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Ségrégation des déchets
Le projet de tri à la source à Gros-Cailloux pourra être reproduit ailleurs
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Ségrégation des déchets
Le projet de tri à la source à Gros-Cailloux pourra être reproduit ailleurs

Le conseil de district de Rivière-Noire, en collaboration avec la Compagnie de Gros Cailloux et WeRecycle, a présenté son projet de tri des déchets à la source pour Gros-Cailloux au siège du conseil à Bambous le 9 mai.
Le conseil de district de Rivière-Noire, en collaboration avec La Compagnie de Gros-Cailloux et WeRecycle, veut mettre en place un projet de tri des déchets à la source dans le village de Gros-Cailloux. Dans ce contexte, un atelier d’une demi-journée a été organisé au siège du conseil à Bambous, le 9 mai, réunissant des parties prenantes des secteurs public et privé, des organisations non gouvernementales (ONG) et des membres de la société civile. Lors de cet atelier, le projet a été présenté et des observations recueillies.
Kemraz Ortoo, président du conseil de Rivière-Noire, souligne que si plusieurs personnes ont déjà eu l’ambition de mettre en place un tel projet, c’est dans ce district que l’on tente aujourd’hui de le concrétiser. «Le conseil de district est un pilier du développement. Je dis toujours qu’il faut diversifier nos actions : ne pas se limiter à l’éclairage, aux drains ou à l’asphaltage, mais aussi s’engager dans l’économie et le social. Si nous parvenons à réussir ce projet, ce sera grâce à la collaboration entre le secteur privé, les ONG et les autorités locales. C’est ensemble que nous obtiendrons les résultats escomptés.»
Cependant, ces ambitions se heurtent à des défis majeurs, comme le souligne Ananda Rajoo, Senior Advisor au ministère de l’Environnement. «La gestion des déchets constitue probablement le plus grand défi auquel nous faisons face actuellement.» Il évoque les problèmes de santé publique tels que la dengue, le chikungunya, ainsi que la prolifération des rats et des cafards. «Maurice reste encore très sale, alors même que c’est l’un des pays qui dépense le plus pour la collecte des déchets, compte tenu du nombre d’organisations impliquées.»
En tant qu’ancien maire de Curepipe, Ananda Rajoo déplore qu’en 50 ans, les méthodes de travail des éboueurs n’aient pas changé. «Malgré les progrès comme ceux observés à Ébène, les pratiques et la nature du travail de collecte des déchets sont restées les mêmes. Nous investissons énormément dans la fumigation, mais cela engendre un coût écologique important, en détruisant notamment les abeilles, les papillons et d’autres insectes essentiels. Au lieu d’intervenir en aval, pourquoi ne pas adopter une approche différente dès le départ ?»
Pour Ananda Rajoo, les déchets à Mare-Chicose représentent une véritable bombe à retardement. Il cite les incendies récents affectant la santé des habitants sur plusieurs kilomètres. «Le problème est lié à la connexion, au transport et au stockage des déchets. Il n’y a qu’un seul site d’enfouissement et il est saturé. Il est donc nécessaire d’envisager une extension verticale, mais cette situation ne peut plus durer.» Il ajoute qu’il est crucial de changer les habitudes des consommateurs.* «Il faut déconstruire les anciennes pratiques et reconstruire une nouvelle approche. C’est un travail de longue haleine.»*
Par ailleurs, *«les gens continuent de faire des dépôts illégaux, même s’ils sont sanctionnés par des amendes. Un projet comme celui-ci nécessite une planification rigoureuse, car il rencontrera des difficultés, surtout dans la phase de tri, où des erreurs comme l’ajout de bouteilles peuvent être décourageantes. Il faut anticiper les problèmes à chaque étape. L’éducation joue un rôle essentiel dans ce projet, mais elle n’est pas suffisante. Tout le monde sait qu’il faut protéger l’environnement, mais les mauvaises attitudes persistent, car les gens ne trouvent pas de véritable raison de changer.» *Ainsi, cet atelier avait pour objectif de trouver des solutions pour introduire un système à Gros-Cailloux, qui pourra ensuite être reproduit ailleurs. Il faut prendre le temps nécessaire pour bien faire les choses.
Pour comprendre l’ampleur du défi, Indradev Kanaram, inspecteur sanitaire au département de la santé publique du conseil de district, explique que chaque année, environ 550 000 tonnes de déchets sont jetées dans le site d’enfouissement : les camions transportent les déchets vers la station de transfert de Mare-Chicose, sans différenciation entre les plastiques, les matières organiques et autres types de déchets. Tout est envoyé au même endroit, ce qui constitue une approche linéaire. Le projet vise à passer à une approche circulaire.
Bacs de tri à trois compartiments
Indradev Kanaram explique que le projet vise à faire de Gros-Cailloux un village éco-responsable. L’idée est de transformer la gestion des déchets en intégrant la ségrégation des déchets dès la source. Le projet prévoit la distribution de bacs de tri à trois compartiments à tous les foyers et opérateurs : un bac vert pour les déchets organiques, un bac bleu pour les recyclables et un bac marron pour les déchets résiduels. Des bacs métalliques et des éco-bacs seront également placés dans des endroits stratégiques des espaces publics. En termes de collecte, les déchets organiques seront ramassés chaque semaine, les recyclables et les déchets toutes les deux semaines.
Les déchets organiques seront compostés localement, tandis que les recyclables seront envoyés vers des installations de recyclage. Les déchets résiduels seront transportés à la station de transfert de La Chaumière. Pour encourager la participation et adopter des pratiques durables, des formations régulières seront proposées, comme des ateliers bimensuels sur le compostage et le jardinage organisés par Compagnie de Gros Cailloux Ltee. La sensibilisation sera également effectuée porte-àporte par le conseil de district, Gros-Cailloux, We Recycle et les conseillers du village. Des programmes éducatifs seront mis en place dans les écoles primaires, les centres communautaires et via les réseaux sociaux, en sus de brochures et de campagnes sur des plateformes comme Facebook et WhatsApp.
Le projet a pour objectif de devenir un modèle de gestion des déchets intégré à l’échelle régionale, avec l’extension des services de compostage aux villes voisines et aux autorités locales. Une collaboration sera établie avec les conseils, les entreprises privées et d’autres parties prenantes pour maximiser les bénéfices environnementaux et réduire la dépendance aux décharges. Cette initiative est en ligne avec les objectifs du gouvernement de promouvoir une économie circulaire et une gestion durable des déchets solides à l’échelle nationale. Le projet représente un pas important vers la création d’un modèle reproductible d’habitat éco-responsable. Ainsi, ce projet vise à faire de Gros-Cailloux un village modèle, en maximisant le recouvrement des ressources et en réduisant l’impact environnemental.
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