travaille en tant que Senior clinical neuropsychologist à l’hôpital Royal North Shore (RNSH) depuis 2019. C’est une opportunité de toute une vie et à un aussi jeune âge car notre tâche consistait à revamper le service de neuropsychologie de A à Z. Ce qui m’a permis de faire bien plus que du travail clinique et d’avoir également une expérience dans le développement de modèles de soins, d’innover dans le type de prestations de services, d’élaborer des politiques et des procédures et de gérer un service. Cela fait cinq ans, cette année, que je suis au RNSH et le service s’y est considérablement développé, avec une multiplication par trois du nombre de patients référés à notre service, qui comprend plus de 20 disciplines médicales, un programme d’enregistrement (le premier créé dans le domaine de la santé à New South Wales et le deuxième dans le domaine de la santé publique en Australie) pour les stagiaires qui ont obtenu leur diplôme et qui s’efforcent d’obtenir leur certification en neuropsychologie clinique, conformément aux exigences du Psychology Board of Australia (similaire à une résidence clinique ou à un programme de bourse de perfectionnement), des stages pratiques pour environ 12 stagiaires universitaires par an et divers programmes de recherche pour les étudiants en master et en doctorat.

En 2022, nous avons reçu un financement pour développer la première clinique multidisciplinaire de commotions cérébrales en santé publique pour les patients pédiatriques et adultes. Les commotions cérébrales (concussions) et leur impact sur la santé cérébrale à long terme font l’objet d’une attention croissante dans le monde entier et je me sens extrêmement privilégié d’avoir travaillé à l’élaboration de ce nouveau modèle de soins et d’être en mesure d’offrir une clinique dotée d’experts en commotions cérébrales afin d’en atténuer l’impact, d’éduquer les patients et par conséquent, de contribuer à rendre le sport plus sûr.

J’ai également eu la chance d’être invité par Football Australia à faire partie de leur groupe d’experts pour évaluer l’impact des coups de tête dans le ballon et les commotions cérébrales dans le football. Comment pourrais-je refuser de combiner deux de mes passions : la santé du cerveau et le football ? Avec ce groupe, nous avons eu l’occasion de collaborer avec la FIFA et l’UEFA pour examiner les politiques actuelles et mener des recherches afin de conseiller Football Australia sur les meilleures pratiques en matière de gestion des commotions cérébrales et sur les directives politiques concernant l’impact des coups de tête sur le ballon.

Une bonne partie de ma recherche est traductionnelle par nature plutôt que théorique et a tendance à se faire à travers la supervision de doctorats ou de master des étudiants. Bien que j’ai toujours un intérêt pour les maladies neurodégénératives et que j’ai récemment contribué à un essai clinique destiné à évaluer l’impact d’une formule chinoise à base de plantes connue comme SaiLuoTong (SLT) sur les troubles cognitifs légers (voir le document de recherche 10.1002/trc2.12420), je me suis davantage tourné vers la recherche sur les lésions cérébrales acquises, plus particulièrement les accidents vasculaires cérébraux (AVC), la sclérose en plaques et les commotions cérébrales, ainsi que la recherche sur les compétences en matière de formation en neuropsychologie. Nous avons, par exemple, cherché à valider des outils de dépistage cognitif pour détecter plus tôt des changements dans les capacités de réflexion dans les phases aiguës suivant des lésions cérébrales acquises, à comprendre quels sont les prédicteurs de résultats fonctionnels meilleurs ou pires après ces lésions, à développer des outils de dépistage pour les détecter dans des cas de violence familiale et domestique, à comprendre les variables qui contribuent à une symptomatologie post-commotionnelle plus longue et comment mieux la traiter et la gérer ou même à développer des déclarations de consensus sur les compétences standardisées, qui devraient être enseignées dans les cours de neuropsychologie de troisième cycle en Australie et dans le monde entier.

Finalement, j’ai continué à m’impliquer à Maurice par l’intermédiaire de la Global Foundation for Community Health, qui cherche à relever les défis des maladies chroniques non transmissibles, en particulier l’épidémie de diabète ! J’ai eu le plaisir de superviser la thèse d’une étudiante mauricienne dans le cadre de la licence de psychologie qu’elle préparait à l’université de Derby (Royaume-Uni). Il était fascinant de mener des recherches à Maurice sur l’impact du Covid-19 sur les personnes et les familles de personnes souffrant de maladies neurologiques.

Vous avez reçu quatre Awards en 2023. Que récompensent-ils ?

2023 a été la culmination de plusieurs projets menés sur le long terme et je suis heureux que certaines de mes réalisations aient été reconnues. Je travaille aux côtés de collègues qui m’inspirent, me motivent chaque jour et je suis très chanceux d’avoir une épouse et une famille qui me soutiennent. En février 2023, j’ai obtenu le Clinical Supervisor of the Year award de la faculté de médecine, de santé et de sciences humaines de l’université de Macquarie. Il s’agit d’un prix décerné par les étudiants pour récompenser le meilleur superviseur clinique de la faculté. Puis, en mars 2023, j’ai reçu le Northern Sydney Local Health District’s Exceptional People Award dans la catégorie soins sûrs et connectés (safe and connected care) à la suite de la rééducation d’une patiente victime d’un AVC. Le commentaire sur le site web indique que «le Dr Vincent a été nommé par l’une de ses patientes, qui est extrêmement reconnaissante pour le traitement de haute qualité et le soutien qu’elle a reçus.» Plus tard en juin, je me suis vu attribuer le Northern Sydney’s Local Health District Quality and Improvement Award dans la catégorie «Garantir la sécurité des patients» dans le cadre de la clinique des commotions cérébrales. Ce prix vise à reconnaître les projets qui soutiennent les individus, leurs familles et les communautés afin qu’elles choisissent un style de vie plus sain pour prévenir les maladies et traiter les inégalités de santé au sein de nos communautés. Enfin, en octobre 2023, l’obtention du prix «La sécurité des patients en premier» de NSW Health, toujours dans le cadre de la clinique des commotions cérébrales, a été une incroyable reconnaissance. Ce prix récompense l’engagement à faire passer la sécurité des patients en premier, chaque jour, et à fournir des soins cliniques de classe mondiale, où la sécurité des patients passe en premier, ce qui est une priorité essentielle pour NSW Health. Les projets dans cette catégorie doivent mettre en évidence la sécurité des patients en menant des actions d’amélioration de la qualité pour garantir des soins plus sûrs, en proposant des approches innovantes pour améliorer leur sécurité, en les impliquant dans ces approches, en faisant preuve de leadership ou en donnant l’exemple d’un comportement qui place la sécurité des patients au premier plan et en fournissant des soins fiables, sûrs et de haute qualité aux patients à l’hôpital et dans d’autres contextes. Le centre de traitement des commotions cérébrales et son modèle de soins innovants ont également été retenus comme finalistes du Premier’s Award à New South Wales.

Ces Awards sont-ils un plus sur votre CV et que représentent-ils pour vous ?

Je suis chanceux d’avoir reçu ces nominations et d’en être le lauréat. Les autres projets étaient également fantastiques et les personnes nommées n’ont pas démérité. On se sent toujours un peu mal à l’aise d’être lauréat quand on sait combien d’efforts et de dévouement tout le monde met en œuvre pour améliorer les soins aux patients. Néanmoins, j’ai ressenti un grand sentiment d’accomplissement et de gratitude en voyant mon travail et ma contribution officiellement reconnus, ainsi qu’une grande fierté pour ma femme, mes proches, mes différents mentors et mes collègues qui m’ont accompagné tout au long de ce parcours, en me soutenant et en supportant ma volonté insatiable d’améliorer les résultats pour les patients, mon flux constant d’idées, ma détermination à sans cesse repousser les limites et qui m’ont permis de ‘grandir’ en me mettant au défi et en me gardant sur le qui-vive. Ces prix sont un véritable témoignage pour les nombreuses personnes brillantes avec lesquelles j’ai la chance d’interagir au quotidien. Enfin, je n’ai pu m’empêcher de réfléchir à mon parcours depuis la petite île de Maurice, en passant par la Grande-Bretagne et maintenant l’Australie, et tout cela me paraît un peu surréaliste. Je ne pense pas l’avoir encore pleinement réalisé, même si je n’ai pas tendance à trop m’attarder sur ces moments car ce qui est important pour moi c’est de maintenir des normes de classe mondiale en matière de soins aux patients et de partager ces connaissances avec les stagiaires avec lesquels j’ai la chance de travailler.

Quels sont vos futurs projets ?

J’essaie d’élargir la clinique des commotions cérébrales pour développer un service spécialisé avec les victimes de violence domestique et familiale. Je continuerai également à travailler sur l’amélioration de la gestion des commotions liées au sport, en particulier pour les athlètes qui ne disposent pas du même cadre que les équipes professionnelles. Par rapport aux AVC, les tumeurs cérébrales et la sclérose en plaques, nous nous efforçons de valider les programmes de réhabilitation/réadaptation. J’ai également toujours voulu revenir à Maurice et contribuer au paysage de la santé et de l’enseignement supérieur. Si l’occasion se présentait, je devrais y réfléchir sérieusement, même si j’ai trouvé un peu troublant et déstabilisant de lire des exemples de tentatives d’affaiblissement du processus démocratique, de limitation de la liberté d’expression et de manque de considération pour la méritocratie à Maurice. Je ne suis pas certain que cela encourage le retour en masse de la diaspora avec des carrières bien établies à l’étranger.

Les liens vers les prix:

• Exceptional People Award: https:// www.nslhd.health.nsw.gov. au/Careers/awards/Pages/ EPA2022.aspx

• Quality Improvement Award: https://www.nslhd.health.nsw. gov.au/QIA/Pages/NSLHD-QIA-2023.aspx#winners

• NSW Health Award: https:// www.health.nsw.gov.au/ awards/2023awards/Pages/ patient-safety.aspx